Crise énergétique : jusqu'à 1150 % d'augmentation pour le cinéma de Sarreguemines

Comme d'autres secteurs d'activités, les cinémas enchaînent les crises depuis trois ans. A la baisse globale de la fréquentation s'ajoute la crise des énergies et le risque de voir les factures s'envoler. La Fédération nationale des cinémas français demande l'intégration des salles obscures au bouclier tarifaire du gouvernement.

Comment les cinémas vont-ils se sortir de cette nouvelle crise ? Déjà durement touchés par la crise sanitaire et les fermetures de salles, les cinémas n'ont jamais retrouvé la fréquentation d'avant : "c'est 30% de spectateurs en moins" annonce Aline Rolland, la directrice des cinémas d'art et d'essai Caméo de Nancy. Un chiffre dans la moyenne, qui a été rappelé jeudi 6 octobre lors de l'appel aux Etats généraux du cinéma à l'Institut du monde arabe à Paris.

Pour nous c'est trois ans de malheur

Aline Rolland, gérante des cinémas Caméo de Nancy

Aujourd'hui ce sont les factures d'énergie qui inquiètent : "on a d'autres malheurs mais le chauffage, c'est la cerise sur le gâteau" se désespère la gérante "pour nous c'est trois ans de malheur, on bosse sept jours sur sept, on a maintenu toutes nos séances, mais les équipes sont fatiguées, déprimées".

A Sarreguemines le directeur des cinémas Forum a reçu un coup sur la tête en découvrant les prix proposés par son fournisseur d'énergie : "notre contrat arrive malheureusement à échéance le 31 décembre, il fallait le renouveler. Au 1er janvier, Engie nous annonce un tarif de 945 euros/mégawatts pour les heures pleines contre 65 aujourd'hui, c'est 1150% d'augmentation !! Même en heures creuses été, on passe de 26 euros à 224 ! C'est hallucinant" confie abattu Jean-Marc Carpels.

De petites économies

Même si on arrive à baisser la consommation de 20 ou 30% ça ne suffira pas. Ni nous, ni aucun collègue ne tiendra.

Jean-Marc Carpels, directeur des cinémas Forum de Sarreguemines

Depuis cet été, les cinémas Forum appliquent déjà des gestes simples pour faire des économies comme baisser la climatisation et aujourd'hui le chauffage. Des ampoules LED ont été installées et le directeur envisage de changer les appareils de projection mais c'est un gros investissement pour le cinéma de neuf salles. Des petites économies qui ne suffiront pas à compenser l'augmentation faramineuse des factures : "ça n'aura de sens que si on règle le problème. Même si on arrive à baisser la consommation de 20 ou 30%, ça ne suffira pas. Ni nous, ni aucun collègue ne tiendra".

Au caméo de Nancy aussi, on essaie de faire des économies mais on ne peut pas se permettre de ne pas chauffer. "La chaudière n'est pas récente. On n'a pas la main là-dessus. L'eau chaude a été fermée, je n'étais pas au courant. J'ai mis une semaine à comprendre que c'était une décision de la mairie. On nous demande de regarder nos contrats d'énergie mais c'est compliqué à comprendre. De plus aujourd'hui, je dois faire la comptabilité toute seule en plus du reste. C'est difficile" conclut amère Aline Rolland qui se réjouit néanmoins de l'acquisition de deux projecteurs laser en partie financés par les aides de la région Grand est et de la Métropole du Grand Nancy. Des projecteurs laser qui permettent de consommer quatre fois moins d'énergie.

L'intégration au bouclier tarifaire 

Pour Jean-Marc Carpels, la seule solution viable pour les cinémas c'est d'être intégrés au bouclier tarifaire. C'est ce que défend la fédération nationale des cinémas français. "Nous n'avons pas d'autre solution pour survivre car on sait bien que la hausse des prix de l'énergie va s'installer dans le temps".

En visite au centre verrier de Meisenthal ce vendredi 7 octobre, la ministre de la culture Rima Abdul Malak a abordé la question de la sobriété énergétique des lieux culturels : "il y a aura une enveloppe pour les structures les plus impactées par la hausse des prix de l'énergie en particulier les passoires thermiques pour lesquels il faudra réaliser des travaux de rénovation énergétique". On ne sait pas si les cinémas seront concernés.

De son côté la FNCF a élaboré une charte de la sobriété énergétique avec comme mesure forte l'extinction des enseignes lumineuses quand les cinémas sont fermés.

Pour finir sur une note d'espoir, Aline Rolland veut souligner la présence des spectateurs fidèles en particulier pour les soirées en avant premières qui marchent bien. "Dimanche à 18 heures nous accueillons Pierre Deladonchamps pour le film Reprise en main. Ca va être très sympa. Heureusement qu'il y a ces moments-là et la passion du cinéma sinon on ne tiendrait pas. On doit faire plus avec moins, avant il y avait quatre sorties par semaine. Aujourd'hui il y en a 15, c'est difficile de faire exister les films avec cette offre."

La France compte aujourd'hui 6000 salles de cinéma que les professionnels ne veulent pas voir basculer dans l'obscurité totale.

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