EN IMAGES. Des chèvres dans un cimetière pour combattre la très envahissante renouée du Japon

C’est un vrai festin. Dans cette parcelle du cimetière du Sud, à Nancy, les chèvres sont de retour, pour se régaler des feuilles de la renouée du Japon. Un projet d'écopâturage, pour lutter contre l'une des pires plantes invasives de la planète.

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À quelques mètres des locaux de France 3 Lorraine, à Nancy (Meurthe-et-Moselle), un drôle de manège se trame. Huit attendrissantes chèvres de Lorraine viennent d’élire domicile, pour quelques mois, sur une parcelle du cimetière du Sud, située à l’écart des sépultures. Le but de la manœuvre, laisser paître les animaux pour combattre une plante très envahissante, la renouée du Japon.

Malgré son joli nom et son aspect très décoratif, la renouée du Japon est néfaste à la biodiversité et perturbe les écosystèmes. Impitoyable, cette espèce exotique envahissante ne laisse aucune chance aux autres végétaux et à la flore locale. À l’état sauvage, on la trouve souvent en milieu humide, sur les terrains vagues, ou en bordure des voies ferrées et des autoroutes.

Sans intervention, la renouée du Japon peut atteindre des dimensions démesurées. “Pour l'instant, celles-ci ne font que 10 centimètres de hauteur, mais elles peuvent aller jusqu’à 3 mètres si on ne fait rien. La renouée du Japon peut pousser de 20 centimètres par jour quand les températures et l’humidité le permettent”, insiste Loïc Delagneau, responsable de l’espace animalier du parc de la Pépinière et chef du service biodiversité urbaine à la Ville de Nancy.

Heureusement au cimetière du Sud, les chèvres sont de retour pour entretenir cette parcelle d’un hectare, située à quelques mètres des tombes. Cette ancienne zone de stockage de déchets verts est envahie par ces plantes herbacées vivaces. En broutant leurs feuilles et leurs jeunes tiges, ces animaux permettent de limiter la repousse, de façon naturelle. La renouée du Japon n’est pas dangereuse pour les chèvres, qui peuvent en consommer sans crainte.

Cette pratique d'écopâturage, pourtant ancienne, est réapparue dans nos villes ces dernières années et s’avère être une excellente alternative aux pesticides et à l'entretien mécanique. “Cela permet un entretien beaucoup plus doux qu’une tondeuse mécanique, qui est bruyante, polluante et qui arrache tout sur son passage. Le but est d’épuiser les rhizomes de la plante, l’équivalent des racines, qui lui servent de réserve alimentaire”, explique le chef du service biodiversité urbaine à la Ville de Nancy, Loïc Delagneau.

Pour la deuxième année consécutive, la cité ducale compte sur l’appétit des chèvres de Lorraine pour venir à bout des renouées du Japon, qui prolifèrent sur cette parcelle. Les huit caprins ont jusqu’au mois d’octobre, et l’arrivée des premiers gels, pour contrer leur croissance. “Ces chèvres ont entre neuf mois et douze ans. Elles vivent habituellement au parc de la Pépinière à Nancy, pour elles c’est un peu les vacances ici, l'espace est bien plus grand. On vient les voir chaque jour”, se félicite Cindy Vezzoli, soigneuse animalière au parc de la Pépinière.

Ce projet est mené par la Ville de Nancy, en partenariat avec les élèves ingénieurs de l'ENSAIA et le consortium Synergie Plantes Invasives Grand Est. “Nancy a banni le traitement phytosanitaire depuis 2020 dans ses cimetières et dès 2005 dans ses jardins municipaux. Dans les zones écopâturées, il y a beaucoup plus de plantes différentes, de fleurs et d’insectes qu’avant”, souligne Dahman Richter, conseiller municipal délégué au bien-être animal et à la biodiversité.

L’usage de pesticides chimiques de synthèse dans les cimetières est interdit par la loi Labbé depuis juillet 2022. À l’instar de Nancy, de plus en plus de collectivités françaises adoptent cette technique d'écopâturage.

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