Sauvés de la maltraitance, des huskies deviennent chiens de traîneau

Enchaînés, laissés seuls et sans amour : une vingtaine de huskies au parcours parfois difficile, ont été sauvés par Vincent et sa compagne Justine. Désormais, ces chiens profitent de leur nouvelle vie dans le grand air marnais, où ils sont devenus chiens de traîneau et servent à apaiser des enfants dont la vie n'a pas toujours été facile non plus.

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Sur un chemin de forêt près d'Hermonville dans la Marne, une cacophonie d'aboiements et de hurlements résonne. "Vous allez voir, d'ici une petite minute, on ne va plus s'entendre", s'amuse Vincent, de l'association des Papattes dans la Boue.

Dix huskies sont attachés à un doggy-kart, sorte de traîneau adapté aux chemins de terre. Bien loin de s'en plaindre, ils se laissent déborder par leur excitation et leur hâte d'en découdre : le départ se fait bien trop attendre pour eux. "Ils adorent ça, confirme Justine, la compagne de Vincent et co-créatrice du projet, c'est vraiment leur activité favorite de courir".

La suite lui donne raison. Les passagers sont installés dans le doggy-kart et Vincent claque la langue. Le signal est donné, il n'en faut pas plus aux huskies pour s'élancer. Les plus robustes sont à l'arrière, les plus rapides devant, guidés par la voix de Vincent qui les incite tantôt à tourner à droite, tantôt à gauche.

À bord, Vahélyan et Ethan, deux enfants âgés de 12 et 9 ans, ouvrent grand les yeux, notamment lors d'une grande descente où le doggy-kart pointe à 50 km à l'heure. Heureusement, ils avaient pensé à mettre de vieux vêtements et des lunettes transparentes pour se protéger de la boue. "Il va falloir que je prenne une bonne douche en rentrant", constate Ethan, hilare, en montrant son jean maculé de boue. "C'était génial, s'enthousiasme Vahélyan, on s'est pris le vent et la boue, c'était super !".

Des animaux enchaînés ou affamés devenus chiens de traîneaux

Libérés dans la fraîcheur de la campagne marnaise, couverts de l'amour de leur maître : c'est un peu une vie de rêve pour ces huskies. Et pourtant, c'était loin d'être gagné, puisque la plupart de ces animaux ont connu un passé difficile.

Outre l'aspect sportif, l'association des Papattes dans la Boue vise à sauver les chiens de la maltraitance. "Certains maîtres pensent que ce sont des chiens de canapé, déplore Vincent, et ils ne se rendent pas compte de leurs besoins".

Incapables de prendre soin d'eux, certains maîtres ne se sont d'ailleurs pas encombrés d'empathie, en laissant leurs petits compagnons livrés à eux-mêmes. Osaka, femelle husky de cinq ans, a connu deux années difficiles. "C'est la plus maltraitée des chiens qu'on a pu récupérer, relate Vincent. Lorsqu'on l'a retrouvée, elle était attachée, avec des chaînes et non une laisse en tissu, pour ne pas qu'elle s'échappe. J'ai dû carrément couper les chaînes pour la libérer et partir avec elle."

Trois ans après son sauvetage, Osaka est le meilleur chien de l'attelage et elle montre une reconnaissance sans faille envers Vincent, qu'elle ne quitte pas d'une semelle.

Justine, elle, écume les réseaux sociaux et les sites internets pour trouver des annonces évoquant des huskies dont les maîtres souhaitent se débarrasser. Depuis la naissance du projet il y a trois ans, la meute est ainsi passée de huit à vingt-neuf chiens.

Un sauvetage a particulièrement marqué Vincent. C'était à Lyon, où une femme vivait avec des dizaines de chiens, en cherchant à les faire se reproduire sans jamais s'en occuper. "J'ai pris connaissance de la situation un soir via une association, et dès le lendemain, à 4 heure du matin, j'étais sur la route. Les chiens n'avaient pas à manger et ils avaient tellement faim qu'ils ont dévoré les chiots".

Soigner avec les animaux : la médiation animale

Les vingt-neuf huskies de Vincent et Justine profitent donc de leur nouvelle vie dans la ferme familiale, près d'Hermonville. Un nouveau départ et une nouvelle chance donnés par les humains, à qui ils savent rendre la pareille.

Câlins et bisous attendent les adultes et enfants venus visiter la ferme de Vincent et Justine, pratiquer la cani-balade ou le doggy-kart. Un moment d'amour et de détente utile aux personnes souffrant de traumatismes ou de troubles divers. C'est la médiation animale, une méthode d'intervention basée sur la relation homme-animal, ayant un but thérapeutique.

Vahélyan et Ethan, les deux enfants à bord du doggy-kart, sont par exemple encadrés par l'association de protection de l'enfance La Sauvegarde. Sarah Kruszinski, éducatrice spécialisée de l'association, détaille les bienfaits de la médiation animale : "ça peut être des enfants qui ont des difficultés sur le plan relationnel, au niveau du comportement, de l'agitation, ça permet un apaisement, parce que ce sont des enfants qui rencontrent des difficultés qui ne leur permettent pas d'être adaptés dans des situations ordinaires, au quotidien".

Des enfants au parcours de vie difficile, face à des chiens au passé lui aussi complexe. L'alchimie fonctionne, avec des ingrédients simples mais efficaces : une petite pincée de respect et surtout d'amour.

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