Que pensent les nutritionnistes des gourdes Air up "à rétro-olfaction", qui cartonnent chez les 15-30 ans, vendues comme une alternative aux sodas

Créées par la start-up allemande Airup, les gourdes à rétro-olfaction permettent, grâce à une capsule odorante posée sur le haut de la gourde, d'aromatiser l'eau seulement via l'odorat. Une alternative à la consommation de sodas ou autres boissons nocives pour la santé, qui s'est déjà fait un nom chez les moins de trente ans.

Santé ou plaisir, pourquoi choisir ? C’est la question que posent les gourdes à rétro-olfaction "Airup", qui font parler d’elles, notamment grâce à une campagne de publicité sur les réseaux sociaux que l'on pourrait qualifier d’agressive, portée vers les moins de 30 ans.

Le principe de ces gourdes est simple : elles consistent à duper notre cerveau grâce à l’odorat, donnant à l'eau un goût choisi au préalable, uniquement grâce à une capsule odorante. Ainsi, sur le papier, plus besoin d’ingérer du sucre ou de la caféine pour boire un café, du coca ou un mojito sans alcool. 

Si vous n’en avez jamais entendu parler, c'est que vous avez plus de trente ans. Ce produit est en effet déjà très connu des enfants, adolescents et jeunes adultes. Il n’y a qu’à faire un tour à la sortie d'un collège pour s’en apercevoir. Quand on demande aux élèves du collège Robert Schuman à Reims comment ils ont entendu parler du produit, la réponse est unanime : “YouTube”.

Il faut dire que la start-up allemande créée en 2019 a mis le paquet pour toucher les jeunes. Depuis plus d’un an, difficile de faire un tour sur la plateforme vidéo de Google sans y voir une publicité pour ces gourdes ou un placement de produit chez les stars du YouTube francophone. De quoi attirer le plus grand nombre vers ce produit, d’autant plus que la gourde réutilisable est un accessoire de plus en plus populaire du fait de ses vertus écologiques. Selon Opinionway, 64% des moins de 50 ans utilisaient une gourde quotidiennement en 2022.

"Rien de plus que de l'eau"

Alors, au vu des promesses du produit et de sa portée écologique, ces gourdes ne semblent avoir que des points positifs, mais qu’en pensent les nutritionnistes ? “Pour l’instant, il faut rester vigilants au vu du peu de recul qu’on a sur ces produits. Toutefois, quand on parle de rétro-olfaction, on sait qu’il n’y a pas de molécules qui viennent dans le métabolisme”, assure Coraline Fort, diététicienne nutritionniste à Reims, diplômée de l'université Paris Descartes. 

C’est là que se fait la différence avec les sodas sans sucre. “Dans les sodas light, on trouve des édulcorants, le faux sucre à zéro calorie. Ces édulcorants viennent duper le cerveau en lui faisant croire qu’on ingère du sucre, et déclenchent des réactions qui sont faites pour diminuer le taux de sucre dans le sang. À terme, cela peut déséquilibrer les habitudes alimentaires, provoquer des hypoglycémies, donner faim, faire boire ou manger plus”, poursuit-elle.

Dans le cas de ces gourdes à rétro-olfaction, “on n’ingère rien de plus que de l’eau. Seul l’odorat dupe le cerveau et apporte l’arôme”, confirme la nutritionniste. Mais à quel point ? Enzo, “gros consommateur de sirops et sodas”, s’est laissé tenter après avoir vu une énième publicité. Après trois mois d’utilisation, il fait le point : “c’est une bonne alternative. Cela permet de réduire sa consommation de boissons sucrées tout en ayant le plaisir du goût. Attention tout de même à ne pas en faire trop. On se rapproche bien plus d’une eau aromatisée qu’on peut acheter en magasin que d’un jus de fruit ou d’un soda. Il ne faut pas s’attendre à boire la même chose qu’un Coca classique.”

Il ne faut pas s’attendre à boire la même chose qu’un Coca classique.

Coraline Fort

Diététicienne nutritionniste

Vincent Prévot, nutritionniste à Reims, n’y voit pas non plus de contre-indication. “Dans un sens, c’est un peu la cigarette électronique du fumeur. C’est un produit qui peut attirer les jeunes qui aiment le sucré, le chimique. Cela peut être aussi intéressant pour les personnes qui ont du mal à boire. Le plaisir lié à l’arôme peut favoriser l’envie de boire”. Attention tout de même à ne pas se tromper de combat : “L’aspect négatif, c’est qu’on pollue en quelque sorte la bouche des gens en mettant des arômes partout. Cela peut être un outil de transition intéressant, mais attention à ne pas l’encenser non plus alors qu’on peut tout à fait s’hydrater normalement”, nuance le spécialiste.

Le frein économique

Et les collégiens ne s’y trompent pas : “Au vu des prix pour boire de l’eau, je préfère rester à l’eau du robinet”, s’amuse Myriam. Comme elle, beaucoup sont rebutés par le prix d’achat, fixé à une trentaine d’euros minimum. “Si je veux boire une bouteille d’eau aromatisée de temps en temps, je m’en sors avec une ou deux pièces au supermarché. Je ne peux pas payer trente euros et racheter des capsules tous les mois ou tous les deux mois”, déplore Léna, pourtant séduite par le principe.  

Le frein économique est aussi évoqué par Caroline Fort : “même si le principe est intéressant et utile dans certains cas, les gens sont souvent réticents à la vue du prix". Il faut dire que trois pods (nom des capsules odorantes) coûtent environ 8 euros, pour une capacité d’aromatisation de cinq litres. Ce facteur économique peut alors s’avérer être le dernier frein à la démocratisation de la gourde, qui, sans aucun doute, a déjà réussi à se faire un nom chez les moins de trente ans. 

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