Le collectif, Sövkipeu, donne rendez-vous pour un pique-nique et un concert de soutien aux exilés ce samedi 4 juillet, Allée César Franck à Reims. Ces familles sont, à nouveau, sous le coup d’un arrêté d’expulsion.
Le 30 juin dernier l’arrêté d’expulsion tombait… une nouvelle fois. Par acte d’huissier, le Foyer Rémois propriétaire des barres d’immeubles désaffectées Allée César Franck à Reims, faisait part aux familles : "Je vous fais commandement de quitter et libérer de toutes personnes et de tous biens les lieux que vous occuper indument (…) et ce au plus tard le 2 juillet". Un acte qui permet également aux propriétaires de faire intervenir les forces de l’ordre si l’occupation reste effective.
Une expulsion et sans doute aucun relogement, "les personnes sur place ne relèvent pas d’une prise en charge aux yeux de l’Etat", expliquent les membres du collectif. C’est un sempiternel recommencement pour les bénévoles du collectif Sövkipeu et les familles de réfugiés qu’elles accompagnent.
Une cinquantaine de personnes sans hébergement durant le confinement
"C’est un immense immeuble dans lequel s’est retrouvé pendant le confinement toutes les personnes délaissées par les institutions, explique Géraldine, bénévole. Des demandeurs d’asile, mais aussi des sans domicile fixe de droit commun".De nombreux réfugiés ont été mis à l’abri au moment du confinement, dans des hôtels. Les conditions étaient difficiles, mais au moins elles avaient un toit "légal" sur la tête. Certains n’ont pas eu cette chance. "Le collectif continue à soutenir les réfugiés, mais évidemment, la nourriture notamment est distribuée à tout le monde sans exception. On ne peut pas faire de différence". Entre 40 et 50 personnes vivent dans des conditions extrêmes d’insalubrité, dont 25 réfugiés.
Il y a l’électricité, mais ce sont des fils tirés et c’est hyper dangereux. Il y a de l’eau mais sous forme d’un point par immeuble.
Ces familles avec des bébés et des enfants en bas âges ont commencé leur demande d’asile, il y a moins d’un an. "Remettre les gens dehors : une honte dans le contexte sanitaire actuel qui est encore précaire, précisent les bénévoles du collectif. L’angoisse de certains, c’est de retourner sous tente…"
Les Vagabonds en concert solidaire
Samedi 4 juillet dès 12h30, toutes les personnes ayant envie d’apporter leurs soutiens aux réfugiés sont invitées à pique-niquer Allée César Franck à Reims. Une sorte de repas participatif ou tout le monde apporte et partage. En tout début d’après-midi, à 14h, le groupe Les Vagabonds, constitué de bénévoles du collectif et de réfugiés, proposera un concert de musique du monde. La jolie voie de Léa accompagnée de Philippe à la guitare, Agim à l’accordéon et Fatjon aux percussions embarquera le public du côté de la mer Adriatique sur des mélodies albanaises notamment. Une musique en hommage à toutes ces personnes devant quitter leur pays. Les Vagabonds leur apportent une existence et un moment de répit et de fête. Des ateliers cirque auront également lieu sur le site.
Revendications et dons
L’important pour le collectif Sövkipeu est de faire à nouveau passer des messages de solidarité et de bienveillance. Avec aussi un esprit combatif face à la politique mise en place autour des exilés. "Les revendications sont claires. Nous demandons la régularisation de toutes les personnes sans papier présentes sur le territoire pendant le confinement, précise Géraldine. Toutes les associations et collectifs en France réclament cela, et évidemment une mise à l’abri de tout le monde. Un toit pour tous".Des dons sont aussi possibles lors de cette manifestation. Nourriture, produits d’hygiène, bouteilles d’eau, masques sont les bienvenus pour soutenir la population du squat, mais pas de vêtements. Les familles ayant accès aux vestiaires d'autres associations. "La ville a refusé de nous donner son surplus de masques, explique encore les bénévoles. Nous en avons donc cousu ou acheté pour que toutes les personnes en soient dotés".
Il y a quelques jours, les agents d'Enedis sont passés prévenir que l'électricité serait coupée dans les jours à venir. Un avis de destruction de ces barres d’immeuble a également été affiché Allée César Franck… Derniers signaux d'alerte avant l’arrivée, sans doute des forces de l’ordre dans quelques jours.