Les listes rouges des espèces menacées du Grand Est sont un état des lieux détaillés du niveau de menace pesant sur les espèces de la faune et de la flore. Il s’agit d’évaluer le risque d'extinction de milliers d'espèces et de sous-espèces. Yves Muller est le président de ODONAT Grand Est à l'origine des ces listes. Il répond à nos questions.
Pour la première fois, l’Office des Données Naturalistes du Grand Est, ODONAT Grand Est, a dressé des "Liste de référence et Listes rouges". Il s'agit d'un inventaire le plus complet possible sur la biodiversité de la région, Les associations du réseau ODONAT Grand Est produisent, depuis 2018, une vingtaine d’indicateurs faune de l’Observatoire Grand Est de la Biodiversité (OGEB).
Vendredi 22 septembre 2023, retrouvez les réponses de Yves Muller. Il est l’auteur d’une centaine de publications scientifiques. Il est président de la LPO Alsace. Il est président de ODONAT Grand Est.
L’Union internationale pour la conservation de la nature publie régulièrement des listes rouges. Peut-on expliquer l’intérêt d'une telle liste, publiée pour la première fois dans la région Grand Est ?
Sept experts régionaux ont travaillé à la validation et la synthèse des données. Il faut savoir que les listes rouges sont faites à différents niveaux géographique. On examine le risque d’une disparition d’une espèce et nous rédigeons des listes mondiales, françaises et régionales. Et cette année pour la première fois, nous avons fait une liste du Grand Est. Nous avons mené ce travail depuis trois ans, et il n’est toujours pas terminé, l’objectif étant de cerner les espèces qui risquent de disparaître ou qui sont en forte régression. Pour le moment, nous avons mis en place quatre groupes : les mollusques, les amphibiens, les reptiles et les libellules. Ainsi, les mollusques forment un groupe particulièrement fragile.
Ce qui est inquiétant c’est que dans la région Grand Est comme en France il y a de plus en plus d’espèces vraiment menacée. Par exemple, les oiseaux menacés sont en augmentation mais aussi toutes les espèces qui évoluent en milieu humide.
Yves Muller, président ODONAT Grand Est
Quels animaux trouve-t-on sur cette liste ?
Le travail se poursuit encore. Nous travaillons actuellement sur les oiseaux niches et les oiseaux hivernant. Nous continuons le travail également sur les mammifères. Nous allons mettre en place des recherches sur un groupe d’insectes par exemple le papillon ou les orthoptères. On retrouve le crapaud vert, l'aeschne des joncs, ou l'agrion exclamatif.
Quel est votre constat ?
Ce qui est inquiétant c’est que dans la région Grand Est, comme en France, il y a de plus en plus d’espèces vraiment menacée. Par exemple les oiseaux menacés sont en augmentation mais aussi toutes les espèces qui évoluent en milieu humide. La cause principale est bien sûr le réchauffement climatique mais aussi une disparition de ces milieux dans lesquelles vivent ces espèces. Il ne faut pas oublier également l’intensification de l’agriculture.
Requins, serpents, amphibiens, lézards... à terme, les spécialistes redoutent un effondrement de la biodiversité. Très souvent, les espèces sont en danger en raison du dérèglement climatique.
Un indicateur
En France les listes rouges régionales constituent un indicateur. Elles sont élaborées avec un vaste réseau d’experts. La Liste rouge de l'UICN constitue l'inventaire mondial le plus complet de l'état de conservation global des espèces végétales et animales. Elle s'appuie sur une série de critères très précis.