Les brasseurs lorrains subissent de plein fouet la hausse du prix des matières premières. 10% d’entre eux ont annoncé qu’ils allaient mettre la clé sous la porte cette année. Reçu à Matignon en fin de journée, le président du Syndicat national des brasseries indépendantes, également directeur des Brasseurs de Lorraine, va demander une aide exceptionnelle à la trésorerie.
C’est une situation catastrophique pour le secteur des brasseries artisanales que nous décrit François Drouin, président des Brasseurs de Lorraine et président du Syndicat national des brasseries indépendantes, à quelques heures de sa visite ministérielle. Avec la hausse du prix de l’énergie et des matières premières, c'est une activité en plein boom, celle des brasseries artisanales, qui est en train de vaciller.
Il y avait une belle dynamique pour le secteur qui est stoppée nette
François Drouin, président du Syndicat national des brasseries indépendantes
Si le prix de l’énergie a été plafonné, la hausse a néanmoins été répercutée par les fournisseurs. "C’est pour le verre que c’est le plus problématique. Pour nous cela représente les 2/3 du prix de revient. Le prix de certaines bouteilles a été multiplié par deux, cela plombe totalement la trésorière des brasseurs artisanaux", explique François Drouin.
Les Brasseurs de Lorraine implantés à Pont-à-Mouson produisent en moyenne 3.500 hectolitres de bière par an, c’est la plus grosse brasserie artisanale de Lorraine qui compte au total 80 entités brassicoles. Parmi elles, la brasserie de Clémery auréolée du titre de meilleure bière ambrée du monde, lors du Frankfurt International Trophy 2023.
Une aide exceptionnelle à la trésorerie
François Drouin sera reçu en fin de journée à Matignon. Par qui, il ne le sait pas encore, mais il sait ce qu’il veut : une aide exceptionnelle à la trésorerie de 50 euros pour 1000 bouteilles achetées pour les brasseurs. Une aide à la trésorerie sur le modèle de ce qui a été accordé aux pêcheurs pour le gasoil. "Ces 50 euros, cela représente la moitié des pertes que nous avons subies", précise-t-il.
Sans cette aide, de nombreuses brasseries vont mettre la clé sous la porte. Après un sondage réalisé en fin d’année, 10% ont déjà annoncé qu’elles fermeraient en 2024. C’était le cas de la brasserie No Beer Nation à Vittel pour le dernier week-end de l’année."Bruno Le Maire nous dit que les prix vont baisser mais pour l’instant, on ne voit rien venir sur les factures", estime le président du Syndicat national des brasseries indépendantes.
Les clients ne doivent pas payer la note
Face à la hausse des prix des matières premières, les brasseurs ont dû augmenter leurs prix dans une certaine limite. Chez les Brasseurs de Lorraine, hors de question de les augmenter cette année : "En 2023, nous avons augmenté nos prix de 5%, au lieu de 10%, pour que les tarifs restent corrects. Pour cette nouvelle année, on n'augmentera pas, ça n’est pas au client de payer la note", assène François Drouin.
"Nous, on a 20 ans d’existence et d’expérience, on arrive encore à gérer mais pour tous ceux qui se sont lancés ces derniers mois et qui ont des dettes, c'est très difficile. Ce qui est dommage aussi, c'est qu’il y avait une belle dynamique pour le secteur qui est stoppée nette, pourtant les Français veulent consommer local".
Certaines enseignes de la grande distribution ont ainsi déjà fait machine arrière en revenant aux bières industrielles à bas prix exclusivement proposées en rayon, comme Aldi. Ce début d’année sera donc déterminant pour l’avenir des brasseries artisanales.