Depuis la mi-septembre, d'importants travaux de réfection ont lieu sur l'ancestrale place du Chapitre, à Reims (Marne). Les archéologues en ont profité pour faire des fouilles, et faire des découvertes intéressantes.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Reims (Marne), ville millénaire. Importante ville gallo-romaine, Cité des sacres, son histoire est riche et haletante.

C'est pour mieux la comprendre qu'une bande de quatre archéologues, travaillant pour la communauté urbaine, ont passé au peigne fin pendant deux semaines le centre de la place du Chapitre. Ensuite, c'est au tour de son pourtour, pendant encore deux semaines. Il ne reste plus que quelques jours de fouilles à mener. 

L'occasion était inédite : des travaux de réfection pour mettre en valeur et arborer un peu plus cette place ancestrale du centre-ville rémois, juste à côté de la cathédrale, habituellement couverte de voitures en stationnement. On y accède par la fameuse porte du Chapitre de la rue Carnot (avec ses tours médiévales jumelles), ou par le parvis du portail de la façade nord de la cathédrale (voir le tweet ci-dessous).

Baptiste Panouillot, du Service archéologique de la Communauté urbaine du Grand Reims (Sacugr), a répondu aux questions de France 3 Champagne-Ardenne. "Le principe de nos fouilles préventives, c'est de comprendre les 'terres noires'. C'est un terme générique pour désigner des formations sédimentaires de l'époque médiévale, pas forcément que des sols. Ils peuvent être d'intérieur ou d'extérieur." L'époque antique est caractérisée par ses sols en craie ou terre battue; ce qu'on retrouve à nouveau à partir du XVe siècle. Entre ces deux périodes, on trouve donc des sols médiévaux.

Des fouilles préventives

"On se trouve après le Ve siècle. On a trouvé des vestiges; il y a plein de choses dans ces terres noires. On a notamment retrouvé des fosses, mais elles perturbent les terres noires, ce qui empêche d'avoir une bonne lecture du terrain." Car des éléments de toutes les époques viennent s'y mélanger, l'amalgame qui en résulte est difficilement compréhensible. "On a aussi retrouvé des terres noires bien conservées à quelques endroits."

Pour la plus grande joie des archéologues, "un mur a été découvert". La datation est encore en cours, mais il émanerait des VII au XIe siècles. "C'est sûrement un édifice public, un mur de parcelle ou du chapitre cathédral." Cela désigne le lieu de travail et de vie des chanoines attachés au service de l'évêque. 

Mais on ignore la destination précise de ce bâtiment situé en plein milieu de l'actuelle place. "On a juste ce mur, et un sol qui va avec." Pas d'objets. Difficile de tirer des conclusions définitives avec juste ces éléments. Les fouilles qui ont toujours lieu actuellement sur le pourtour doivent permettre de répondre aux questions posées par cette découverte. "Pour nous, c'est une découverte très intéressante."

À l'époque médiévale, le chapitre cathédral rendait la justice. Donc on pouvait y enfermer des prisonniers.

Baptiste Panouillot, membre du Service archéologique de la Communauté urbaine du Grand Reims (Sacugr)

Les fouilles de septembre-octobre ont été organisées pour déterminer notamment l'emplacement d'une prison située au sein du quartier du Chapitre. Ce pourrait être ce bâtiment. "À l'époque médiévale, le chapitre cathédral rendait la justice. Donc on pouvait y enfermer des prisonniers." Des plans existent, "mais ils sont anciens. Pas assez précis." (voir localisation sur la carte ci-dessous)

À la Révolution, ce bâtiment public lié au clergé "a été totalement récupéré". Comprendre mis en pièces pour en récupérer les pierres et construire d'autres bâtiments aux alentours. La Bastille fut la première à connaître ce sort. "On pouvait s'imaginer que ce bâtiment était fait avec de belles pierres. Et ici, on observe des traces de leur récupération." Il évoque une véritable carrière qui fait suite à cet ancien lieu relativement luxueux.

On n'ira pas plus bas (pour l'instant)

Ce qu'on sait en revanche, c'est que sous ce mur, à plus de deux mètres (la limite des fouilles préventives), il y a des "sols antiques très bien conservés". Il ne serait pas impossible d'y trouver une luxueuse habitation gallo-romaine (domus), ou les restes d'un complexe thermal dont on connaît déjà l'existence sous la cathédrale. Mais comme la doctrine archéologique est de ne fouiller que ce qui va être détruit, ces lieux ont été laissés tranquilles. 

Les pluies diluviennes n'ont pas forcément aidé les archéologues, "mais on travaille quand même", tempère Baptiste Panouillot. En tout cas, une belle occasion aura été saisie pour mieux connaître l'histoire et l'architecture du Chapitre de Reims.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité