ENTRETIEN. "Je ne croyais pas à la fin du PS, mais là je m'interroge", dit Christian Eckert, ancien secrétaire d’État au Budget

Christian Eckert, ancien député lorrain et ancien membre du gouvernement Hollande a quitté le Parti socialiste il y a deux ans. Avant l'ouverture du congrès du PS à Marseille et en plein psychodrame autour de l'élection contestée d'Olivier Faure en tant que premier secrétaire, Christian Eckert nous livre son analyse sur cette situation inédite.

Christian Eckert, quel regard portez-vous sur le psychodrame à la tête du PS avec deux hommes, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, impossible à départager ?

C'est un regard attristé de voir ces déchirements sur des questions qui auraient pu se régler. On est au 21ème siècle, on arrive à envoyer des drones, à analyser des milliards de cellules du corps humain et on arrive pas à totaliser les voix de 20.000 adhérents au PS, c'est navrant. Je connais les causes, certains n'ont pas réglé leurs cotisations d'élus, c'est un sujet souvent peu évoqué et il y a des accords, de la bienveillance pour ceux qui votent bien, la sévérité pour ceux qui votent mal, c'est navrant.

Je ne fais plus partie du Parti socialiste depuis près de deux ans. Je l'ai quitté au moment des élections régionales, après 40 ans de vie socialiste. Olivier Faure avait selon moi sacrifié la région Grand Est avec des perspectives qui me déplaisaient beaucoup. Je ne me mêle plus de ce qui se passe au parti mais j'ai toujours des contacts avec Carole Delga, Bernard Cazeneuve, Mickaël Delafosse etc.

Est-ce que le PS n'est pas aujourd'hui dans le pire des scénarios, est-ce que ça n'est pas la fin la parti qui se profile ?

Depuis quelques années beaucoup d'éditorialistes annoncent la mort du PS, je n'y croyais pas, mais là je commence à m'interroger sérieusement à cause de ce qu'il se passe. Ils sont la risée de l'ensemble des observateurs, il n'y a pas de perspectives, je ne sais pas s'il y aura un rabibochage de dernière minute, je crois que ça n'est pas impossible. Mais ça sera sans doute un rabibochage sur des bases très fragiles.

Les élus PS sont-ils encore audibles ?

Il y a des élus qui sont audibles, ceux qui ont des responsabilités comme maires, présidents de région ou de département mais le parti en lui-même et son premier secrétaire n'est pas particulièrement audible. On entend souvent des réactions d'opposants à l'extrême droite et à l'extrême gauche mais personne ne demande aux socialistes ce qu'ils pensent. Je suis inquiet avec les positions de la Nupes et une forme de populisme avec des promesses non tenables qui me font peur. Quand on a exercé des responsabilités comme moi, on a parfois un peu plus le sens des responsabilités, on ne promet pas l'impossible, on sait qu'il y a des compromis et des contraintes y compris financières, c'était plutôt mon domaine, qui nous ramène à plus de modestie, la Nupes devrait le savoir.

Macron a fait illusion en se faisant passer pour un centriste de gauche, on voit aujourd'hui qu'il n'en est rien, je l'ai dénoncé dés le début. Il faut une force de gauche responsable. Et je pense qu'il va se passer des choses dés la semaine prochaine après le congrès du PS. Je ne sais pas s'il va y avoir une scission mais j'ai des amis qui sont restés au PS parce qu'ils pensaient pouvoir être majoritaires et ramener le parti à plus de raison. Si ça n'est pas le cas et qu'Olivier Faure est confirmé, beaucoup de ces gens là m'ont dit qu'ils partiraient. On m'a déjà demandé de revenir. S'il y avait une structure, un parti, un mouvement où l'on pouvait retrouver des gens clairement à gauche, c'est mon cas, d'une gauche responsable et non démagogique, il n'est pas impossible que je revienne dans une démarche de construction.

Vous pensez avoir fait partie du dernier gouvernement socialiste ?

Pour l'instant, le plus grand danger c'est de voir le Rassemblement national occuper le pouvoir. Et ce qui est dommage, c'est que Macron n'a jamais réalisé qu'il n'avait pas été élu sur la base de son programme mais élu sur la base de l'opposition au RN, or la plupart de ses réformes, il les présente comme la réalisation de ses promesses de campagne, Laurent Berger (le président de la CFDT) l'a d'ailleurs très bien dit. Pour répondre à votre question, si c'était le dernier gouvernement socialiste auquel j'avais participé, évidemment que je serais attristé, mais on ne sait pas ce que nous réserve l'histoire.

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