Crise des urgences : François Braun hérite d'une mission, "il connaît très bien ce sujet, il n’est pas à la recherche du buzz"

Le président Emmanuel Macron a confié au messin François Braun une "mission-flash" pour dresser un bilan des difficultés rencontrées par le service des urgences. L'objectif, c'est de proposer mais surtout trouver des solutions. Un défi de taille à l'approche d'un été qui s'annonce déjà délicat.

Le chef des urgences du CHR de Metz-Thionville, François Braun, est missionné par le président de la République, Emmanuel Macron, pour dresser un bilan de la crise des services d'urgence en France. Pour le messin, aussi président de Samu-Urgences France, l’idée n’est pas de dresser un énième rapport sur la situation des urgences, mais surtout de trouver des solutions concrètes et applicables avant et pendant l'été, période où l'hôpital est à flux tendu.

"Cette crise des urgences, n'est pas une problématique des urgences. Les urgences sont à l'interface entre la médecine de ville et la médecine d'hôpital. Elles concentrent les problèmes des deux." Invité ce mercredi 1er juin 2022 sur France Info, le médecin urgentiste François Braun a dressé les principaux enjeux de la mission qui lui a été confié et dont il devra assurer un retour le 1er juillet. L'objectif, pour l'ancien référent santé du président pendant sa campagne présidentielle : cibler et chiffrer les manques par territoires, afin de proposer des solutions à la crise des hôpitaux. 

L’enjeu va être de trouver la solution à la difficile équation entre les déserts médicaux et le désengorgement des urgences

Christian Rabaud, infectiologue au CHRU de Nancy

"L’enjeu va être de trouver la solution à la difficile équation entre les déserts médicaux et le désengorgement des urgences", explique l'infectiologue nancéien Christian Rabaud, qui rappelle que le problème sous-jacent à la crise des hôpitaux est celui de la pénurie de médecin en campagne. "L’accès au médecin spécialiste n’est pas si simple quand on ne passe pas par un généraliste et quand on n’a pas accès à un médecin généraliste… Du coup, on va directement aux urgences".

Pour lui, une des solutions serait de renvoyer les personnes "qui ne sont pas vraiment malades, par exemple une entorse qui traîne depuis quelques semaines", au profit des personnes dont le soin est vraiment urgent.

Une idée également partagée par Stéphane Maire, représentant CFDT au CHRU de Nancy : "pour que l’hôpital puisse prendre en charge les urgences, il faut arrêter les activités programmées dites de confort... il n’y a pas les moyens de s’occuper de tous les français aujourd’hui."  

François Braun connaît très bien le sujet, il est posé et réfléchi

Christian Rabaud, infectiologue au CHRU de Nancy

Globalement, les deux soignants se disent confiants quant aux propositions futures de François Braun. "Il connaît très bien ce sujet, il a un caractère posé et réfléchi, il n’est pas à la recherche du buzz" argumente Christian Rabaud. Selon lui, le président de Samu-Urgences France saura apporter des solutions de fond pour organiser et optimiser les soins, mais leur mise en œuvre s’avèrera plus compliquée. "L’hôpital public ne manque pas seulement de moyens financiers, mais surtout de moyens humains, et tant qu'il n'y en aura pas, on ne pourra pas ouvrir de lits supplémentaires".

Concrètement, François Braun dispose d’un mois pour rendre son rapport. Une échéance jugée courte, mais indispensable par Stéphane Maire, "l’été arrive vite, et on risque d’être à flux tendus comme tous les ans". Ce soignant avoue croiser les doigts pour qu’une canicule similaire à celle de 2003 ne se reproduise pas cet été "si cela arrive, on a beaucoup de soucis à se faire, car nous ne sommes pas assez, les soignants peuvent aussi prendre des vacances".    

À Nancy, un manque de 300 infirmières, à l'échelle nationale 60.000

Pour le représentant syndical, la publication de ce bilan ne résoudra pas la crise profonde traversée par l’hôpital public après deux ans de pandémie. "À Nancy, nous ne sommes pas les moins bien lotis, et pourtant il manque 300 infirmières sur 2000. Cela contraint à fermer des lits". Selon lui, il faudrait au moins cinq ans pour que des solutions concrètes à l'échelle nationale soient mises en place "en attendant, il va falloir bricoler au jour le jour".

François Braun sait ce qu'il lui reste à faire.

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