Comment mieux traquer le coronavirus ? En analysant par exemple les eaux usées, un procédé qui permet d'anticiper les pics épidémiques, ce que recommande l'Académie nationale de médecine depuis le mois de juillet. Exceptionnellement le laboratoire Eurofins nous a ouvert son site de Maxéville.
Il est aujourd’hui techniquement possible de détecter le SARS-CoV-2 dans les eaux usées. Plusieurs laboratoires de recherche ont déjà mis au point cette méthode. Le réseau de laboratoire de bioanalyse Eurofins est leader sur ce marché.
Sa méthode de détection est actuellement développée au Danemark mais exceptionnellement nous avons été autorisés à entrer sur le site de Maxéville dans l'agglomération nancéienne pour une démonstration de cette méthode.
A Maxéville où travaillent 210 personnes, la spécialité c’est l’analyse de l’eau et la détection de micropolluants. On recherche par exemple les traces de pesticides de phtalates et de résidus de médicaments dans l’eau.
L’objectif
La surveillance des eaux usées sur un site permet d’anticiper les pics épidémiques.
Elle permet en effet de détecter la présence du virus trois à cinq jours avant l’apparition des symptômes chez les personnes et elle inclut également les personnes asymptomatiques, un atout dans la lutte contre le virus.
Elle s'inscrit dans l'arsenal de mesures déjà existantes pour endiguer l'épidémie à savoir la méthode PCR naso-pharyngée et la sérologie par prise de sang, deux méthodes de test dont on parle beaucoup depuis le début de l'épidémie de Covid-19.
Jérôme Cocault, Directeur Général Eurofins Environnement France présent sur le site de Maxéville pour nous présenter la méthode nous confirme son utilité :
« Cette surveillance des eaux usées permet la détection précoce d’une recrudescence du Covid-19 au sein des populations, et la mise en œuvre des mesures adéquates ».
Les mesures adéquates sont le dépistage du coronavirus 2 et les mesures de quarantaine.
Les principaux clients du laboratoire sont aujourd'hui les stations d'épuration. Mais cette surveillance peut aussi bien intéresser les villes que les hôpitaux, les EHPAD, les écoles et les entreprises.
D'autres méthodes ont été mises en place dans le même temps par le laboratoire : la détection du SARS-CoV-2 sur les surfaces de travail et sur les masques usagés, là encore ces mesures viennent s'ajouter à celles déjà existantes.
Aujourd'hui Eurofins réalise les analyses PCR des passagers arrivant à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Plus globalement, le laboratoire est capable de proposer des solutions de détection du SARS-CoV-2 à plusieurs millions de personnes par mois dans le monde, notamment des tests PCR et des tests sérologiques.
Détection mode d'emploi
La méthode de détection du virus est complexe, elle s'appuie en partie sur la méthode PCR avec laquelle on amplifie le matériel génétique pour obtenir un résultat.- Première étape : prélever un échantillon d’eau usée sur le site concerné : station d’épuration, hôpital, école ou entreprise par exemple. Le prélèvement se fait sur 24 heures pour une meilleure représentativité du résultat, il est réalisé de façon hebdomadaire.
- Deuxième étape : le prélèvement passe dans une centrifugeuse afin d’être divisé en deux phases : l’une solide et l’autre liquide.
- 3ème étape : l’extraction. Elle permet de conserver le matériel génétique dans une faible quantité de liquide.
- 4ème étape : l’amplification par PCR du matériel génétique.