Bertrand Richard fait les vendanges à chaque fin d'été. Et ce depuis 1982, sans interruption. Son histoire s'entrelace avec celle de la famille à l'origine de la maison de champagne Dupuis-Maurois, basée à Nogent-l'Abbesse (Marne).
C'est chaque année la même chose, dans les vignes de la maison de champagne Dupuis-Maurois, à Nogent-l'Abbesse (Marne). Durant huit à dix jours, dès 07h30, on y trouve un monsieur grisonnant et moustachu très enthousiaste.
Il s'appelle Bertrand Richard, et c'est un vendangeur de la première heure. Depuis 1982 plus précisément, sans interruption sur ces terres. Chaque année, il prend quinze jours de congés (il est chauffeur de poids-lourds dans une coopérative agricole champenoise) pour venir récolter le raisin. Toujours avec entrain (son épouse en a moins, mais "c'est sacré" et il revient la voir au moins une fois dans la semaine).
Mais pourquoi donc ? Son histoire familiale, en partie commune avec celle de la lignée à la tête de l'exploitation viticole : elle s'étale sur quatre générations (la maison est fondée en 1965), qu'il a toutes connues. France 3 Champagne-Ardenne a rencontré celui qui fait maintenant presque partie de la famille.
40 ans d'expérience
"Cet endroit, ça fait 40 ans que j'y viens. À force, je l'ai vu et je le connais, mais je suis toujours content de revenir. Je n'habite pas très loin, mais c'est toujours un plaisir de venir vendanger. La camaraderie avec tout le monde, ça me plaît." Il apprécie de parler, mais se concentre sur son travail. S'il s'est déjà coupé, ça ne l'a jamais empêché de continuer/revenir, pour ce fameux "esprit des vendanges, comme en famille". Il faut dire qu'il a un lien avec ce vignoble, et que malgré le travail (qui peut être dur), il a l'impression d'être en vacances. Une histoire née au cour de la Seconde Guerre mondiale : les grands-parents de la gérante actuelle, Anne Six, ont évacué la région et logé chez les grands-parents de Bertrand Richard. Ce lien inter-familial ne s'est jamais distendu.
Vendangeant avec Laura (c'est sa première fois), il ne tarit pas d'éloges sur sa protégée de l'année. "C'est un bon binôme. Elle suit bien le mouvement. Elle reste bien en face de moi. Je ne suis pas obligé d'aller de son côté, c'est équilibré. Il y a eu d'autres binômes qui étaient un mètre en arrière... Il fallait les attendre, les pousser." Il ajoute apprécier travailler avec des "jeunes dynamiques, garder ce mélange des générations. Si on reste entre vieux, c'est monotone." Il a beaucoup à apprendre à ces jeunes. C'est presque un patriarche de la vigne. Tout le monde le connaît et le respecte.
Bertrand Richard est bien accueilli en la maison de champagne Dupuis-Maurois. Mais pas que lui. C'est l'une des dernières à assurer le gîte et le couvert pour les personnes venues vendanger. Tout un symbole et un idéal de fraternité. "C'est très important." Il affectionne d'ailleurs de loger dans une vraie chambre, et pas "à trente dans une tente". Il faut dire qu'il ne dit pas non à un peu de confort... surtout pour son dos, lui qui parle du poids des années qui passent.
La maison Dupuis-Maurois est située à une poignée de kilomètres à l'est de Reims. C'est une terre qu'il a toujours connue (voir la carte ci-dessous).
On saura d'ores-et-déjà où retrouver Bertrand Richard à la fin du mois d'août 2023...