C’est le sport du moment. La boxe. Monter sur un ring et faire ses preuves devant les autres. Au Creps à Essey-les- Nancy (Meurthe-et-Moselle), amateurs et champions, garçons et filles, s'entrainent tous les mercredis soir.
La boxe est un sport de combat. Sur le ring, il faut donner des coups, droite, gauche, tout en restant vigilant. Depuis l'été 2016, où l’équipe de France avec Tony Yoka, a brillé sur les rings, les clubs de boxe ne désemplissent pas. "Il y a une vingtaine d’amateurs. Ils ont envie d’apprendre. Le Creps c’est exceptionnel. Regardez notre salle", dit Kader Benyttou, entraineur au Creps depuis huit ans en Lorraine. "Ils ont tous une histoire avec la boxe".
La confrérie de la cogne
Depuis la rentrée de septembre, le club affiche complet. Amateurs et champions, garçons et filles. Devant les entraineurs, ici à Essey-les-Nancy, à côté de Nancy (Meurthe-et-Moselle), pendant l’échauffement ils progressent tous en file indienne. Concentrés. Ils viennent des quartiers populaires. Mais on retrouve aussi des amateurs qui veulent simplement rester en forme. Garder la ligne. Ici, tous les mercredis soir à partir de 19 heures et pendant deux heures, les entraîneurs ne se contentent pas de partager une seule pratique sportive.
Il est aussi question de savoirs spécifiques : valeurs morales, légitime défense, notamment avec les filles, le travail, la patience. "J’ai beaucoup de filles qui sont venues parce qu’elles ont été agressées. Ou parce qu’elles se font malmener dans les écoles. Moi, je ne suis pas là pour attaquer les gens. Je suis juste là pour leur apprendre à se défendre".
Ainsi en 2019, dans le Morbihan en Bretagne, une jeune fille de 14 ans a échappé à un enlèvement grâce à la boxe. Plus de peur que de mal pour cette collégienne. Sa maîtrise et sa pratique de la boxe lui ont permis de fuir. Depuis les confinements, à Nancy, Kader Benyttou voit de plus en plus de filles et de femmes venir aux entrainements. Il raconte : "J’ai une fille qui a été agressé par trois garçons dans un bus à Nancy, et je ne suis pas peu fier de me dire qu’elle s'en est sortie avec des yeux au beurre noir, certes, mais qu’elle ne s’est pas laissée faire. Grâce à la boxe. Ça veut dire qu’en face ils ont été amochés. Elles ne se laissent plus faire".
Stael Mackhoumbou a 19 ans. Il y a quelques semaines, il est devenu champion du Grand Est. En attendant les championnats de France. "J’ai commencé au début du covid. Cette année j’ai pu enchaîner dix combats. Je suis de Paris, mais j’habite à Nancy depuis longtemps. J’aimerai bien en faire mon métier. Je m’entraine trois fois par semaine".
A côté de lui, Joseph Cottarlorda, son entraineur ici au Creps. " Stael s’entraine tous les jours. Il est sérieux. Mais là, il lui manque deux combats pour aller au championnat de France". "Jo" viens de Nice, mais cela fait une vingtaine d’année qu’il vit en Lorraine.
- Est-ce que la boxe ça touche tout le monde ?
- Mais oui. Toutes les classes de la société. Regardez. Il y a un vrai engouement. Et maintenant on se rend compte qu'il y a aussi beaucoup de féminines.
J’ai beaucoup de filles qui sont venues parce qu’elles ont été agressées. Ou parce qu’elles se font malmener dans les écoles. Moi, je ne suis pas là pour attaquer les gens. Je suis juste là pour leur apprendre à se défendre.
Kader Benyttou, entraineur.
Dans son livre Voyage au pays des boxeurs, (éditions la Découverte), le sociologue Loïc Wacquant, rend hommage à ce sport de prestige. "Pour peu qu’on se soumette au régime exigeant du boxeur et qu’on "paye son tribut" sur le ring, on est accueilli à bras ouverts dans la confrérie de la cogne". La boxe anglaise. Le Noble Art. Mohamed Ali, Georges Foreman, Mike Tyson, Joe Frazier, eux, sont rentrés dans la légende.