Un sarcophage gallo-romain, vieux de deux mille ans, livre ses premiers secrets sur les rites funéraires

C’est une découverte rare et exceptionnelle à Reims. Les chercheurs de l’Inrap ont ouvert, mardi 19 septembre 2023, un sarcophage gallo-romain. Ce dernier, d'un poids de 2,6 tonnes, provient d’une nécropole mise au jour en fin d’année 2022, lors de fouilles préventives. Les archéologues en attendent de précieuses informations sur les rites funéraires de cette époque.

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Lorsque le sarcophage a été sorti de terre, avant d’être transporté à Châlons-en-Champagne, sur le site de l'Inrap, les archéologues pensaient avoir découvert le cercueil d'un adolescent. Les dimensions extérieures d'un mètre de haut, pour 1,65 m de long et 0,80 m de large, laissaient penser à un individu de petite taille. Ce sarcophage, en calcaire monumental, a tout de suite interrogé les chercheurs sur le statut du défunt.

Avant de soulever le couvercle de 800 kg, des précautions ont été prises. Avec leur camion scanner, les services des douanes ont radiographié les deux blocs encore scellés, afin de vérifier l’absence de contenant en plomb. Par la suite, une exploration de l’intérieur de la cuve a été effectuée par caméra endoscopique. Une exploration qui a permis d'identifier la présence d'un squelette et du mobilier funéraire.

Jour J dans le plus grand secret

Ce n'est finalement que le 19 septembre que les archéologues ont su qu'il s'agissait d'une femme. L'anthropologue Sandrine Thiol, archéologue à l'Inrap (Grand Est), explique qu'il s'agit d'une femme d'au moins 40 ans ! "Elle n'est pas oisive, car des marques d'arthrose, d'un seul côté, montrent la répétition d'un geste, d'une posture", explique la scientifique.

Dans le cercueil, quatre lampes à huile, deux récipients en verre contenant possiblement des huiles parfumées, un petit miroir (près de la tête), une bague en ambre et un peigne entourent la dépouille. "Une partie de ce mobilier indique que l’inhumation a eu lieu au IIe siècle de notre ère. Des prélèvements du sédiment présent sur les os et sur le fond de la cuve doivent permettre de déterminer s’il y a des restes végétaux ou des produits liés au traitement de corps", conclut la responsable scientifique Emilie Jouhet de l'Inrap.

Dans son communiqué de presse, l’équipe de l’Inrap à Reims explique qu'elle constitue une base de donnée génétique sur les ensembles funéraires antiques rémois, dans le cadre d’un projet de recherche. L’ADN prélevé sur une dent du squelette sera comparé à ces 80 échantillons, afin de déterminer si cette femme appartient à une élite locale ou plus lointaine. 

La nécropole 

Les 1 200 m² fouillés, rue Soussillon à Reims, ne représentent en réalité qu’une petite partie d’une vaste nécropole antique. Les vestiges funéraires découverts sont composés d'une vingtaine d’inhumations en cercueils cloués et de quelques crémations. Ces vestiges sont entourés de larges fossés qui ont permis aux Romains de drainer les remontées d’eau de la nappe phréatique de cette zone humide vers la rivière Vesle.

Les archéologues attendent beaucoup des résultats de ces recherches. Reims, ville martyre de la 1ʳᵉ guerre mondiale, a vu son passé archéologique largement détruit. Cette fouille, prescrite par l'État, est très importante pour ce patrimoine, car ces sépultures de l'agglomération gallo-romaine ont été également préservées des pillages des antiquaires ou des érudits de la fin du XIXe siècle.

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