"La mode déshabillée" (Casterman) paraîtra le 24 février. Zoé Thouron, autrice nancéienne de bande dessinée et Frédéric Godart, sociologue se sont plongés dans l’univers de la mode à travers les époques. Une enquête fouillée et drôle à découvrir d’urgence.
De Platon aux influenceuses "youtubeuses" ; des claquettes chaussettes, à la petite robe noire en passant par le dandysme, Zoé Thouron et le sociologue Frédéric Godart nous entraînent dans un voyage dans l’Histoire de la Mode. Une BD documentaire qui s’affranchit de tous les codes du genre. Dès les premières cases, le ton est donné et il sera déjanté. Marie-Antoinette fait irruption dans la page et avec elle Rose Bertin, marchande de modes devenue "Ministre des modes" de la jeune reine. Zoé met en scène l’enquête qu’elle est en train de dessiner et ses échanges avec Frédéric Godart.
C'est un peu le super pouvoir d’un auteur de bande dessinée. On peut faire et dire ce qu'on veut, même si c’est suréaliste
Un carnet de Voyage
"La mode déshabillée" dans sa forme prend des allures de carnet de voyage. On peut y voir une carte, celle de l’Europe plus ou moins en tout cas façon Zoé Thouron, des vêtements suspendus ou croqués comme on le ferait dans un carnet de voyage. "Un vrai safari de la mode". Zoé a la précision du dessin de presse, habilement étiré jusqu'à la limite de la caricature. Mais sans jamais la franchir. Les situations sont cocasses, parfois anachroniques, volontairement. Zoé la candide, Frédéric le puit de science. Zoé le pousse, le questionne et l’oblige à prendre de la distance. "Pouf " ! Voilà Marie-Antoinette qui apparaît, car elle s'est invitée pour le reste du voyage. Elle permet aux deux enquêteurs de changer de lieu et d’époque sans prévenir ou presque. Un peu comme dans la machine à voyager dans le temps, on lance le compteur sans trop s’avoir où on va atterrir.
Chacun, à travers la mode, joue un rôle et exprime son identité pour soi-même et pour les autres
La mode est "une présentation de soi, un acte social", explique le sociologue Frédéric Godart. "Chacun, à travers la mode, joue un rôle et exprime son identité pour soi-même et pour les autres." Pour "La mode déshabillée", le duo a trouvé un terrain de jeu fabuleux. On se délecte du "Panthéon de la mode qui regorge de figures, qui sont autant de légendes". On apprend l’origine de la petite robe noire et on n'est pas déçu, tout comme celle de marinière. On croit savoir, mais on ne savait pas à quel point la mode, c’est d’abord le style. On découvre comment Tokyo reste influente sur la "street fashion".
Les couleurs de Zoé
Zoé Thouron a tenu à faire elle-même les couleurs. "J'ai une palette de couleurs dans la vie : les verts les rouges… Je n'ai pas voulu confier le travail à un coloriste. Mais je ne pensais pas que cela prendrait autant de temps. C'est la première fois que je fais un album que je colorise moi-même. C'est un sujet, pour lequel je ne pouvais pas me résoudre à laisser la main à quelqu'un d'autre."
Économie et écologie
La mode est une industrie qui repose sur la créativité. En 2019, elle pesait 1569 milliards d’euros. Du point de vue du développement durable, elle est loin d’être un modèle. Cela fait partie de l’Histoire aussi et la BD ne l’oublie pas.
France 3 Lorraine avait consacré un reportage à Zoé Thouron et Charlie Zanello en 2020. Il est à découvrir ici :