TEMOIGNAGE : les restaurateurs n'ouvriront pas avant le 6 avril, le désespoir des professionnels

D'après les informations du Point, confirmées par d'autres sources, les restaurants ne pourront pas ouvrir avant le 6 avril, au plus tôt. Les professionels se sentent abandonnés. 

Le rideau est baissé depuis un mois au moins, la vente à emporter, c'est terminé aussi. Le restaurant la Kantine, à Reims, venait de se transformer. Pendant le confinement, sept mois de travaux pour devenir un lieu dédié à la convivialité orientale, libanaise et très appétissante. Ce restaurant populaire situé au centre de Reims, près des Halles du Boulingrin, en avait profité pour attirer une nouvelle clientèle début septembre. Mardi 19 janvier, le patron bien connu des fidèles, Idir Kemiche, a appris la nouvelle. Les restaurants ne pourront pas rouvrir avant le 6 avril, au mieux. 

Selon nos confrères du Point, "restaurants, bistrots et brasseries devraient rester fermés au moins jusqu'à Pâques. L'hypothèse de réouverture la plus optimiste serait fixée à la date du mardi 6 avril, selon plusieurs sources proches du dossier en contact direct avec l'Élysée, Matignon et Bercy. On évoquerait même un décalage à début juin concernant les bars et les cafés".

 

Plus de salaire depuis avril

Au téléphone, Idir Kemiche, qui possède deux restaurants à Reims, a la voix des mauvais jours. Lui d'habitude si souriant et affable. "Hier, mardi, j’ai eu un message d’un ami restaurateur de Lyon, il a eu confirmation du syndicat des restaurateurs. On ne sait plus quoi penser, c’est grave, avec les loyers qui tombent, on a 10.000 euros d'aide, mais ça ne suffit pas. Et nous patron, on a droit a aucune aide. J'ai le loyer de 3.000 euros par mois, des reports de charges, des frais fixes. Certains collègues place d'Erlon ont 10.000 euros de loyer par mois". Sans parler de son salaire qu'il ne se verse plus depuis avril.

Ses serveurs, eux aussi sont dépités. "Je les appelle, je les vois quand il y a la paye, ils ont le moral en berne. Ils en ont marre, mais ils ne savent pas quoi faire". Quant à la vente à emporter, Idir a arrêté. "Ça ne servait à rien, si t’es pas en lien avec Uber qui prend 36%, tu t’en sors pas, lance-t-il. A 17h30, les clients potentiels courent dans les magasins qui ferment avant 18h à cause du couvre-feu". 

La question financière reste épineuse. Il n'a pas été remboursé des salaires de novembre, soit 10.000 euros. Idir est un battant, comme ses confrères du métier. La profession est soudée. Mais jusqu'à quand ? C'est cela qui manque le plus au chef Daniel Phélizot à Troyes. Une vraie date de reprise. Avec sa passion chevillée au corps, lui qui a aménagé à Troyes depuis trois ans avait tout pour réussir ce lancement. Aujourd'hui il travaille encore sur la vente à emporter, mais la situation traîne en longueur. 

Solidarité

"Le problème, c’est qu’on ne sait rien, le plus dur c’est ça, lance le chef. On avait fait une année record en 2019. Cet été aussi. Je fais de la vente à emporter au coup par coup. On a les aides de l'Etat, le PGE, heureusement qu’on a les aides. Mais le loyer faudra le rembourser. Moi je me suis réinstallé. Quand j'ai quitté mon établissement précédent à Bar-sur-Aube, on n'a même pas vendu le fond, mais que les murs. Une misère". 

Avec d'autres collègues de Troyes, il a choisi la solidarité et la générosité en offrant des repas à différents acteurs locaux. "Ce qui me fait tenir c’est la passion, faut être passionné, ça reste un métier de coeur. Avec l’association Resto ensemble, on s’entraide aussi, on a été livrer les pompiers, la Croix rouge, la police, les Restos du coeur, les gendarmes. On se connaît tous, on est solidaire. On attend la reprise, ça va faire bizarre, mais je ne toucherai pas aux emplois."
 

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