Etudiant : Studhelp, la plateforme contre la précarité

La précarité étudiante prend de l’ampleur. Avec l’inflation et la hausse des prix de l’énergie, certains peinent à se nourrir. Studhelp est une plateforme qui met en lien des étudiants en difficulté avec des donateurs prêts à leur payer leurs courses. Dans le Grand Est, 240 bénéficiaires sont inscrits. Une étudiante et un donateur témoignent.

Face à la précarité étudiante, grandissante, des dispositifs existent. En Lorraine, Fédélor accompagnent les étudiants en difficulté. Ils sont 33%.

Dans le Grand Est comme pour le reste de la France, certaines initiatives sont méconnues des étudiants. Studhelp met en lien des étudiants en difficulté avec des donateurs qui acceptent de les aider à faire leurs courses.Pour en bénéficier, c'est simple, il suffit de s'inscrire en ligne avec un document qui justifie du statut d'étudiant. Pour être donateur, c'est tout aussi simple. 

240 étudiants du Grand Est sont inscrits sur la plateforme selon Florian Rippert cofondateur de l’association.

Une fois que j’ai payé toutes mes factures, le 5 du mois, il me reste en moyenne 50 € pour vivre.

Manon, étudiante

Manon est étudiante en éthologie. Après un DUT à Nancy et une licence Poitiers, elle est actuellement en Master à Strasbourg. Elle est boursière. Elle nous raconte : "Une fois que j’ai payé toutes mes factures, le 5 du mois, il me reste en moyenne 50 € pour vivre. Je donne des petits coups de main à des restaurants pour avoir un petit complément de revenu". Manon ne prend jamais de rendez-vous médicaux en fin de mois de crainte de ne pas pouvoir les payer.

Elle a découvert Studhelp grâce à une amie. "Le médiateur de la plateforme m’a mise en relation avec Maria. J’ai été surprise. Elle m’a offert un panier qui allait au-delà de mes espérances. Ce qui m’a fait beaucoup de bien. Nous sommes restées en contact. Parfois, on boit un thé ensemble. Les donateurs, qui nous aident dans notre alimentation, nous aident indirectement dans nos études. Ils participent à notre devenir. Je sais que plus tard, quand je serai professionnellement installée, je n’oublierai pas Maria. J’espère que je pourrai lui rendre le bien qu’elle m’a fait. La plateforme a actuellement plus d’étudiants inscrits que de donateurs. Il faut que chacun trouve sa "Maria". 

Manon est aussi inscrite à l’Agoraé, qui est une épicerie solidaire pour les étudiants. Elle récupère des paniers de légumes bio, qu’une enseigne propose pour trois euros aux étudiants. Elle utilise aussi l’application Too good to go.

C’est insupportable d’imaginer des étudiants qui ne peuvent pas manger à leur faim.

Paul, donateur

Paul (nom d'emprunt), lui, vit à Nancy. Il a entendu parler de Studhelp un peu avant l’été. Il s’est inscrit comme donateur. "C’est insupportable d’imaginer des étudiants qui ne peuvent pas manger à leur faim." Début septembre, il a été contacté par Studhelp par mail pour une puis deux étudiantes situées dans sa ville. "La plateforme recommande de prendre l’initiative du contact, car beaucoup d’étudiants renoncent à demander de l’aide. J’imagine bien que ce n’est pas évident. Alors, j’ai fait un SMS pour me présenter et dire que je proposais mon aide. Une seule étudiante m’a répondu. Je lui ai proposé de lui faire ses courses et donc de m’envoyer une liste si elle le souhaitait. Ce qu’elle a fait.

J’ai fait les courses, comme je le fais pour nous en matière de qualité. J’y ai ajouté des petites choses comme du chocolat qu’elle n’avait pas demandé. La livraison s’est faite au pied de la cité universitaire. J’ai vu arriver une jeune femme un peu intimidée. Je n’étais pas très à l’aise non plus. Mais tout cela est bien normal. Nous avons échangé quelques mots. Et voilà. Quelques jours plus tard, j’ai reçu un gentil message de remerciements, qui m’a touché. Cela me rend heureux de l’avoir fait."

 Les donateurs ne nous prennent pas en pitié, mais en considération

Manon, étudiante

Sur cette gêne, Manon, nous explique : "D’abord, il n’y a pas de gêne à éprouver. Les donateurs ne nous prennent pas en pitié, mais en considération. Maria est un peu devenue une amie, quelqu’un à qui je peux parler. Si les personnes ont dépensé de leur argent pour nous aider, c’est qu’elles le pouvaient. Sans doute, elles ont aussi été étudiantes un jour."

 

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80 % des donateurs sont des femmes

Studhelp a été créé à la sortie du confinement, nous raconte Florian Rippert. "Au départ, la plateforme répondait à un besoin en région parisienne. On avait prévu de mettre en lien des étudiants dans le besoin et des personnes qui pouvaient leur apporter une aide alimentaire. Le but était aussi de créer du lien social pour aller faire les courses ensemble, aller au musée.

À notre grande surprise, les premiers inscrits n’étaient pas à Paris, mais de province, de toute la France et en particulier des grandes métropoles. Il a fallu réagir pour adapter la plateforme et la communication." Ce sont plus de 10.000 étudiants qui sont accompagnés depuis. 80 % des donateurs sont des femmes et 20 % sont des hommes.

Studhelp organise, aussi, des distributions alimentaires et des rencontres à Paris, Marseille, Lyon, Lille, Montpellier et Bordeaux. Pour l’instant, précise Florian, "peu d’étudiants du Grand Est connaissent la plateforme." C'est aussi le cas pour les donateurs qui ne sont pas nombreux. 

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