Les conclusions de la Commission d’enquête sur les pesticides ont été publiées ce jeudi 21 décembre 2023. Son rapporteur, le député de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier, constate "un échec collectif à réduire l’usage des pesticides en France".
La commission d’enquête parlementaire sur l’usage des pesticides en France a rendu public son rapport définitif, ce jeudi 21 décembre 2023. "On a rencontré plus de 170 personnes. On a fait plus de six mois d’audition, dont un mois de rédaction".
On va avoir un problème de ressources en eau potable. Un tiers des situations aggravantes se retrouve dans les secteurs ruraux qui ne sont pas suffisamment bien équipés. Et qui ne le seront pas demain non plus.
Dominique Potier, député, rapporteur de la commission d’enquête
Dominique Potier, 60 ans, député socialiste, est le rapporteur de la commission d’enquête. Par téléphone, depuis sa permanence de Toul en Meurthe-et-Moselle, il nous a accordé un entretien. "On a étudié tous les compartiments de l’environnement et aussi de la santé humaine. On a fait un état de la science".
Dix années de perdues
Le député dresse aussi le constat d'une décennie (presque) perdue dans la lutte pour la réduction de l’usage des pesticides. Dans le rapport, on peut également lire : "les travailleurs de la terre sont les premiers concernés : le Fonds d’indemnisation des victimes des pesticides(FIVP) est porteur de progrès, comme la prise en charge de l’exposition in utero".
C'est Dominique Potier qui est à l'origine de la création de cette structure. "Je suis fier d'avoir créé ce fonds il y a quatre ans, en 2019".
✅ Le Rapport de la Commission d’enquête sur les pesticides initié par @socialistesAN et adopté la semaine passée, sera publié le 21 décembre à la première heure sur le site de l’@AssembleeNat. @Agri_Gouv @Sante_Gouv @Ecologie_Gouv pic.twitter.com/hZZPkAHcwM
— Dominique Potier (@PotierDominique) December 20, 2023
Le rapport montre tout d'abord l’échec des nombreux plans de réduction d’usage des pesticides. "Les résultats obtenus demeurent très éloignés des objectifs fixés".
En 2008, le plan Ecophyto devait permettre de réduire de 50 % l’usage de ces produits à l’horizon 2018. "Aujourd’hui, on a une légère baisse des quantités mais nous sommes très loin de l’objectif des 50 %. Il y a quand même une bonne nouvelle dans ce rapport, c’est la baisse de la toxicité des produits".
Le problème de l'eau potable
En ce qui concerne la qualité de l’eau, la pollution de l’air, la biodiversité, la santé, la situation est loin d'être idéale. "On va avoir un problème de ressources en eau potable. Un tiers des situations aggravantes se retrouve dans les secteurs ruraux qui ne sont pas suffisamment bien équipés. Et qui ne le seront pas demain non plus, et donc on a un enjeu de prévention de la pollution des eaux".
En 2021, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) a publié un rapport beaucoup plus inquiétant que le précédent qui date de 2013. Aujourd'hui, "c’est aussi un enjeu de crédibilité de l’action des pouvoirs publics", dit Dominique Potier. Le rapport complet, d'environ 300 pages, formule au total 26 recommandations.