La place Saint Epvre est le noyau central autour duquel s’organise la ville de Nancy. Cette place s’appelait au XVème siècle, le circuit de la place. En son centre coule une source et sur la fontaine, quatre masques envoient de l’eau en direction des quatre points cardinaux.
D’après Jean-Marie Cuny, fondateur et animateur de "La nouvelle revue Lorraine", ancienne revue Lorraine populaire, Nancy est une ville sacrée. Le fait du choix de son emplacement relèverait de la géomancie : science basée sur les nombres et la géographie sacrée, qui a connu une faveur particulière durant tout le Moyen-Âge.
Sept collines sacrées
Au milieu du XIe siècle, les maîtres d’œuvre ont cherché au centre des domaines éparpillés du duc Gérard 1er, l’endroit propice pour établir "le castrum", lieu fortifié, symbole et réalité du pouvoir. L’endroit idéal se trouvait situé dans un environnement de sept collines sacrées dont Saint Martin avait détruit les idoles, lorsqu’il se rendait à Trèves et qu’il passait à Toul pour vénérer les reliques de Saint-Mansuy. Le patronage de Saint Martin est d’ailleurs resté à Bouxières, Malzéville, Dommartemont, Dommartin, Saulxures, Maxéville et Heillecourt. Le castrum était à l'emplacement de l'Hôtel de la Monnaie et de l'ancien monastère des Dames Prêcheresses.
Place Saint Epvre
Le cœur de Nancy, centre par lequel circule toute la vie de la cité, c’est la fontaine ronde surmontée du Duc René II. Le vainqueur du Téméraire a remplacé sur ce piédestal l’antique Saint Georges tuant un dragon.
La place Saint Epvre est le noyau central autour duquel s’organise la ville. Cette place s’appelait au XVème siècle, le circuit de la place. En son centre coule la source et précisément sur cette fontaine, quatre masques envoyaient de l’eau en direction des quatre points cardinaux.
C’est ici l’axe dynamique tenu dans une pace carré, symbole de l’univers crée et du monde stabilisé. Jean-Marie Cuny, fondateur et animateur de "La nouvelle revue Lorraine"
Des rues comme un soleil
Sept rues convergent vers l’ancien circuit de la place : sept artères dont le flux ou rayonnement, le cercle étant un symbole solaire, est censé rayonner dans la capitale ducale. Les rues devaient être associées aux astres qui correspondent aux sept jours de la semaine.
- La rue du Point du Jour (aujourd’hui rue Monseigneur Trouilet) Cette rue est placée sous le signe du soleil. C'est-à-dire le dimanche : sun day en anglais et sontag en allemand. Elle reçoit le soleil levant dans l’axe précis du coin de la rue volontairement tronquée par les bâtisseurs. A mi-hauteur, un masque sculpté « en prend plein la vue »à certains moments précis de l’année où le soleil pointe sur lui. Ici donc, rue du Point du Jour, le soleil ramène la vie symbolisée par des cornes d’abondance.
- La rue de la Grenouillère Autrefois rue du Four Sacré, aujourd’hui rue Saint Epvre, elle est placée sous le signe de la lune. Ce nom concorde avec l’astre de la nuit et avec l’origine de la ville bâtie sur des marais.
- La rue de la Cour Il ne reste que le côté nord de cette ancienne rue du Chastel, placée sous le signe de mars, soit le mardi. Mars est un dieu guerrier et les hommes d’armes, nobles et chevaliers, sont nombreux à fréquenter la cour.
- La rue du Maure qui trompe Cette rue est en lien avec le dieu Mercure dont le jour est mercredi. Elle tient son nom, dit-on, d’une ancienne auberge qui la placerait sous le signe du commerce et de l’intelligence industrieuse et créatrice.
- La rue des Dames Sous le signe du Jupiter, c'est-à-dire le jeudi, ce dieu chez les Celtes a pour nom "Taranis". De lui émane toute autorité. "Avait-il une influence sur ces Dames Précheresses dont le couvent était sur la place", s’interroge Jean-Marie Cuny.
- La rue de la Charité rappelle l’ancienne charité Saint Evre et la congrégation des Sœurs de Saint Vincent de Paul, qui avaient leur maison dans cette rue. Le nom précédent était celui des Estuves au XVème siècle. Elle est placée sous le signe de Vénus, le vendredi. Mais l’accord a été rompu par le changement de nom.
- La rue du Duc Raoul rappelle le souvenir de Raoul-le-Vaillant, massacré par les Anglais à la fameuse bataille de Crécy en 1346. L’ancien nom est celui de rue de la boucherie. Elle correspond au signe de Saturne, donc le samedi.