Coronavirus: un risque de contamination des boues d'épuration à destination de l'épandage agricole

Les autorités sanitaires recommandent de ne pas épandre de boues d'épuration non hygiénisées (non traitées) sur les terres agricoles. Il y aurait un risque de contamination au Covid-19. Les professionnels doivent s'adapter.


Les boues d'épuration, provenant des stations de traitement des eaux usées, doivent être obligatoirement hygiénisées avant leur épandage sur des terres agricoles. C'est la recommandation de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), début avril 2020, qui craint une contamination au Covid-19. 
Le coronavirus pourrait se retrouver dans les selles, donc dans vos toilettes et, en bout de chaine, tout cela finit à la station d'épuration. Les boues d'épuration en sont le principal déchet.

La présence de virus ou de bactéries dans les stations d'épuration n'est pas inédite. "Il y avait déjà des agents pathogènes avant cette crise, il y en aura après", explique le vice-président délégué à l'assainissement au Grand Nancy, Bertrand Kling.

Les boues sot chauffées à 160°C ; le coronavirus n'y résiste pas
- Bertrand Kling, vice-président délégué à l'assainissement au Grand Nancy

A la station d'épuration (Step) de Maxéville, plus de 40% des 100 tonnes de boues produites chaque semaine sont hygiénisées, et depuis longtemps. Il s'agit d'un traitement thermique et/ou chimique : les boues sont chauffées à 160°C. Le coronavirus disparait dès 60°C. "Depuis longtemps, nous sommes habituer à éliminer ces agents pathogènes. Rien ne résiste après 3 minutes à 160°C", décrit Bertrand Kling.

"Il n'y a donc pas de raison de changer l'utilisation des boues hygiénisées, précise le directeur départemental des Territoires de Meurthe-et-Moselle, Yann Dacquay. Toutefois, les contrôles seront renforcés et les taux de chaulage [quantités de chaux ajoutées, NDLR] seront augmentés.

Pas d'épandages à risque depuis le 15 mars

L'interdition d'utilisation concerne les boues produites après le 15 mars (la date peut changer de quelques jours d'un département à l'autre). Leur utilisation est donc suspendue.

Selon la Chambre d'agriculture, il n'y a pas eu d'épandage potentiellement contaminés sur le territoire. "Les épandages de printemps ont été réalisés avant le 15 mars 2020, ou l'ont été avec des boues produites bien avant", affirme Marc Allain, chargé de la mission recyclage agricole auprès de la Chambre d'agriculture de Meurthe-et-Moselle.

En Meurthe-et-Moselle, la majorité des épandages de ces boues ont lieu entre juillet et septembre, sur les parcelles de colza, de blé ou d'orge, au moment de la croissance de la plante. Celle-ci absorbe directement l'amendement ainsi déposé. "Le stock de boues pourrait être moins conséquent à l'été, explique Marc Allain. Mais il n'y a pas d'inquiétude pour l'instant."

Il n'y a pas d'inquiétude concernant les stocks
- Marc Allain, chargé de la mission recyclage agricole auprès de la Chambre d'agriculture de Meurthe-et-Moselle

Les services de l'Etat assurent qu'il n'y a pas de risque de pénurie; les stocks des stations et des agriculteurs sont supérieurs à une année. "Nous ne subissons pas une crise, nous rencontrons une difficulté mais nous ne sommes pas dans une gestion d'urgence", assure Yann Dacquay.

Garder confiance dans la filière

Les agriculteurs n'auraient donc pas de raison de douter des boues fournies pour l'épandage. Par le passé, il n'y a jamais eu de contamination qui a impacté l'ensemble de la production. Mais il y a déjà eu des pollutions présentes localement, au mercure ou au cuivre par exemple.

L'Etat a un devoir de transparence. "Dès que l'Etat a connaissance d'une pollution, il a toujours agi, rassure Marc Allain. Aujourd'hui comme hier, nous n'avons aucun doute quant à la qualité des boues d'épuration fournies."

Nous devons soutenir nos agriculteurs.
- Yann Dacquay, directeur départemental des Territoires de Meurthe-et-Moselle

Pour la préfecture, il est important que le monde agricole garde confiance dans les services de l'Etat et dans les opérateurs (collectivités ou entreprises) de la filière. "Nous devons soutenir nos agriculteurs. Il accepte les déchets de tout le monde, il faut en garantir la bonne production", explique de directeur départemental des Territoires, Yann Dacquay.

Dans l'attente de nouvelles recommandations, les boues non hygiénisées, produites par la station d'épuration de Maxéville, sont stockées.
 
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