Lors d'une conférence de presse ce lundi 13 mars, le maire de Reims et la présidente du Grand Reims ont annoncé plusieurs mesures en lien avec la zone à faibles émissions (ZFE). Il est notamment prévu un moratoire jusqu'en 2029 pour l'interdiction des véhicules classés Crit'air 3 dans la ZFE.
Ce sera certainement un soulagement pour nombre d'automobilistes. Les véhicules classés Crit'air 3 pourront finalement toujours circuler dans la zone à faibles émissions (ZFE) de Reims, après le 1er janvier 2024.
C'est à cette date que devait pourtant entrer en vigueur leur bannissement du centre-ville et de la traversée urbaine. Mais le maire de Reims Arnaud Robinet et la présidente du Grand Reims Catherine Vautrin ont annoncé ce lundi 13 mars 2023 lors d'une conférence de presse la mise en place d'un moratoire de cinq ans pour cette mesure. Elle ne s'appliquera donc pas avant 2029. La situation restera la même qu'aujourd'hui : les véhicules classés Crit'air 5 et Crit'air 4 sont les seuls à devoir rester hors de la ZFE.
Selon le ministère de la Transition écologique, un peu plus d'une voiture sur cinq immatriculée dans le Grand Reims était classée Crit'air 3 en 2021.
Une qualité de l'air qui s'est améliorée
Les élus l'assurent, ce n'est pas la grogne grandissante qui les a fait changer d'avis. C'est l'amélioration de la qualité de l'air qui a pesé dans la balance. "Les résultats d'Atmo montrent que la qualité de l'air à Reims s'est nettement améliorée. Nous sommes en deçà des fameux 40 microgrammes de dioxyde d'azote par mètre cube [d'air]", explique Arnaud Robinet, maire (Horizons) de Reims.
C'est le dépassement chronique de cette valeur qui avait valu à Reims, comme d'autres villes françaises, d'être ciblée en 2019 par une condamnation de la Cour de justice de l'Union européenne. La moyenne annuelle dans le Grand Reims est désormais de 31 µg/m3 pour ce qui concerne le dioxyde d'azote, un gaz essentiellement généré par la circulation automobile et qui a des conséquences à court et long terme pour la santé respiratoire.
Pour les autres polluants surveillés par Atmo, dioxyde de soufre et particules fines PM10 et PM2,5, la tendance est également à la baisse. "Il n'y a aucun dépassement des valeurs réglementaires", indique Emmanuelle Drab-Sommesous, directrice accompagnement et développement d'Atmo Grand Est.
Le Grand Reims est même en avance sur les prévisions faites par l'association de surveillance de la qualité de l'air en 2020 lorsque la ZFE avait été définie. Atmo prévoyait alors une concentration de dioxyde d'azote de 31 µg/m3 une fois les véhicules Crit'air 3 interdits. C'est la valeur observée aujourd'hui, alors qu'ils ont toujours droit de cité dans la ZFE.
Une aide plus large pour changer de voiture
Le moratoire annoncé ce lundi ne restera actif que si la qualité de l'air se maintient en dessous des seuils réglementaires. Il n'est donc pas question de relâcher les efforts déjà entrepris, assurent les élus.
"Il faut bien sûr continuer à inciter nos concitoyens à changer de véhicule et à rouler propre, au-delà des transports en commun ou du vélo", affirme le maire Arnaud Robinet. Cela se concrétise notamment par une ouverture à un plus grand nombre des aides à la conversion proposées par la ville et l'agglomération.
Aujourd'hui, les Rémois qui habitent ou travaillent dans le secteur de la zone à faibles émissions et qui se débarrassent d'une voiture non-classée ou classée Crit'air 5, 4 ou 3 pour un modèle moins polluant peuvent toucher une aide si leurs revenus ne dépassent pas 13 000 euros par part fiscale. Le seuil va être relevé à 21 000 euros par part fiscale, un chiffre qui correspond au "revenu médian" dans le Grand Reims, expliquent les élus.
Nous ne baissons pas la garde.
Catherine Vautrin, présidente (Horizons) du Grand Reims
L'aide, de 3 000 ou de 2 000 euros selon les revenus du ménage, concerne l'achat d'un véhicule neuf ou d'occasion. Elle reste limitée à un véhicule par foyer, mais va être étendue aux habitants du Grand Reims qui travaillent dans la ZFE. Il faudra justifier d'un CDI ou d'un CDD de plus de six mois pour en bénéficier.
Une dérogation de 24h, 52 fois par an
Ceux qui ne se rendent que périodiquement dans le centre de Reims pourront eux utiliser 52 fois par an, soit autant que de semaines dans l'année, un "pass ZFE 24h" qui leur permettra d'aller dans le périmètre de la zone à faibles émissions, même avec un véhicule classé Crit'air 5 ou 4, ou une voiture plus ancienne encore qui reste non-classée.
Les élus ont donc décider d'agiter la carotte, en élargissant les aides et les dérogations, plutôt que le bâton. Aucune contravention pour non-respect de l'interdiction des Crit'air 5 ou 4 n'a pour l'instant été dressée, seules des informations ont été données aux conducteurs en infraction. Et la consigne ne devrait pas changer. "Je ne fais pas partie de ceux qui sont pour la verbalisation à outrance. Je suis pour la pédagogie et l'accompagnement. Ce que je vois aujourd'hui, c'est que la qualité de l'air s'est améliorée", précise Arnaud Robinet.
"C'est une question de confiance entre les habitants et la collectivité. C'est un moratoire soumis à surveillance. Donc ne pas le respecter, c'est prendre le risque que la qualité de l'air se dégrade. Si la qualité de l'air venait à se dégrader, nous serions conduits à revenir évidemment sur le moratoire", ajoute Catherine Vautrin.
Le nouvel exploitant des transports en commun connu à la rentrée
Rouler avec des voitures moins polluantes permet d'améliorer la qualité de l'air, mais le plus efficace est bien sûr de laisser sa voiture au garage. La présidente du Grand Reims rappelle que l'objectif de la collectivité est d'offrir à terme une offre de transport public à moins d'un kilomètre du domicile de chacun des habitants des 143 communes de la communauté urbaine. Le maillage mariera les solutions de tramways, bus à haut niveau de service, lignes de car, mais aussi le covoiturage.
Le nouveau délégataire en charge du réseau de transport en commun du Grand Reims sera connu le 14 septembre 2023. Trois sociétés ont candidaté à l'appel d'offres, indique Catherine Vautrin. Il s'agit de Transdev, qui exploite déjà le réseau Citura, de Keolis (filiale de la SNCF) et de RATP Développement.
"Plus notre réseau [de transports en commun] sera attractif, plus on a de chances que les gens abandonnent leur véhicule."
Catherine Vautrin, présidente (Horizons) du Grand Reims
Une réflexion doit également être menée avec l'État et la Sanef autour du contournement Est de Reims, en reliant le boulevard des Tondeurs à l'autoroute A34. La construction de ce nouvel axe permettrait de réduire la circulation sur la traversée urbaine de Reims, et dans le même temps de faire baisser la pollution dans ce secteur. "Nous souhaitons pouvoir engager les travaux d'ici à la fin du mandat", détaille Arnaud Robinet.
Enfin, le maire souhaite travailler sur la question de la livraison du dernier kilomètre, pour éviter au maximum la présence des poids lourds dans le centre-ville. Cela pourrait notamment passer par le déploiement de flottes plus légères de véhicules électriques. "On doit aussi pouvoir se servir du canal", glisse l'élu.