Des hôtels ouverts mais sans clients : "il y aura pas mal de dépôts de bilan au printemps"

Ils peuvent rester ouverts mais leur fréquentation est quasi nulle. C'est tout le paradoxe des hôtels et d'un secteur qui souffre de l'absence d'activité économique et touristique. Il y aura de la casse préviennent les professionnels.

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L'hôtellerie reste un des secteurs les plus touché par la crise du Covid. Et les perspectives ne sont guère optimistes. Lors de sa prise de parole ce jeudi 12 novembre 2020, Jean Castex a déjà prévenu. Si la baisse du nombre de cas de Covid-19 se poursuit, l'hôtellerie-restauration ne sera pas concernée par une réouverture au 1er décembre. De quoi doucher les espoirs de tout un secteur même si les hôtels peuvent rester ouverts. Problème, ils sont vides. "Les gens ne viennent plus, les gens ne bougent plus, ils ne se déplacent plus, c'est fini" explique Jean-Claude Capelli, propriétaire et gérant de l'Hôtel d'Haussonville à Nancy (Meurthe-et-Moselle), "et je le comprends ! Comment voulez-vous qu'il y ait un peu de tourisme quand les restaurants restent fermés. Il n'y a pas d'annulations, il n'y a plus de réservations."

J'ai l'impression que l'Etat ne comprend pas ce que ça signifie de faire zéro de chiffre d'affaires

Jean-Claude Capelli, hôtelier à Nancy

D'habitude, Jean-Claude Capelli réalise entre 20.000 et 40.000 euros de chiffre d'affaires par mois à cette période de l'année. "Là, je suis à 700 euros" confie t-il, "là dessus, je doit payer le chauffage, l'électricité... Franchement, ce n'est pas travailler. J'ai l'impression que l'Etat ne comprend pas ce que ça signifie de faire zéro de chiffre d'affaires. Tout ce qu'on doit payer, on le fait grâce à nos réserves. On ne rentre plus un centime. On fait une chambre à la semaine, c'est nul. D'ailleurs, on ne peut même plus parler de chiffre d'affaires. Occasionnellement, il y a des gens qui passent. Essentiellement une clientèle d'affaires mais il n'y a plus du tout de touristes."

Ses cinq salariés sont au chômage partiel et même si Jean-Claude reconnait l'effort de l'Etat, "on reste dans le flou le plus complet... A Nancy, on travaille très bien entre septembre et décembre notamment grâce à la Saint Nicolas. Ça nous permet de constituer de la trésorerie pour bien passer le début de l'année qui est très calme. Mais là, il n'y aura rien et ça va être très difficile. Il y aura pas mal de dépôts de bilan au printemps". Jean-Claude se raccroche à l'idée que la fin d'année pourrait avoir un tout autre visage mais il a tout de même du mal à y croire, "même si on desserre l'étau, ça va être compliqué pour les fêtes, les gens ne bougeront pas.

On ne peut pas vivre que sur des aides. On a envie de travailler

Nadia Savonniere, Logis 54

A Méréville, au sud de Nancy, Nadia Savonniere fait le même constat pour son hôtel trois étoiles. "En octobre, on s'est aperçu qu'il y avait déjà beaucoup moins de réservations. D'habitude, on est à 70% de taux d'occupation et là, on n'a même pas fait 30%. De juillet à septembre, ça a bien marché et là, pour novembre-décembre, on n'a aucune perspective, on n'a aucune réservation."

"On ne sait pas jusqu'à quand on peut tenir" précise la présidente déléguée des Logis 54, "pour l'hôtellerie, ce n'est pas pour nous une période forte mais on travaille beaucoup d'habitude avec les commerciaux en semaine et ils ne sont pas présents. Les aides sont là, notamment le chômage partiel. Et sans elles, on ne pourrait pas tenir. Après, on ne peut pas vivre que sur des aides. On a envie de travailler. C'est notre vie. Mais certains hôteliers, même avec les aides, ne pourront pas reprendre. C'est une réalité. Après, on essaye d'être solidaire et de se serrer les coudes. On prends des nouvelles de chacun, on essaye de ne pas rester seul dans notre coin." En Lorraine, environ 80 hôtels font parti de la fédération des Logis.

Ce mercredi 11 novembre, l'UMIH (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) a publié une enquête sur la situation des hôtels, cafés, restaurants et discothèques depuis ce deuxième confinement. Selon les chiffres de l'organisation patronale, recueillis auprès de 6.600 entreprises françaises, deux professionnels sur trois craignent que ce deuxième confinement n’entraîne la fermeture de leur établissement.
 
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