Des mini-monstres vivants de quelques millimètres, découvrez le monde fascinant des membracides

Les membracides, des "cigales bossues" méconnues. Du 8 au 20 janvier 2025, une exposition vous invite à plonger dans le monde mystérieux de ces petits insectes aux formes et couleurs étonnantes. Daniel Milan, passionné d'entomologie, vous dévoile les secrets de ces "mini monstres" et vous fait découvrir un univers miniature aussi fascinant qu'intrigant.

Dans la famille des insectes insolites, connaissez-vous les membracides ? Ces petits insectes, d'une taille moyenne de 8 mm, appartiennent à l’ordre des hémiptères, tout comme les cigales et les cicadelles. On les connaît aussi sous le nom de "cigales bossues". Ils sont peu mobiles mais peuvent réaliser des sauts spectaculaires. Il existerait environ 3 200 espèces de membracides dans le monde.

En France, et en Lorraine en particulier, on dénombre jusqu'à présent, quatre espèces : deux sont communes, Stictocephala bisonia et Centrotus cornutus. Les deux autres, Gargara genistae et Centrotus chloroticus, sont plus rares.

À proximité de Nancy, en Meurthe-et-Moselle, un homme fasciné par les mondes minuscules, voire invisibles, s’intéresse de près à ces insectes. Daniel Milan leur consacre une exposition du 8 au 20 janvier à Vandœuvre-lès-Nancy.

Le mystère des membracides

Il nous raconte : "Le mini-monde reste un des grands mystères que nous devons explorer. Ces insectes sont fascinants. Ils ont une excroissance étrange. On ne sait pas vraiment à quoi ils servent et pourtant, ils sont là, discrets dans la nature."

Un de ceux qui intriguent le plus Daniel Milan est Heteronotus : "Il est spectaculaire. Il ressemble à une guêpe." C’est une espèce que l’on trouve principalement en Amérique centrale et en Amérique du Sud.Si vous regardez bien, on se demande si certains réalisateurs de films de science-fiction ne se sont pas inspirés de ces mini-monstres pour leurs personnages extraterrestres."

L’homme ne fait que copier la nature"

Une vie dédiée à l'entomologie et à la photographie

Daniel Milan observe ces drôles de monstres à la loupe binoculaire. Il se fait envoyer des spécimens de tous les coins de la planète, ou même de France, par des entomologistes, des biologistes ou des spécialistes de la nature. Car il faut des conditions particulières pour observer, recueillir et conserver ces représentants du mini-monde. "J’ai cinquante ans d’entomologie derrière moi." D’abord, il tente de les identifier et de trouver leur nom. "Parfois, on ne trouve pas. Très peu de chercheurs s’intéressent aux membracides pour le moment. On a peu de bibliographies. Il arrive que des scientifiques découvrent encore de nouvelles espèces."

Daniel Milan a eu plusieurs vies. Il a été musicien, ancien directeur de l’École de musique de Vandœuvre-lès-Nancy avant de prendre sa retraite. Il est aussi passionné de photographie et entomologiste. Il observait les papillons, une passion qui le faisait voyager sur tous les continents avec ses amis, jusqu’à un jour de juillet 2015 où il est victime d’un AVC. Après cela, il lui sera très difficile de sortir de chez lui.

Alors, il s’est tourné vers ce qui pouvait franchir facilement sa porte : le mini-monde. Il observe et étudie les diatomées, ces organismes unicellulaires qui prospèrent partout où l’eau se trouve, dans les lavoirs de nos régions comme dans les mers ou les lacs. Des algues microscopiques, dont la taille varie de dix à cent microns. Des organismes unicellulaires microscopiques apparus sur Terre bien avant l’Homme. Elles sont là depuis l’époque des dinosaures.

Et, nous explique Daniel Milan, "À elles seules, elles génèrent 25 % de l’oxygène que l’on trouve sur Terre." Des spécimens qu'un ami biologiste lui livre à domicile après les avoirs délicatement prélevés dans la région. 

Les micro-habitants du ruisseau du jardin botanique

Même s’il ne sort plus beaucoup, Daniel Milan est un homme très occupé. Entre ses observations au microscope et à la loupe binoculaire, il prépare une conférence pour le 8 janvier 2025 : Les micro-habitants du ruisseau du jardin botanique. Il racontera les espèces végétales (phytoplancton) et animales (zooplancton) qu’il a trouvées dans le petit cours d’eau qui traverse le jardin. "On va découvrir que là aussi, c'est tout un micro-monde qui existe avec des choses extraordinaires. J’y ai trouvé des vorticelles, un organisme, qui ressemble à une tulipe avec une couronne de cils.

Ces cils tombent pour diriger l’eau et la filtrer. Ces petites bestioles semblent montées sur ressort. Elles peuvent se rétracter et se déployer à nouveau très rapidement. Elles sont souvent en colonies et on dirait un ballet. C’est magnifique. C’est invisible à l’œil nu. Il faut un microscope pour les apercevoir."

Un appel à la collaboration scientifique

"Je peux voyager dans ma tête, il ne me reste plus que cela. Je regrette de ne pas être près de la mer." Daniel Milan espère que d’autres bonnes volontés, entomologistes ou biologistes, prendront contact pour lui faire parvenir de quoi remplir ses journées d’observations.

Les Membracides, des mini-monstres, exposition du 8 au 20 janvier à la Ferme du Charmois à Vandœuvre-lès-Nancy.

Conférence : Les micro-habitants du ruisseau du jardin botanique J-L Pelt, le 8 janvier à 18h30.