Un boulanger de la Marne le crie haut et fort. Avec la hausse des prix de l'énergie, il est confronté à une équation difficile à résoudre. Celle de maintenir le prix de la baguette de pain au tarif actuel et non à 5 euros comme devrait lui imposer la logique économique de son entreprise, s'il n'avait pas changé de fournisseur d'électricité.
Après le Covid, l'augmentation des matières premières, c’est la hausse de l’énergie qui frappe les boulangers. À la Maison Karl, à Champigny dans la Marne, la facture est passée de 1 700 à 4 700 euros en trois mois. "Comment voulez-vous répercuter 180 % de hausse ? Si je ne prends que la part de l'énergie, il faudrait que je vende ma baguette à 5,5 euros. Vous l'achetez ?", demande le boulanger David Mangin.
Il a été obligé de réagir pour s'en sortir. "Dans le magasin, plein de lumières ne sont pas allumées. On fait exprès pour faire des économies d'énergie. Et je ne recuis plus le pain le soir non plus. Alors que d'habitude, il y avait une cuisson à 17h pour que les clients repartent chez eux avec du pain chaud quand ils quittent le boulot."
Changement de fournisseur
Le boulanger a aussi décidé de quitter EDF pour un autre fournisseur. Il lui fallait une énergie moins chère. "J'ai fait appel à un courtier par le biais de la fédération nationale de la boulangerie", explique-t-il. Cela lui a permis de bloquer la hausse de sa facture d’électricité à 37 %.
À Épernay, Grégory Piraux entend bien continuer avec EDF, mais il a lancé un collectif de boulangers. L’an dernier, il a dû augmenter sa baguette de 5 centimes à trois reprises. Cela ne peut plus durer. "On réclame le plafonnement de l'augmentation de l'énergie à 15 %, comme pour les particuliers. Et surtout que notre État reprenne en main sa consommation énergétique et arrête de faire comme l'Europe. Que ça redevienne comme avant avec des prix plafonnés par l'État", indique-t-il.
Un chèque vert mis en place par la Région
Du côté des solutions, le conseil régional met en place un chèque vert pouvant aller jusqu’à 10 000 euros. Il est destiné à accompagner les artisans dans des investissements permettant de réduire la facture d’énergie.
"Je pense qu'en ce moment, les boulangers ont autre chose à faire que de réfléchir à investir dans leur entreprise. Parce qu'avec toutes ces augmentations de matières premières et d'énergie, ils ne savent pas s'ils vont arriver à boucler leur bilan et pouvoir se rémunérer eux-mêmes. Investir, même si on a des aides, je pense que c'est compliqué", affirme Grégory Piraux.
Ces derniers mois, plusieurs boulangeries ont fermé leurs portes. Nombre de professionnels n’y arrivent plus.