Un policier du commissariat de Reims a été jugé, ce mercredi 23 octobre, pour "vol", "agression sexuelle", "violation de domicile" et "violences", avec la circonstance aggravante d'avoir été commis par "une personne dépositaire de l'autorité publique". Il a été reconnu coupable des faits et a été condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis. L'avocat du policier a fait appel suite à la décision du tribunal.
L'ambiance était tendue, ce mercredi 23 octobre, au tribunal de Reims. Un policier de 27 ans a été jugé pour "vol", "agression sexuelle", "violation de domicile" et "violences". Après une audience de plusieurs heures, le prévenu a été reconnu coupable des faits reprochés. Conformément aux réquisitions de la procureure, le tribunal a condamné le fonctionnaire de police à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, une obligation de soins, l'interdiction de rentrer en contact avec les victimes et d'exercer le métier de policier, l'indemnisation des parties civiles, l'inéligibilité pendant cinq ans et l'inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais). Dès le jugement rendu, l'avocat du policier a annoncé qu'il faisait appel.
L'affaire avait été dévoilée début septembre. Un gardien de la paix de 27 ans, en service au commissariat de Reims, est accusé par deux plaignantes de violences, vol et agression sexuelle, par personne dépositaire de l'autorité publique. Dès le 3 septembre, le fonctionnaire est écroué puis remis en liberté le 19 septembre par la cour d'appel. Il devait être jugé le 25 septembre dernier par le tribunal correctionnel mais son procès a été renvoyé au 23 octobre pour qu'une nouvelle expertise psychologique soit réalisée (le policier avait refusé de répondre aux questions du premier expert).
Entre ces deux dates, le contrôle judiciaire est maintenu et renforcé, le prévenu a alors l'interdiction de contact avec les témoins et les plaignantes, de se rendre à Reims, lieu présumé des faits, d'exercer les fonctions de policier et de détenir une arme.
Attouchements à caractère sexuel
La première plaignante, d'origine kosovare, accuse le fonctionnaire de police d'agression sexuelle. Le 27 septembre 2023, un équipage de police-secours est intervenu au domicile de l'accusatrice, suite à l'interpellation de son mari alcoolisé qui pourchassait des jeunes avec un couteau, rue Auguste-Walbaum, à Reims. Le gardien de la paix invite la jeune femme à le suivre dans la chambre parentale, puis lui demande si des caméras sont présentes dans la pièce. Il lui demande de présenter sa carte d'identité, le policier aperçoit alors 250 euros qui dépassent de son portefeuille, et lui prend en lui faisant un clin d'œil. Ensuite, il lui demande de se déshabiller pour vérifier si elle n'a pas subi de violences conjugales. Elle commence alors à se dévêtir, le policier lui touche le sein à travers ses sous-vêtements, puis il retire un par un ses seins du soutien-gorge. Avant de sortir de la chambre, il lui demande avec insistance d'enlever sa culotte, ce que la plaignante refuse. La jeune femme porte plainte, trois jours plus tard, le 1er décembre.
Le mis en cause, lors du procès, a nié les faits : "Je conteste formellement ces déclarations". Il raconte qu'il s'est dirigé dans la cuisine avec elle, pour lui expliquer l'intervention de son mari, pendant que sa collègue s'occupait des enfants qui criaient : "C'est ma collègue qui lui a demandé sa pièce d'identité avant qu'on aille dans la cuisine, pas moi". "Ils n'étaient pas cachés, la porte était ouverte", déclare son avocat.
Elle pensait que c'était un faux policier
La deuxième plaignante, d'origine roumaine, l'accuse de s'être introduit chez elle, dans sa salle de bains, le 26 août dernier, pour lui demander de se dévêtir, ce qu'elle a refusé de faire. "J'étais chez moi, dans la cuisine, mon beau-frère était avec mon bébé dans le salon, quand un homme en uniforme a toqué. Mon beau-frère a ouvert", confie la plaignante à la barre. La jeune femme était au téléphone avec une amie. Le gardien de la paix leur demande leurs pièces d'identité. Ni elle, ni son beau-frère ne parlent français, le policier interagit seulement avec la femme au bout du fil, mais il demande rapidement à l'accusatrice de raccrocher, puis se dirige vers la salle de bains. Il demande à la plaignante d'allumer la lumière, de fermer la porte et de soulever sa jupe, avec des gestes, ce qu'elle refuse. Elle sort de la pièce en pleurant, le policier, lui, quitte l'appartement sans rien dire. Elle porte plainte le lendemain au commissariat, pensant qu'il s'agissait d'un faux policier.
Le fonctionnaire de police admet s’être rendu chez elle puisqu'il cherchait un squat. Il essayait de trouver, selon ses déclarations, une personne susceptible de le renseigner sur des points de deal, en laissant deux collègues réservistes dans la voiture de service. Le policier conteste les accusations de la plaignante.
"Ça ne me fait pas plaisir d’être ici. Ça ne me fait pas plaisir de requérir contre un policier. J’ai un immense respect pour cette profession qui exerce un travail difficile dans des conditions lamentables mais à cause de celui-ci, c’est toute l’institution qui est salie", a déclaré Mathilde Compagnie, substitut du procureur. Elle dénonce un homme qui savait choisir ses victimes, "des femmes étrangères, précaires et vulnérables".
Des antécédents de harcèlement sexuel
Son casier judiciaire était vierge. Cependant, le policier traîne un lourd dossier d'"antécédents administratifs" : un avertissement, en 2018, pour des insultes sexistes envers plusieurs camarades de classe à l'école de police de Reims, 15 jours d'exclusion, dont 12 jours avec sursis, en 2022, lorsqu'il était en poste à Soissons, pour avoir ramené deux jeunes femmes alcoolisées à domicile, en prenant un rond-point en contresens, et en s'introduisant dans une chambre avec une des jeunes femmes, puis un défèrement au parquet pour des faits de harcèlement sexuel, datant de sa scolarité à l'école de police.