Sans surprise, le conseil municipal de Nancy réuni ce dimanche 5 juillet dans les grand salons de l'hôtel de ville a élu Mathieu Klein maire de Nancy. Pour la première fois depuis 1947, la ville sera dirigée par la gauche.
Il est venu assister à ce moment historique. Amusé, agacé, dépité…, André Rossinot est toujours aussi difficile à décrypter. L'ancien maire de Nancy a pris place sur un fauteuil dans un coin des grands salons de l'Hôtel de ville et observe. Il vit sans doute un de ses pires cauchemars. Sa mairie passe bien à gauche. Ce qu'il a bâti durant toute une vie s'effondre comme un vulgaire château de cartes. Son fief et peut-être dans la foulée le Mouvement radical.
Depuis 10 heures, en ce dimanche 5 juillet 2020, beaucoup de nouvelles têtes ont pris part à l'élection de Mathieu Klein. Ils se nomment Isabelle Lucas, Franck Muratet, Muriel Colombo, Estelle Mercier, Charlotte Marrel... Certains journalistes politiques locaux vont devoir remettre sérieusement leur trombinoscope et leur carnet d'adresses à jour. A leurs côtés, il y a heureusement quelques "grognards" de gauche comme Bertrand Masson ou Bora Yilmaz pour ne citer qu'eux. Tous figuraient, unis, sur la liste de Mathieu Klein, victorieux dimanche et aujourd'hui aux affaires à la tête de la mairie de Nancy. Une liste de gauche pour diriger la ville, ce n'était pas arrivé depuis 1947. C'était au siècle dernier, il y a longtemps, bien longtemps dans une galaxie très lointaine. André Rossinot a toujours réussi à éviter le basculement. Il a suffi d'un mandat à Laurent Hénart pour dilapider les bijoux de famille.
Pas de candidat face à Mathieu Klein
A Nancy, le centre et la droite semblent complètement perdus. Même si le résultat est couru d'avance, ils ne présentent même pas de candidat face à Mathieu Klein. De son côté, Muriel Colombo, presque surprise, annonce la candidature de Mathieu Klein. C'est parti pour le vote. Une formalité. Mathieu Klein fait fait le plein. Il obtient 43 voix. Il y a 11 bulletins blancs.Le président du Conseil départemental n'est plus. Mathieu Klein est proclamé maire de la ville de Nancy. Il enfile l'écharpe tricolore que vient de lui tendre Nicole Creusot. La salle applaudit sans s'arrêter. Un rêve éveillé pour la nouvelle majorité.#Municipales2020 Sans surprise, Mathieu Klein est élu maire de #Nancy. Pour la première fois depuis 1947, la gauche alliée avec les verts va diriger la ville pic.twitter.com/GJebljDZ2W
— JC Panek Pro (@JCPFTV) July 5, 2020
Après avoir enfilé l'écharpe, Mathieu Klein donne la parole à Laurent Hénart, l'ancien maire déclare : “je souhaite que vous soyez aussi heureux que moi dans les six années qui viennent à la tête de cette ville merveilleuse”. Quelques minutes s'écoulent et Mathieu Klein se lance dans sa première déclaration. Il a rédigé lui-même son discours où il rend hommage à Henri Sirguey : “Ainsi, 74 ans après Henri Sirguei, les Nancéiennes et les Nancéiens ont confié leur destin à un maire de gauche... Durant la campagne, j'ai rencontré les habitants, dans la rue, dans les quartiers, en réunion publique, en ligne et sur les réseaux sociaux. J'ai été frappé par leur profond désir de changement, par leur énergie qui m'a porté sans faillir jusqu'au résultat. Leur confiance m'a procuré un bonheur immense, immédiatement doublé d'une grande responsabilité.”#Municipales2020 L’écharpe tricolore remise par Nicole Creusot à Mathieu Klein élu maire de #Nancy «par ce geste symbolique, tu marques l’indéfectible amitié qui nous lie» pic.twitter.com/A5h7xzIIm4
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Mathieu Klein salue alors le travail de ses prédécesseurs, André Rossinot et Laurent Hénart. Il rend aussi hommage à son mentor politique Michel Dinet, “je ne serais pas non plus l'homme et l'élu que je suis devenu, sans l'affection exigeante et bienveillante de celui qui m'a fait confiance le premier pour affronter le suffrage universel il y a seize ans à Nancy Nord, qui a été un exceptionnel camarade pour moi, Michel Dinet, auquel je pense très fort ce matin”. Des applaudissements montent de la place Stanislas où a été installé un écran géant et où 200 personnes ont pris place pour suivre ce conseil d'installation.
