Alors que le projet de loi sur la réforme des retraites poursuit sa route législative, une cinquantaine d’étudiants de Sciences Po à Reims bloque le campus pour cette 8ème journée de mobilisation.
« C’est quoi ce bordel ? Ils nous ont pris nos poubelles » s’étonne un riverain qui peine à entendre les slogans de la manifestation à cause de son sonotone.
« C’est bien. Ca me rappelle Mai 68 » finit-il par concéder. Ce mercredi 15 mars, plus personne ne peut entrer sur le campus de Sciences Po à Reims. Une cinquantaine d’étudiants a monté une barricade. Ils ont récupéré les poubelles du quartier (vides, car ici les éboueurs ne font pas grève comme à Paris), affiché quelques slogans bien sentis. Ils comptent bien occuper la zone toute la journée. A main levée, les étudiants viennent de décider de poursuivre la manifestation. « L’objectif, c’est de dénoncer la réforme des retraites », nous explique Lenny Colin. « On trouve cette réforme profondément injuste car elle touche avant tout les personnes précaires, les femmes, les personnes racisées et on voulait faire plus qu’une manifestation car on voit bien que le gouvernement ne nous écoute pas », abonde l’étudiant de 19 ans.
C’est la première fois que le campus rémois de Sciences Po est entièrement bloqué depuis le début de l’examen de la réforme des retraites par les parlementaires. C’est avant tout une action symbolique selon les étudiants que nous avons interrogés.
Un peu à l’écart du groupe de manifestants, quelques étudiants étrangers regardent la montagne de poubelles le sourire aux lèvres. « Nous, aux Etats-Unis, on ne manifeste pas vraiment pour les pensions de retraite et j’ai déjà vu quelques manifestations mais jamais à cette échelle. Je trouve que c’est une super façon de se faire entendre » nous explique Juliet, une étudiante américaine. A ses côtés, Paola, 19 ans également est espagnole : « Je trouve ça assez admirable qu’ils se battent pour leurs droits. Nous en Espagne, je crois que la retraite est à 66 ans et je ne trouve pas que ce soit forcément un bon âge pour partir à la retraite » compare l’étudiante.
Pour préparer cette mobilisation, des étudiants de Sciences Po se sont mis en lien avec un groupe de gilets jaunes marnais. Depuis tôt ce mercredi matin, quelques gilets jaunes bloquent les ronds-points et accès de Reims. Ils encadrent aussi le blocus de Sciences Po « au cas où les CRS feraient une descente ». « C’est leur avenir avant tout » explique Thomas Didier, ancien agent de sécurité dans la santé et fervent gilet jaune. « C’est triste de dire ça mais on rentre dans une guerre, c’est un Mai 68 multiplié par deux » estime le militant.
« Etudiants, salariés, même combat car c’est un mouvement citoyen. » analyse Thomas Didier. « On sait très bien que cette réforme va passer mais on fera tout pour revenir en arrière » conclue-t-il.
En raison du blocus devant le campus de Sciences Po et de la grève contre la réforme des retraites, certains examens ont dû être annulés ce mercredi à Reims. Une cinquantaine d’étudiants continuera de bloquer l’entrée principale toute la journée. Ce mercredi 15 mars, une Commission mixte paritaire (7 députés et 7 sénateurs) doit rédiger une nouvelle loi pour le réforme des retraites. Le lendemain, le nouveau texte doit être présenté devant le Sénat et l'Assemblée nationale.