Chaleur : SOS faune en détresse, les animaux sauvages aussi ont besoin d’aide

C’est un peu l’hôpital des animaux sauvages en détresse, le centre de sauvegarde de la faune en Lorraine est débordé par l’afflux d’oisillons tombés des nids, du fait de la chaleur, en plus des autres hérissons ou faucons à soigner.

Avec les records de chaleur que connaît la région, certains oisillons nichés sous les toits sautent dans le vide par instinct. Ils ne peuvent pas encore voler et se retrouvent au sol avec peu de chances de survie, s’ils ne sont pas secourus rapidement. 
C’est le cas des martinets noirs, qui arrivent en nombre au centre de soins de la faune sauvage à Valleroy, près de Briey, en Meurthe-et-Moselle, ces jours-ci. 

Alexandre Portmann, responsable capacitaire du Centre de Sauvegarde de la Faune en Lorraine (CSFL), nous raconte : "actuellement, nous avons environ 250 pensionnaires. Nous sommes dans la période des naissances et en même temps des fortes chaleurs. C’est aussi le moment où les personnes sont en extérieur et donc, elles ont plus de chances de croiser un animal en détresse." En ce moment, c’est la haute saison, qui va d’avril à septembre, avec un pic en juin et juillet. Au centre, il y a une cinquantaine de martinets, une quarantaine de hérissons, une quinzaine de faucons crécerelle, des passereaux, dont une alouette des champs, des linottes. Il y a aussi des écureuils, des buses et des milans noirs. Le centre, c’est un peu l’hôpital de la faune en détresse. 

En mai dernier, le centre est venu en aide à un Milan royal. L'animal a été trouvé et amené par une promeneuse. "C’est une espèce protégée. L’animal avait une aile cassée. Il a bien récupéré et il a pu être relâché peu de temps après."

Changement climatique

Le changement climatique a un impact visible sur les animaux. Le centre de soins de la faune sauvage est en première ligne. Avec le temps, il voit arriver de plus en plus de pensionnaires jeunes ou moins jeunes. "Les canicules étaient exceptionnelles. Elles deviennent récurrentes. On a parfois des orages et des pluies qui rafraîchissent les habitats, heureusement. Quand on a plus de cinq jours consécutifs de canicule, on sait que l’on va avoir entre 200 et 350 animaux dans les jours qui suivent. Quand il fait 35 degrés dehors, dans les nids des martinets noirs sous les toits, il peut faire jusqu’à 70 degrés. Les jeunes martinets noirs se rapprochent dangereusement du bord pour essayer de trouver un peu d’air."

Une fois tombé, le juvénile n'aura plus l'aide de ses parents qui passent leur temps en vol. C'est un oiseau fascinant qui mange et dort en vol. Il peut passer presque toute une année en vol. "Parfois, il arrive que l'on nous apporte des hirondelles en détresse avec des problèmes neurologiques irréversibles, du fait de la chaleur. Malheureusement, il n’y a plus rien à faire."

Busards cendrés en danger dans les champs

Nous sommes en période de moissons. Le centre propose aux agriculteurs de repérer et de protéger les nids de busards cendrés. "On a eu 26 couples de "nicheurs" sur le territoire. On a posé les cages et on suit les jeunes. On peut les protéger avec l’aide des agriculteurs. Le risque est que, sans cage, les nids et les occupants seraient détruits par les moissonneuses-batteuses. Leurs milieux naturels de nidification ont disparu."

Comme l'indique ce site spécialisé, les busards cendrés sont contraints par l'Homme à trouver d'autres lieux pour leurs nids. "À l'origine bien sûr, les milieux occupés en période de reproduction étaient naturels Prairies naturelles, cariçaies, roselières non inondées. Mais depuis l'emprise de l'Homme sur les milieux naturels et la régression de leur capacité d'accueil, il a dû s'adapter. De nos jours, dans un pays comme la France, la majorité des couples nichent en milieu cultivé avec les risques que cela représente pour lui, mais il n'a pas le choix. Un champ de céréales par exemple, qui présente des similitudes avec une cariçaie élevée, est très accueillant pour l'espèce et camoufle bien le nid.

Que faire pour bien faire

Le premier réflexe est d’observer l’animal. Il n’est pas forcément en détresse. Certains jeunes oiseaux sont en période d’apprentissage de vol. Ils peuvent être au sol le temps de récupérer avant de retenter leur chance sous la surveillance des parents. Si l’animal est vraiment en détresse, le mieux est de le mettre dans un carton, de faire une photo et d’envoyer un mail au Centre de secours de la faune sauvage avec votre numéro. "On a peu de temps pour répondre à tous les appels téléphoniques qui sont incessants à cette période."

Dons, bénévoles et passion

Le centre fonctionne avec trois salariés, plus deux saisonniers et un maillage de bénévoles. Il y a les soigneurs, mais aussi les "rapatrieurs". Il s’agit de bénévoles, qui vont chercher des animaux sauvages blessés déposés dans des cliniques vétérinaires, qui acceptent d’être des points relais. L’association a besoin de bénévoles "rapatrieurs", mais aussi de volontaires pour être formés et aider au long cours.

"La nourriture coûte entre 20 et 25.000€ par an. On a une centaine d’espèces différentes. Il faut être prêt à toute éventualité. Ce sont des produits extrêmement coûteux. Pour les martinets, on doit acheter des insectes. En juin ou juillet, les factures vont monter à 5.000€. On lance aussi un appel aux communes, qui peuvent nous soutenir financièrement pour embaucher des salariés."

Alexandre Portmann est arrivé en 2016. Passionné d’animaux et de photographie, au fil du temps, il est devenu une sorte de docteur House de la faune sauvage en Lorraine. "Ce qui me passionne, c’est de trouver ce qu’ont les animaux, de les soigner et d’avoir le bonheur de les relâcher dans leur milieu naturel. Actuellement, on a une jeune fille passionnée, qui a découvert cela à l'âge de 14 ans. Depuis, elle est avec nous. Elle fait des études pour  devenir soigneuse."

Un projet d’hôpital

L’association qui existe depuis 2013 a aussi projet d’hôpital. "Actuellement, on a un mini-labo pour faire des analyses de base pour venir en aide aux animaux. Mais, on aimerait passer à la phase suivante avec une équipe vétérinaire et la possibilité de réaliser des opérations. On pourrait aussi mettre en place un refuge pour les tortues. On parle d’un budget conséquent de plusieurs centaines de milliers d’euros."

Le Centre de soins de la faune sauvage de Valleroy est ouvert tous les jours. Il couvre les quatre départements lorrains. 

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