Parmi les annonces de déconfinement promulguées par le gouvernement, la réouverture des terrasses le 19 mai dessine les contours d’un retour à la vie normale. Mais pour les restaurateurs, cette bouffée d’oxygène est également source de préoccupations.
"Un déconfinement en quatre-temps" pouvait-on lire en résumé des annonces d'Emmanuel Macron concernant le calendrier de levée des restrictions. Les nouvelles annonces gouvernementales qui seront effectives courant mai nous promettent de retrouver un léger goût de notre ancienne vie, et surtout le goût d’un café en terrasse. Pourtant, malgré l’annonce de la date butoir du 19 mai, il est difficile pour les restaurateurs de se projeter pleinement.
"Ces annonces, c’est globalement positif, on commence à voir le bout du tunnel, mais au fond, c’est pas très précis". Derrière le sourire affiché de Michel Bédu, le président de l’Union des Métiers de l’Industrie Hôtelière de Meurthe-et-Moselle, on perçoit facilement les interrogations. Un état d’esprit visiblement commun à de nombreux restaurateurs de Nancy qui s’accordent à dire que le temps du soulagement fut court. "On a de nouvelles préoccupations maintenant. Emmanuel Macron n’a pas clairement détaillé les modalités d’ouverture des terrasses : est ce que les restaurants et les brasseries pourront ouvrir au même moment ?" s'interroge toujours Michel Bédu qui compte les jours et anticipe déjà le menu des négociations à venir concernant le protocole sanitaire, l’extension des terrasses, ou encore la mise en place de distanciations sociales.
On commence à voir le bout du tunnel, mais au fond, c'est pas très précis
En cœur, Lucette et Aline évoquent cette incertitude collective. "On ne sait pas si on y croit. C’est dans vingt jours, mais on doute. On veut tout préparer correctement, mais on reste pas très sûre". Après six mois sans servir de consommations, ces deux cafetières attendent avec impatience le retour des journées et soirées animées de la place St-Epvre, rythmées par le bruit du fracas des couverts contre les assiettes, ou du cognement des glaçons dans les verres.
Rapidement, le sourire de Julien Bécot s’efface, laissant place à un visage marqué par l’inquiétude. C’est certain, le gérant du Bistronome n’oubliera pas les importantes pertes financières qu’il a subies ces derniers mois "Je suis à plus de 10.000 euros de pertes par mois. Les aides de l’Etat ça permet de garder la tête hors de l’eau, mais pas de vivre correctement". Julien Bécot fait surtout remarquer que face à cette annonce, les restaurateurs ne sont pas tous sur un pied d’égalité : tous ne possèdent pas un espace dédié à la restauration en extérieur. "Il faut voir au niveau de la ville ce que l’on peut faire pour étendre les terrasses, pour récupérer ce qu’on a perdu jusqu’à maintenant".
Des clients pressés de goûter à nouveau au lien social
Côté clientèle, cela ne fait pas de doute, les Nancéiens rencontrés pendant la pause déjeuner attendent avec impatience de pouvoir manger au grand air sur une chaise, face à une table dressée. "C’est vraiment triste de devoir manger seule, face à son repas, dans son bureau" explique Murielle. "C’est le lien social, l’échange et les rencontres qu’offraient les terrasses, qui nous manque cruellement" surenchérit son amie Valérie. Chaque semaine, ces deux amies se retrouvent sur un banc de la ville, le temps d’un café. Depuis octobre dernier, elles n’ont qu’une hâte : troquer le gobelet cartonné contre une vraie tasse. Elles ne sont pas les seules.