Une procédure de rattachement à une commune voisine, la démarche est plutôt rare. C'est pourtant ce que demandent des habitants de deux rues de Jarville-la-Malgrange. Ils veulent intégrer Vandoeuvre-lès-Nancy au motif, notamment, que leur côté de rue est payant. Ils rêvent de gratuité.
Ce sont deux axes qui séparent les communes de Jarville-la-Malgrange et Vandoeuvre-lès-Nancy, dans la banlieue de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Il s'agit des rues Clemenceau et Poincaré. Jusque-là, tout ce qu'il y a de plus classique. Mais dans les faits, la situation est devenue très tendue. La faute à la difficulté d'harmoniser le PLU (Plan Local d'Urbanisme) mais aussi au stationnement devenu payant du côté de Jarville-la-Malgrange et qui est resté gratuit du côté de Vandoeuvre-lès-Nancy.
Deux mondes dans la même rue. Voilà qui peut prêter à sourire sauf qu'au quotidien, cela agace profondément les habitants. Surtout ceux qui habitent côté Vandoeuvre. Leurs places sont squattées en raison de leur gratuité. Tout ça pose énormément de problèmes au quotidien.
Du coup, une association, les Amis de Tourtel (NDLR : du nom du quartier), réclament le transfert d’une partie des rues Clemenceau et Poincaré sur la commune de Vandœuvre. "Nous, ce qu'on veut, c'est vivre sereinement et tranquillement dans notre quartier" explique Ludovic Guénin, porte-parole du collectif, "le stationnement, c'est ce qui a fait déborder le vase. Car le plan local d'urbanisme est différent d'une commune à l'autre et tout ça pose énormément de problèmes dans la vie de tous les jours."
Nous, ce qu'on veut, c'est vivre sereinement et tranquillement dans notre quartier
Ludovic Guénin, porte-parole du collectif
Un long chemin administratif
"Les habitants ne vivent pas un enfer" assure de son côté le maire de Jarville-la-Malgrange, Vincent Matheron, "on a créé sur les trois dernières années plus de 700 places de stationnement, mais aussi deux zones de stationnement payants. Grâce à cela, on retrouve des places dans les zones qui étaient en tension. Les quelques habitants qui sont à l'origine de cette demande de rattachement sont tout simplement dans une approche d'une opposition politique de principe. On a retrouvé de l'appaisement dans la rue car ce sont eux qui m'ont sollicité au début de mon mandat pour lutter contre les conflits d'usage."
Cette demande est politique, c'est une démarche loufoque
Vincent Matheron, maire de Jarville-la-Malgrange
"On ne demande pas le rattachement de son domicile à la commune voisine car on veut enfreindre les règles du code de la route ou fuir les règles du stationnement qui s'imposent à tous" ajoute Vincent Matheron, "cette demande est politique, c'est une démarche loufoque."
La mise en oeuvre du stationnement payant à Jarville-la-Malgrange est une source récurrente de conflits entre la mairie et certains habitants. Depuis le début de l'année 2023, des commerçants sont également montés au créneau pour dénoncer la mise en service de parcmètres dans une partie de la ville.
Ce rattachement, le maire n'y croit pas trop : "la règle impose qu'il y ait 30% d'électeurs qui soient favorables à cette démarche avant qu'un commissaire enquêteur soit nommé. Il faut ensuite l'avis des deux conseils municipaux, du conseil de la métropole, du conseil départemental sans oublier le conseil d'Etat. Et tout doit être financé par les demandeurs." Autant dire pour lui, mission impossible. Le collectif, de son côté, est plus que jamais déterminé. "On vient d'envoyer à la préfecture un dossier d'une vingtaine de pages. C'était très complexe mais on l'a fait."