La fille de Sylvie Leclerc a estimé mercredi 23 mars 2016, devant les assises de Nancy (Meurthe-et-Moselle) que sa mère avait "bien fait" de tuer son père, un revirement par rapport à ses déclarations aux enquêteurs, au 3e jour du procès. Verdict attendu ce soir.
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"Je pense que c'était la seule issue pour ma mère et qu'elle a bien fait de faire ce qu'elle a fait. Il me faisait très peur, même s'il ne m'a jamais frappée", Aude, fille unique de Sylvie Leclerc et de Gérard Schahan, à l'audience.
S'adressant directement à sa mère depuis la barre, Aude Leclerc lui a lancé, très émue: "Maman, tu as bien fait de le tuer. Il est mieux là où il est", ajoutant que "c'était salutaire pour lui, il aurait fini par se suicider".
"Je ne dis pas que c'était un sadique, mais depuis que je suis devenue mère et que je suis mariée, j'ai un élément de comparaison, et je me rends compte que mon père avait une emprise sur ma mère, sur moi et sur tout son entouragee", a déclaré la jeune femme de 27 ans.
Ces déclarations constituent un revirement important par rapport à celles faites aux enquêteurs.
Elle avait alors déclaré n'avoir jamais vu son père commettre un acte de violence sur elle ou sur sa mère. Elle avait également décrit son père, éboueur de 58 ans, comme un homme doux et gentil, mais dépressif et renfermé.
Sylvie Leclerc avait affirmé mardi devant la cour que son compagnon était "jaloux" et "colérique", qu'il l'insultait et la contraignait à des rapports sexuels longs et douloureux, inspirés de films pornographiques.
Aude a confirmé mercredi avoir été le témoin auditif de ces relations imposées par son père à sa mère.
A l'instar de proches de Gérard Schahan entendus mardi, elle a toutefois aussi décrit son père comme un homme profondément meurtri par le départ de Sylvie, pendant une phase de rupture qui avait duré environ six mois.
"Quand elle est partie, mon père était perdu, on aurait dit un oiseau tombé du nid. Il pleurait tout le temps", a-t-elle dit.
"La voix du mal"
En fin de journée, le Dr Jacques Henry, expert psychiatre qui a rencontré Sylvie Leclerc en détention, a pour sa part estimé que "la relation d'emprise était pour partie partagée entre les deux conjoints", soulignant qu'"il existe quelque chose dans la personnalité de Sylvie qui a pu participé à établir cette relation".Pour le médecin, Sylvie Leclerc, qui parle de "la voix du mal" qui lui aurait dicté son geste, "ne présente pas d'abolition du discernement, mais est atteinte d'un trouble psychique susceptible d'avoir altéré son discernement au moment des faits".
Le verdict est attendu ce jeudi.