Ce mardi 8 octobre, les syndicats de l'entreprise adaptée APF ont lancé un mouvement de grève dans les Esat (Établissements et services d’accompagnement par le travail). Près de 400 emplois sont menacés en France. Illustration de la mobilisation à Ludres, près de Nancy en Meurthe-et-Moselle.
Se faire rembourser ses frais de transport, bénéficier de titres-restaurants ou encore adhérer à un syndicat ou faire grève, des droits élémentaires dont ne disposaient pas les personnes handicapées travaillant dans les Établissements et services d’accompagnement par le travail (ESAT). Jusqu'au 31 décembre 2023, elles bénéficiaient d’un "accompagnement renforcé" mais pas des droits ouverts aux salariés par le Code du travail.
Ce mercredi 8 octobre, c'est un peu un jour historique. Quasiment 100% de l'entreprise adaptée APF de Ludres et des effectifs de l’ESAT de Ludres, près de Nancy (Meurthe-et-Moselle) a répondu présent à un appel à la grève."Ma première motivation, c'est d'être solidaire avec les collègues" explique Julien au micro de France 3 Lorraine. C'est la première fois qu'il exerce ce droit de grève, "s'il y a moins de personnel, on va se retrouver en difficulté."
Une réponse à un plan de retour à l’équilibre souhaitée par leur Direction Générale à Paris. 300 à 400 emplois seraient impactés au niveau national suite à un déficit sans précédent. "Des choix stratégiques du siège nous ont conduits à cette situation" leur répondent les salariés.
À Ludres, cinq postes sont menacés. "Ce serait une dégradation des conditions de travail pour les salariés mais aussi les usagers" réagit Hervé Roch, agent de production APF. "Aujourd'hui déjà, dans le social, on manque de moyens et on nous en retire encore alors qu'ils sont nécessaires" analyse un conseiller en insertion, "on a besoin de ces personnes dans nos démarches administratives, l'accompagnement auprès des personnes aussi bien sur le plan professionnel que social risque d'en pâtir."
"On ne peut pas avancer sans eux" insiste Julien, usager, "licencier quelqu'un, c'est ôter un rouage dans le fonctionnement de l'Esat. Des tâches administratives pourraient être réalisées par un éducateur spécialisé qui aura moins de temps à nous consacrer."
Les syndicats négocient avec la direction et redoutent que ce plan de retour à l'équilibre cache une véritable casse sociale.