Saint-Gobain PAM à Blénod-lès-Pont-à-Mousson a annoncé mercredi 21 juin 2023 des mesures de chômage partiel pour 1500 salariés. Le directeur du site en explique les raisons et se veut rassurant. Les syndicats se montrent plus réservés.
L'annonce mercredi 21 juin 2023 par la direction de Saint-Gobain PAM de Blénod-lès-Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle) de mesures de chômage partiel pour 1500 salariés a généré une forte inquiétude dans le bassin mussipontain. Cette annonce est d'autant plus violente qu'elle succède à une importante campagne de recrutements. En juillet 2022 le groupe lançait un plan massif d'embauches avec 130 postes à pourvoir dont la majorité en Lorraine.
Mais depuis janvier 2023, les projections de développement des marchés des canalisations d'eau sur le marché français ne se sont pas réalisées, affectant la rentabilité de Saint-Gobain PAM.
Jérôme Lionet, le directeur général du site explique : "en 2022 nous avons eu une très bonne croissance mais depuis quelques mois nous constatons un arrêt des marchés de l’eau. Des marchés passés par les collectivités locales qui n’arrivent pas à faire face à l’inflation générale. Elles ne peuvent plus financer leurs besoins." Dans ce contexte difficile, Jérôme Lionet confirme la nécessité des mesures de chômage partiel qui débuteront le 21 août et pourraient s'étendre à l'automne.
Il est indispensable de redimensionner le "plan eau" à la hauteur des enjeux climatiques
Jérôme Lionet, directeur général de Saint-Gobain PAM
Il demande aussi à l'Etat de soutenir le marché intérieur en aidant financièrement les collectivités locales : "il faut des mesures budgétaires pour permettre aux collectivités locales de faire face à leurs investissements. Il est indispensable aussi de redimensionner le plan eau. Il est sous-dimensionné par rapport aux enjeux du changement climatique. Quand la France met 200 millions d'euros, l’Italie met 4 milliards et l'Espagne 2,5 milliards." Une demande transmise de vive voix jeudi 22 juin au président du Sénat Gérard Larcher en visite dans l'entreprise.
De son côté Julien Hézard délégué CGT estime que la direction a été trop optimiste dans ses perspectives de développement du marché intérieur en 2022 : "la direction a tardé à ralentir la machine. Depuis le mois de février on voit une vraie décorrélation entre les entrées en commande et ce que l'on produit." Le ralentissement des investissements dans les canalisations d'eau potable n'est pas une surprise pour le syndicaliste à cause du transfert récent de la compétence de la gestion des eaux aux intercommunalités : "ça veut dire que les gros travaux d'investissements ne vont pas se faire tout de suite, sans compter qu'en France on tolère des fuites d'eau jusqu'à 40 % !" Il défend aussi la création d'un vrai service public de l'eau.
Seul point où CGT et direction s'accordent : les tensions dues à la guerre en Ukraine et l'inflation. Le syndicat demande aussi le maintien du salaire dans son intégralité pour les salariés concernés par le chômage partiel et touchés comme l'ensemble de la population par l'inflation.
Le défi : s'adapter à des cycles de plus en plus rapides
Le directeur du site, Jérôme Lionet se veut rassurant pour l'avenir car avec le changement climatique, les besoins en eau potable sont là. Il fait aussi le constat de la nécessité de s'adapter face à des cycles conjoncturels de plus en plus rapides. Le monde de la sidérurgie connaît depuis toujours ces cycles en dents de scie. Reste à s'adapter à cette accélération ce qui n'est pas une mince affaire car une fonderie de la taille de Saint-Gobain PAM est une énorme machine qui n'a pas l'agilité d'une PME.
Saint-Gobain PAM Canalisation est le leader mondial de la fabrication et de la commercialisation de solutions complètes pour le transport des eaux potables. L'entreprise emploie 180.000 personnes dans le monde dont près de 2000 en Meurthe-et-Moselle.