"Les Frangines and co" ouvrira en avril, dans une ancienne école maternelle de Sainte-Menehould. Le nouveau lieu de vie, en zone rurale, proposera des produits en circuit court dans son épicerie et au café cantine, un pôle atelier (poterie, cuisine, savon, couture), un bal musette, des jeux de société. De quoi créer du lien, dans le territoire.
Amanda et Anne-Laure Klein ont 25 et 36 ans. Le bel âge pour se lancer dans une aventure. La leur, c’est créer un tiers-lieu, c'est à dire un espace permettant, par des activités, de créer du lien social, de l’émancipation et des initiatives collectives. Le tout en zone rurale, à Sainte-Menehould, très précisément, dans une ancienne école maternelle, aujourd'hui désaffectée. Elles connaissent bien ce territoire marnais, en Argonne. C’est là qu’elles ont grandi. Après l’école à Villers-en-Argonne, elles ont fréquenté le collège de Sainte-Menehould.
Master de marketing-communication décroché au CNAM de Reims, pour l’une, et 15 ans d’expérience dans la construction individuelle pour l’autre les ont préparées à relever ce défi, sans compter un stage en alternance dans une agence bancaire de Sainte-Menehould. Amanda reconnaît que "ça a été l’occasion de se constituer un cercle de bénévoles", auxquels se sont jointes d’autres personnes issues d’associations fréquentées par leurs parents.
Créer du lien social
Le nouveau tiers-lieu, en zone rurale, "Les Frangines and co" ouvrira fin avril. Avant cela, il faut procéder à des travaux de mise aux normes mais les trois premiers week-ends de décembre 2021 ont permis des ouvertures éphémères avec décoration de fête, café resto en circuit court, gaufres, vin chaud… Et la programmation pour l'ouverture définitive se met en place.
Que ce soit avec le bal musette prévu le mardi après-midi, pour les seniors, et pour lequel elles sont en train de faire le tour des musiciens du secteur, les jeux de société qui seront animés par une bénévole le jeudi, les ateliers avec le potier de Passavant-en-Argonne, avec une savonnière ou une couturière, ou encore les ateliers cuisine pour les plus fragiles pour leur apporter un soutien, l’activité du tiers-lieu sera destinée à renforcer voire créer du lien social.
A Noël, j'ai constaté le succès des animations. Les gens avaient la banane.
Bertrand Courot, maire de Sainte-Menehould
Mais la mise valeur des produits qualitatifs locaux est aussi un des piliers de "Les Frangines and co". "On va sélectionner des productions, avec une charte. Nous avons déjà rencontré des éleveurs de porcs qui élèvent leurs animaux sur paille, explique Anne-laure Klein. On souhaite proposer ces produits de qualité dans notre café-cantine où nous travaillerons en circuit court. Nous ouvrirons également une épicerie où les producteurs pourront vendre leurs produits en local."
Au restaurant, une petite carte sera proposée au jour le jour, pour 14 à 15 euros. Initiation au tri et service assuré par des jeunes, en stage, en partenariat avec la mission locale, le projet va plus loin qu’apporter de l’animation, en zone rurale.
"Dans le monde actuel, avec le consumérisme, on va dans le mur, explique Amanda Klein. Si on met en place des actions en économie locale, on apporte des solutions, en co-construisant des projets. Ces solutions peuvent être attractives."
Le maire enthousiaste
Bertrand Courot, le maire de Sainte-Menehould a tout de suite été séduit par le projet. "Ce tiers-lieu sera en quelque sorte un substitut au café d’antan, qu’elles vont recréer. Cette école maternelle était fermée depuis trois ou quatre ans, car dans notre secteur, la démographie est vieillissante. Il y a trop peu de naissances. En trois ans, la communauté de communes à laquelle Sainte-Menehould appartient, est passée de 1.000 enfants scolarisés à moins de 800". Il reste une école maternelle à Sainte-Menehould, mais celle de la rue Gaillot Aubert a donc fermé.
"Cela va redonner vie à ce lieu, faire se rencontrer des générations sur des thématiques de convivialité, poursuit le maire. En plus, ce sont des personnes sérieuses, qui se sont formées à ce qu’est un tiers-lieu. Elles y croient et elles prennent un risque pour un projet qui leur tient à cœur." Après avoir fait passer l’école du domaine public au domaine privé, le maire a donc mis le lieu de 700 mètres carrés à disposition pour un an.
Si on met en place des actions en économie locale, on apporte des solutions, en co-construisant des projets.
Amandine Klein, co-créatrice des "Frangines and co"
Bertand Courot considère que cette année servira de test à l’association, qu’Amanda et Anne-Laure Klein pourront ainsi "jauger la réceptivité de leur offre auprès du public". Un laboratoire, en quelque sorte pour vérifier si "Les Frangines and co" peut parvenir à un équilibre économique.
Un investissement humain et financier
Autour d’Amanda et Anne-Laure Klein, une vingtaine de bénévoles, des retraités, à 60% et des 25/40 ans, sont mobilisés pour permettre l'ouverture au mois d'avril. Les deux sœurs ont financé sur leurs propres deniers le mobilier déniché sur les brocantes, ou chez Emmaüs.
Amanda et sa sœur Anne-Laure sont bien conscientes des réalités, à commencer par les charges qu’il faudra supporter, et notamment le chauffage, plus de 11.000 euros par an. "Le but est de les accompagner. On se voit régulièrement pour étudier le bilan intermédiaire d’activité. Elles ont chiffré le coût de la réhabilitation. Un dossier de demande de subvention a été adressé à l’Union Européenne", complète le maire de la commune. Côté idées, les deux soeurs l'assurent, elles disposent déjà d’une palette d’animations pour tous.