Champigneulles : la plus britannique des brasseries françaises dans le doute à l’heure du Brexit

La Grande-Bretagne est le premier client de la Brasserie de Champigneulles qui y écoule 30% de sa production. La direction s’interroge sur les conséquences possibles pour son activité du Brexit annoncé pour le 31 octobre 2019.
 

Sur les canettes en aluminium qui défilent à toute allure, le nom de la bière est français. Mais c’est bien le seul indice qui peut la relier à son origine de production. Une fois en main, il est facile de se rendre compte que sa destination finale n’est pas le marché hexagonal : elle est conditionnée en pinte, soit 44 centilitres. Elle sera vendue comme marque distributeur outre-Manche, et fera partie des 700 000 hectolitres qui sont expédiés par le rail puis le ferry vers l’Angleterre.

Au Royaume-Uni on exporte 30% de notre production, qui se compose à 90% de bières que nous brassons pour nos clients anglais mais nous vendons aussi notre propre marque
Fernanda Ferro, responsable service commercial et packaging Brasseries de Champigneulles.


La direction de l’usine a bien conscience de la problématique du Brexit. Mais à quelques semaines de l’échéance, elle se trouve bien dépourvue : "nous n’avons pas d’informations précises sur ce qui va se passer, est-ce qu’on va avoir des droits de douane, comment on va faire passer circuler nos marchandises, est-ce qu’on va réussir à livrer à temps ?

En fait, on attend, on ne sait rien
-Patrice Colin, directeur.


La principale difficulté qui pointe pour la premier producteur français, c’est la problématique liée au transport. Le brasseur s’engage par contrat à laisser à ses clients au moins neuf mois de commercialisation pour un produit dont la date de consommation est de douze mois : ça veut dire qu’il doit livrer sa bière au maximum 3 mois après sa fabrication. Si les stocks sont bloqués sur la route, comme ça a déjà été le cas dans le passé, l’usine de Champigneulles pourrait ne pas réussir à honorer ses contrats, et donc perdre des clients. " C’est possible, mais on reste optimiste. De toute façon notre politique c’est de nous diversifier au maximum, de ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier "

On pourrait perdre 20% des volumes anglais, mais on s’en sortirait par ailleurs.
-Fernanda Ferro.


La production destinée à la Grande Bretagne est expédiée par rail depuis Champigneulles jusqu’au Havre, où des camions prennent le relais et le ferry pour livrer ensuite en Angleterre.
A côté des deux lignes qui produisent deux millions et demi de pintes par jour, la brasserie de Champigneulles met en bouteille depuis janvier un produit sans alcool : des « tonic » aromatisés. " C’est une demande de nos clients de la grande distribution anglaise et allemande, qui nous a incité à lancer ces productions. On a une quinzaine de parfums différents mais c’est vraiment pour les marchés à l’export, les consommateurs français ne sont pas friands de ces goûts disons… particuliers " résume avec humour le directeur qui nous fait goûter un « tonic » au gingembre ultra sucré et poivré : " C’est pour les cocktails, ils mélangent ça avec des alcools forts " .
Diversifier la production c’est l’atout numéro 1 de la brasserie qui avait failli disparaitre en 2006, alors qu’elle n’employait plus qu’une centaine de salariés. Aujourd’hui, les lignes tournent à plein, et les effectifs ont plus que doublé. " On va même reprendre la production de bières en fûts, ce qu’on a plus fait depuis très longtemps, preuve que le marché est porteur " .
 
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