Parmi les priorités de ce mandat, Mathieu Klein avance le dossier de la transition écologique. “Aujourd’hui nous n’avons pas d’autre choix que d’agir face à l’urgence climatique, et vous pouvez faire confiance à la détermination totale de notre équipe pour relever ce défi. C’est le sens des chantiers que nous engagerons pour renouer avec un urbanisme fédérateur et ambitieux, pour renouer avec la formidable histoire architecturale nancéienne qui s’est malheureusement figée, pour apaiser nos mobilités, pour accélérer la rénovation énergétique des écoles, des crèches et des résidences autonomie, pour donner une nouvelle place à l’eau et à la biodiversité, pour rendre Nancy partout agréable à vivre. Il n’y a pas de transition écologique sans justice sociale, et c’est également un immense défi économique et solidaire que nous aurons à relever collectivement dans les jours, les semaines et les mois à venir, face à ce qui pourrait bien être la pire récession depuis 1929. Nous devrons l’affronter immédiatement avec notamment des premiers efforts percutants en direction du commerce local et du pouvoir d’achat des Nancéiens. C’est enfin un défi territorial pour construire des politiques nouvelles au bon niveau. Depuis des années, les Lorrains se perdent en querelles de clochers sur des sujets qui auraient dû trouver consensus, et pendant ce temps les liaisons TGV vers le sud de la France sont supprimées, la thrombose de l’A31 s’accentue. Nancy ne doit pas devenir un cul de sac ferroviaire, et je me battrai pour le débouché des liaisons ferrées vers le sud de la France, pour la mise en place d’une desserte express du sillon lorrain, depuis Nancy jusqu’à Luxembourg ville, pour nous connecter à l’aéroport international du Findel. Il nous faudra trouver de nouvelles solutions pour accéder à la ville et à la métropole. Car même si j’ai la conviction profonde que nous touchons à la fin de l’âge d’or de la voiture individuelle, il y a urgence à panser les plaies d’une A31 vétuste et à protéger les riverains des nuisances auxquelles ils sont confrontés quotidiennement. Cela passera par une troisième voie réservée au co-voiturage et aux transports en commun, à des parkings-relais en entrée d’agglomération connectés au réseau Stan pour offrir des alternatives crédibles aux quelques 100.000 personnes qui entrent chaque jour dans Nancy depuis l’extérieur pour y travailler. Ce défi nous le relèverons d’abord avec les 19 autres communes du Grand Nancy qui construisent leur destin commun dans une métropole de la coopération, de l’équilibre et de l’action, qui dépasse les clivages politiques... Maire du quotidien, c’est ce que je veux être pour les Nancéiens : à portée d’engueulades, d’espoirs, de projets, d’échanges.”Il n’y a pas de transition écologique sans justice sociale
Pourtant, la politique reprend vite ses droits. Interrogé à l'issue de ce conseil d'installation, Laurent Hénart, qui n'a cessé de regarder son téléphone portable durant toute l'allocution de Mathieu Klein, ironise déjà sur ce maire à portée d'engueulades : “je constate qu'en supprimant un poste d'adjoint de territoire, on ne va pas dans le sens de la proximité et la portée d'engueulades. Ce n'est pas un faux pas mais une contradiction... Je suis dans le rôle de quelqu'un qui a une liberté de parole totale, qui l'exerce et qui l'exercera durant tout le mandat.” Liberté personnelle ou de groupe, difficile à dire même si l'opposition est bien partie pour parler avec plusieurs voix. “C'est libre” confirme Laurent Hénart, “les voix des Nancéiens, on les a recueillies en liste donc sur le plan éthique, il y a un devoir de travailler collectivement. Le but n'est pas de caporaliser les conseillers de Nancy Positive mais de faire en sorte d'additionner nos différences car je reconnais qu'il y a des courants très divers dans le groupe.”Je constate qu'en supprimant un poste d'adjoint de territoire, on ne va pas dans le sens de la proximité et la portée d'engueulades
Le divorce entre Laurent Hénart et La République en Marche semble acté. C'est à demi mot ce que confirme la députée Carole Grandjean, qui va également siéger en tant que conseillère municipale. “Pour nous, c'est un engagement de conviction... Il y a une diversité de profils pour Nancy Positive, chacun portera sa voix, on en a convenu tous ensemble. Nous saurons partager ensemble un certain nombre de sujets en collectif mais nous avons chacun notre voix et notre position sur des sujets portés par la majorité actuelle à Nancy... Nous ne sommes pas si nombreux et nous avons le droit d'expression. Fort heureusement, au sein de ce groupe, nous exprimerons chacun notre vision.”
Prochains rendez-vous, les 13 et 20 juillet pour deux conseils municipaux stratégiques. “nous débattrons d'un véritable plan de bataille démocratique et citoyen... Nous jetterons les bases des assises de la démocratie locale et fixerons la feuille de route du mandat : conseils citoyens et leurs périmètres, habitants tirés au sort pour réfléchir et agir avec les élus, budget participatif, consultation directe des habitants, conseil des aînés, des jeunes... Agir et transformer, voilà ce qui détermine et guide mes choix depuis toujours” annonce le nouveau maire de Nancy. Le programme est ambitieux. Le mandat de Mathieu Klein est lancé... à la vitesse grand V.
Les adjoints au maire
- Isabelle Lucas (urbanisme écologique, logement)
- Franck Muratet (attractivité)
- Muriel Colombo (nouvelles solidarités)
- Bertrand Masson (culture)
- Estelle Mercier (performance financière et budgétaire)
- Bora Yilmaz (service aux habitants)
- Véronique Billot (enfance et éducation)
- Laurent Watrin (démocratie coopérative, innovation des politiques publiques)
- Charlotte Marrel (mobilités)
- Areski Sadi (dynamique commerciale)
- Marianne Birck (vie associative)
- Frédéric Maguin (territoire Sud)
- Patricia Daguerre-Jacque (égalité femmes/hommes)
- Lionel Adam (sécurité, propreté et tranquillités publiques)
- Véronique Ernest (territoire Est)
- Antoine Le Solleuz (partenariats européens et internationaux)
- Nadège Nicolas (territoire Ouest)
- Marc Tenenbaum (prévention et santé publique)
- Evelyne Baudeux (territoire Nord)
- Serge Raineri (développement du sport, bien-être et thermalisme)