Ils sont les hommes à tout faire sur les différents sites du centre hospitalier à Nancy. Tout à la fois secouristes, médiateurs, électriciens, ou encore de faire la police aux urgences! Alors que leur métier c'est la sécurité incendie. En cette fin janvier, ils sont clairs: "ça ne peut plus durer".
Leur ras-le-bol est total. Les agents sécurité incendie du CHRU de Nancy Brabois en ont marre.
Marre d'être ceux que l'on appelle à chaque fois que quelque chose ne va pas dans un service: un malade à soulever, de la fouille de sac aux entrées (illégal...), de la sécurité électrique dans les bâtiments en hauteur, de l'accompagnement de transport d'argent dans l'enceinte (ils ne sont pas armés...) ou encore, et surtout, de plus en plus, des gens agressifs aux urgences ou dans les services.
Hommes à tout faire
"Tout cela sans aucune reconnaissance", disent-ils en cette fin janvier 2020."Quel que soit le site nancéien relevant du CHRU sur lequel nous sommes positionnés. Nous aussi faisons partie de la fonction publique hospitalière. Nous aussi nous prenons des coups alors que comme les soignants, ce n'est pas à nous d'intervenir dans des conflits et des situations agressives. Nous c'est la sécurité incendie (SSIAP) et seulement cela. C'est le contrat que nous avons signé, c'est ce pour quoi nous avons été engagés. Marre d'être des marionnettes."
Agents de sécurité pas agents de sureté
Alors ce ras-le-bol, les 96 agents de Nancy, réunis en intersyndicale FO-CGT, tentent de le montrer puisqu'ils ont le sentiment de ne pas être écoutés. Depuis trois mois maintenant, ils sont en grève.Saans que rien ne change. Sans écoute de la part de leur hiérarchie.
Il y a bien sûr les tracts, les piquets de grève comme ce jeudi 23 janvier devant ls site de Brabois du centre hospitalier régional universitaire. Et des revendications.
"Nous en avons des spécifiques, au niveau local, sur l'amélioration du service", explique Sophie Perrin-Phan Dinh, pour la CGT. "Mais toutes aussi importantes sont nos revendications nationales. La première c'est la reconnaissance de notre métier à travers une meilleure définition de celui-ci. Deux fiches métiers, deux réglementations."
Nous sommes des agents de "sécurité incendie", pas de "sureté malveillance". Les gens mélangent et confondent à cause du terme "sécurité"!
- Sophie Perrin-Phan Dinh, représentante CGT
Même risque, même prime Buzyn
La seconde revendication de ces salariés, "invisibles" pour le plus grand nombre, c'est l'obtention de la prime Buzyn versé aux personnels des services d'urgences, 100 euros nets pour compenser les risques d'agression."Les soignants n'ont pas à gérer la violence des patients et des visiteurs, ce n'est pas leur métier. Alors ils ont une prime. Ce n'est pas notre métier non plus mais c'est quand même nous qui sommes appelés à leur secours quand ça dégénère. Ils ont la prime, on la mérite aussi", explique Sophie Perrin-Phan Dinh
"Le problème est toujours le même", explique Mikael Ambhul, à la tête du mouvement pour FO Santé. "C'est le manque de moyens humains et matériels qui provoquent un glissement des charges d'activités des services vers des personnels dont ce n'est pas le rôle. Manque de brancardier, on vient nous chercher. Personne pour accompagner ceux qui transportent de l'argent, on vient nous chercher. Personne agressive aux urgences où il n'y a pas d'agent "sécurité malveillance", on vient nous chercher."
"C'est pourquoi nous voulons la création d’une formation spécifique à la sûreté hospitalière. Pour pouvoir remplir ces nouvelles missions loin de nos missions premières, la sécurité incendie et le secours à personnes. Ainsi formés, avec la définition des deux métiers que l'on nous demande, nous pourrons obtenir de savoir le matin en arrivant si nous sommes agent de sécurité incendie ou agent de sureté malveillance. Pour la journée."Cette polyvalence, nous ne l'avons pas demandée, pas souhaitée et désormais on nous impose même de nous y former.
- Mikael Ambhul, représentant FO santé
Le regard las, comme ces collègues, après 45 minutes à dialoguer, Mikaël Ambhul précise qu'il reste déterminé. Malgré les pressions de sa hiérarchie.
Ne croyez pas que nous sommes des nantis", précise le représentant FO, qui s'est retrouvé un peu malgré lui à la point de ce combat syndical.
"J'ai 18 ans de métier, avec de lourdes responsabilités, nuit, jour et jour fériés, week-end, avec la charge des alarmes, des personnes et des biens, parfois une casquette d'électricien et même de formateur de mes collègues. On a la vie de gens entre nos mains. Je gagne 1750 euros bruts par mois..."