17,5 kilogrammes. C'est le poids de cette fraise de veau, un champignon comestible trouvé par deux particuliers dans la forêt d'Argonne, côté Marne, jeudi 7 octobre. Pour Damien Mazurier, négociant en produits sauvages, qui a racheté cette créature des bois, la trouvaille est rarissime.
Dimanche dernier, vous êtes peut-être allés en forêt chasser les champignons, car la saison a bel et bien commencée. Vous avez peut-être même photographié vos plus belles trouvailles. Cette amanite tue-mouches d'un rouge aussi éclatant qu'inquiétant, ces drôles d'espèces sur les écorces d'arbres fatigués ou encore ce cèpe si parfait qu'il pourrait faire la couverture d'un guide de mycologie. De belles découvertes en effet... Mais il est peu probable que vous ayez trouvé un champignon aussi gros que celui de Damien Mazurier !
La fraise de veau ou polypore frondosus
Il y a quelques jours, jeudi 7 octobre, ce négociant en produits sauvages (champignons, ail des ours, truffes etc.) installé à Sainte-Menehould dans la Marne, s'est frotté les yeux plusieurs fois devant ce qu'il venait de recevoir dans son dépôt. Une fraise de veau (polypore frondosus) gigantesque ! Encore une appellation qui ne s'invente pas, à l'instar de la vesse-de-loup ou bien de la crinière du lion... (Retrouvez une classification des espèces ici).
"Je n'ai jamais vu ça, c'est un monstre"
Revenons en à nos pied-de-moutons. Face à ce phénomène, Damien Mazurier a sorti sa balance pour peser le beau bébé. Verdict : 17,5 kg. "Je n'ai jamais vu ça, s'étonne encore le spécialiste. Normalement, les champignons qu'on reçoit font maximum 2 kg, 3 kg, voire 4 kg. Celui-là, c'est un monstre ! Il fait le poids d'un enfant."
80 cm de long. 40 cm de large. 40 cm de hauteur. Voilà les mensurations exactes de la créature. Une taille titanesque qui a obligé les cueilleurs à employer les grands moyens pour, d'une part, sortir ce champignon des bois, puis, ramener l'engin jusqu'au dépôt du négociant.
"Un brancard pour le transporter"
"Ils ont fabriqué un brancard avec un drap et deux branches de noisetiers pour le transporter", raconte Damien Mazurier, amusé par la scène un brin loufoque. Ce sont deux frères et soeurs qui lui ont apportés. Des particuliers connaisseurs qui ont l'habitude de venir vendre leur cueillette au négociant. "Au dépôt, ils avaient du mal à sortir le champignon de la voiture, poursuit-il. En voyant ça je leur ai dit : mais vous êtes fou !"
Cette fraise de veau a été trouvée dans la forêt d'Argonne. Côté Marne ? Côté Meuse ou côté Ardennes ? Près d'un chêne ? Sous un tronc ? "Je ne sais pas où exactement", lâche le négociant. Les bons coins à champignons ne se partagent pas, c'est bien connu.
Une espèce comestible "très rare" et "très bonne"
Pour Damien Mazurier, dont le métier consiste à acheter des produits à des particuliers en fonction du cours des espèces, ce champignon est une bénédiction. "C'est très rare la fraise de veau, on n'en trouve pas tous les ans, explique-t-il. Par exemple, l'année dernière, je n'en ai pas eu une de la saison." La rareté faisant la valeur des choses, on imagine la joie du négociant devant cette découverte.
Ce champignon comestible, "très bon" par ailleurs, finira sûrement dans les cuisines de grands restaurants, si Damien Mazurier arrive à le revendre au marché de Rungis. Si ce n'est pas le cas, il finira sur l'étale du négociant au marché du Boulingrin, à Reims, samedi prochain. Et fera sensation à coup sûr.