Huit des dix militaires de la base aérienne 133 de Nancy-Ochey jugés en septembre 2022 devant la chambre militaire du tribunal de Metz (Moselle) ont été reconnus coupables et condamnés à des peines allant de 4 à 14 mois avec sursis.
Huit des dix militaires jugés en septembre 2022 ont été reconnus coupables et condamnés à des peines allant de 4 à 14 mois avec sursis. Un colonel a notamment été relaxé. "Ce qui est extrêmement important dans ce dossier est qu'un groupe de huit sous-officiers soit condamné pour le harcèlement d'un seul homme", a réagi Me Berna, l'avocat du plaignant. "Il est temps d'arrêter de couvrir ce type d'agissements" au sein de l'institution militaire, a ajouté l'avocat à l'AFP.
Son client, âgé de 28 ans, se sent "entendu": "On l'a tellement humilié et dissuadé de faire ces démarches" pénales qu'il "n'y croyait plus". Il espère désormais que "cette décision permettra à l'armée de se réformer en profondeur".
Un enfer pendant cinq ans
Pendant cinq ans, entre entre 2014 et 2019, ce mécanicien sur les Mirages 2000 de l’armée de l’air déclare avoir vécu un enfer de la part de ses supérieurs. En 2019, le sergent mécanicien de la base aérienne de Nancy-Ochey (Meurthe-et-Moselle) finit par dénoncer son quotidien rythmé par le harcèlement, les humiliations et les violences.
Après deux enquêtes internes, puis une enquête pénale, la chambre militaire du tribunal de Metz (Moselle) avait jugé, en septembre dernier, les dix militaires poursuivis à la fois pour des infractions pénales mais aussi pour des infractions au Code de justice militaire. "Il y a neuf sous-officiers et un officier supérieur mis en cause" avait expliqué Frédéric Berna, "le lieutenant-colonel est lui mis en cause pour violation de consigne. On lui reproche d'avoir laissé ces pratiques où il y avait beaucoup d'alcool."
"Il faut savoir qu'une des personnes mise en cause pour harcèlement avait déjà été sanctionnée il y a plusieurs années pour avoir mordu les fesses d'un militaire dans le cadre d'un bizutage. Il n'avait eu qu'une réprimande, quelques jours d'arrêt et là, il continue tranquillement sa carrière" ajoutait Frédéric Berna, "l'armée a un discours officiel où elle affirme être vigilante et stricte mais pour l'instant, ce ne sont que de belles déclarations. "
Après cinq années de brimades et de sévices, ce sergent mécanicien avait craqué. A son départ de l’armée, on lui avait diagnostiqué un stress post-traumatique. Un syndrome dont ce militaire n’a pas souffert à la suite d’une mission éprouvante sur un théâtre de guerre, mais en allant travailler chaque jour, la peur au ventre, sur la base aérienne 133 Nancy-Ochey (Meurthe-et-Moselle).