Il y a 544 ans jour pour jour, le 5 janvier 1477, des dizaines de milliers d’hommes vont s’opposer devant Nancy. A leur tête Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne et René II, Duc de Lorraine. Retour sur une bataille historique, décisive pour la construction de la France.
Nous sommes le 5 janvier 1477. Un dimanche. Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne a pris position sur une colline proche de Nancy. Avec ses hommes, il attend l’arrivée de René II, Duc de Lorraine et de son armée. Il vient de Saint-Nicolas-de-Port, point de ralliement de ses soldats. 20.000 hommes pour le Duc de Lorraine, entre 6 et 10.000 en revanche pour le Téméraire.
Il neigeait ce 5 janvier au matin. Une poudreuse qui recouvre les combattants. Charles Le Téméraire enfourche son cheval dénommé Moreau. L’anecdote veut que lorsque son écuyer lui tendit sont casque, le cimier au lion d’or qui se trouvait au sommet tomba à terre. Le Téméraire l’interpréta comme un mauvais présage.
Contournement surprise
Deux déserteurs bourguignons, capturés, révèlent à René II la configuration de l’adversaire. Le flanc gauche est protégé par la Meurthe et le flanc droit par le bois de Saurupt.
En raison des fortes chutes de neige ce matin-là, la visibilité est réduite. Une attaque frontale est jugée désastreuse.
René II met alors ses troupes en ordre de marche en montant sur sa jument grise, La Dame. Vautrin Wisse, le seigneur de Rosières-aux Salines se charge de contourner le Bois de Saurupt. Piquiers, hallebardiers et couleuvriniers suisses sont prêts à attaquer. Les belligérants sont épuisés par la manœuvre de contournement et la neige abondante, mais ils sont en nombre, plus de 10.000 sur le flanc droit.
A 13h, la neige a cessé de tomber et le soleil apparaît enfin comme un signal, l’ordre de l’assaut est donné. La surprise est totale pour les troupes de Charles le Téméraire. L’artillerie impuissante ne peut repousser le flux de combattants suisses, lorrains, alsaciens et allemands. Les bourguignons sont embrochés encore vivants.
L’armée qui fait face au Téméraire passe également à l’offensive. Les arches anglais tentent de résister mais finissent par céder face à cette marée humaine. Le duc de Bourgogne et ses hommes sont assaillis de toute part. Il se replie vers la Commanderie Saint-Jean. Blessé, il finit par s’écrouler, vaincu par René II et ses troupes. Claude de Bauzemont, châtelain de Saint-Dié, acheva le Grand-Duc d’un coup de hache sur la tête.
Les origines de cette Bataille de Nancy
Lorsque René II accède au duché de Lorraine le 2 août 1473, Charles de Bourgogne – dit le Téméraire lui conteste cette principauté. Il n’a qu’une envie, la posséder. Mais la Bataille de Nancy va mettre une fin définitive aux prétentions du Duc de Bourgogne.
Les bénéfices de cette bataille
Le principal bénéficiaire immédiat de cette bataille est le roi de France Louis XI. Très vite, il envahit une partie des Etats bourguignons.
Mais le mariage, la même année, de l'unique héritière du Téméraire Marie de Bourgogne, à Maximilien d'Autriche, apporte à la maison de Habsbourg, le comté de Charolais, la Franche-Comté ainsi que les Pays-Bas bourguignons, menaçant la France d'encerclement pendant plus de deux siècles. C'est le point de départ d’une longue rivalité entre la France et les États habsbourgeois.
Un patrimoine pour Nancy
De nombreux lieu de Nancy rappellent le souvenir de cette bataille du 5 janvier 1477. Sur le site même de la bataille, René II a construit l’église Notre-Dame-de-Bonsecours.
En mémoire de la défaite du Téméraire, la ville a adopté le Chardon comme emblème et la devise Pas inultus premor, (Ne me touche pas, je pique). En plus de l’église de Notre Dame-de-Bonsecours, un monument situé sur la place de la Croix de Bourgogne commémore cette bataille.
Eugène Delacroix a exécuté un tableau de la Bataille de Nancy que vous pouvez admirer au Musée des Beaux-Arts (photo d'illustration).