Les Collectifs des Scientifiques en rébellion dénoncent les investissements de BNP Paribas dans les énergies fossiles. Ils ont investit mardi 10 mai 2023 plusieurs agences bancaires dans le cadre d'une opération nationale de sensibilisation au réchauffement climatique
Une dizaine de scientifiques en blouses blanches ont investi mercredi 10 mai 2023 l'agence de la banque BNP-Paribas de Nancy ( Meurthe-et-Moselle ). Ils ont demandé à rencontrer la direction afin de dénoncer les investissements de la banque dans les projets d'exploitation des énergies fossiles responsables du réchauffement climatique. Cette opération entre dans le cadre de deux journées d'actions nationales, organisées par les Collectifs Scientifiques en rébellion, Alternatiba, ANV-COP21 et Stop Eacop.
Fabienne Barataud, ingénieure à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement ( INREA ) de Nancy explique que continuer sur la voie de la croissance à tout prix est suicidaire pour l'humanité : " c'est bien l'activité humaine qui est la cause du réchauffement climatique. Depuis l'ère préindustrielle, on a déjà pris au moins 1 degré, voire 1,2 degré de réchauffement global et on sait qu'à 1,5, degré, il y aura un point de basculement avec un effet domino irréversible."
BNP Paribas avait déjà été destinataire en février 2023 d'une lettre ouverte publiée dans l'Obs et signée par 600 scientifiques dont des membres du Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)
Les scientifiques sont allés à la rencontre des employés et des quelques clients surpris par cette irruption inhabituelle dans le calme feutré de l'établissement. Le courant n'est pas vraiment passé, les uns voulant convaincre de l'urgence à changer de politique d'investissements et les autres, répondant qu'ils n'avaient pas pouvoir sur les choix stratégiques de la banque voire, autre chose à faire.
" En avril 2021, BNP Paribas adhère à la Net Zéro Banking Alliance ( NZBA ), un programme des Nations Unies pour inciter les banques à sortir des énergies fossiles. Un an plus tard, la banque consent un prêt de 10 milliards de dollars à Aramco, la société saoudienne ayant le plus de projets d'expansion pétrolière et gazière au monde." déplore le collectif de scientifiques. L'ONG Reclaim finance épingle aussi le double-jeu de la Société Générale, du Crédit agricole et de Natixis qui ont aussi souscrit à l'émission d'obligations de la société Aramco.
Leila Mouedden est doctorante en physique théorique. La jeune femme que l'on devine peu encline aux opérations commandos, estime que les scientifiques ne peuvent plus se contenter de donner les preuves de la responsabilité de l'homme dans le réchauffement climatique. Ils doivent sortir de leurs laboratoires pour être enfin entendus : " en tant qu'experts dans différents domaines scientifiques, nous nous devons de sensibiliser les gens. Nous sommes convaincus que tous les scientifiques devraient s'engager face à la crise écologique qui nous attend "
La directrice l'agence est venue à leur rencontre pour un échange courtois. Les scientiques ont fait part de leurs arguments et demandé à ce que leur alerte soit remontée au plus haut niveau de la banque, à l'occasion notamment du conseil d'administration de la banque qui doit se réunir 16 mai prochain.
Contactée à son siège, BNP Parisbas déclare dans un communiqué : " que les dégradations qui se sont produites dans ses agences sont inacceptables." [ ce n'est pas le cas à Nancy, NDLR ] Elle rappelle qu'elle est la banque " qui est investie de la manière la plus déterminée dans le désengagement des énergies fossiles et dans l'acclération des financements aux énergies bas-carbone, essentiellement renouvelables." Elle précise qu'elle ne fait plus de financement de projets pétroliers depuis 2016 et s'est engagée à réduire de 80% son exposition de crédit à l'exploration-production de pétrole et 30% pour le gaz à l'horizon 2030. Enfin, La banque affirme dans ce même communiqué qu'elle ne finance pas le projet EACOP d'oléoduc entre l'Ouganda et la Tanzanie de TotalEnergies.
Extinction Rébellion de son côté a mené une action de dénonciation dans la nuit du mercredi 9 mai 2023 à Metz (Moselle). Cette fois c'est une agence du Crédit Agricole du centre-ville qui a été la cible des militant.e.s. du mouvement social écologiste international. Les distributeurs ont été maculés de peinture noir-pétrole. Des inscriptions à la bombe de peinture et des affiches placardées dénoncent le partenariat de la banque avec TotalEnergies ainsi que " les violations des droits humains" et "pratiques écocides" de la société pétrolière en Afrique.