Nancy : Cyrielle, agricultrice, "on ne peut pas fermer la porte le vendredi soir et revenir le lundi"

Cyrielle Martin dirige une ferme de 430 brebis dans le Saintois, près de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Une agricultrice moderne qui a, certes, choisi un métier difficile, mais qui fait aussi son bonheur. Celui d'une mère de famille, de quatre enfants. 

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Depuis les hautes terres d'Etreval, dans le Saintois, la jeune agricultrice incarne le renouvellement et la féminisation d'une profession. "Tous les habitants du village n'ont pas compris que c'est moi qui tenait la ferme et pas mon mari. Maintenant, c'est bon... Enfin je pense". Cyrielle Martin, 38 ans, est née ici en Lorraine. 

Je ne suis plus la femme de...

Cyrielle, éleveuse

Elle a toujours défendu une approche durable de l’agriculture et de l’alimentation. Son père faisait du pain. Il était boulanger. "J'ai repris en 2008, mes beaux-parents avaient des vaches laitières et en trois ans, on a tout reconverti en agneaux. C’était il y a treize ans". Aujourd'hui, elle doit gérer 430 brebis, 80 hectares d'exploitation et huit hectares pour l'auto-consommation. 

Dans la discussion du petit matin, mardi 23 février 2021, elle en profite pour faire une petite piqûre de rappel sur une époque où manger de la viande reste toujours un sujet à polémique. "Je ne suis pas contre le principe de dire "on mange un peu moins de viande, mais mieux". Il faut manger mieux". 

Elle soigne ses animaux. Et comme tous les autres agriculteurs, depuis une dizaine d'années elle doit faire face au dérèglement climatique.
"Ce n'est pas évident tous les jours, on subit les aléas du temps. On subit aussi les cours de la viande".

Un engagement à plus de 100%

Aujourd'hui, Cyrielle est une cheffe d’exploitation.
Son mari, et le père de ses enfants, est cadre dans une entreprise à Nancy. "Il prend des congés pour m'aider quand il faut". 

Régulièrement, elle se bat pour son métier souvent harassant et pas très rémunérateur, "je gagne 1.100 euros par mois".

- L'agriculture c'est difficile car nous ne sommes pas reconnus à notre juste valeur. On a malheureusement besoin des aides européennes pour pouvoir vivre.

- Vous dites malheureusement ?

- Oui bien sûr, parce que ce n'est pas valorisant de devoir compter sur des subventions pour pouvoir tirer un revenu de notre travail.

Longtemps reléguées au second plan derrière leurs maris, les femmes donnent une image plus moderne du monde paysan.
"Bien sûr que ça m'énerve quand on me dit "mais vous êtes une femme". Comme si je n'avais pas le droit de faire ce métier. Mais il faut reconnaître que petit à petit les temps changent, évoluent".

C'est un métier qui a toujours été difficile, mais je ne me verrais pas faire autre chose.

Cyrielle, éleveuse de brebis

L'aboutissement d'un long travail de persévérance. Et il ne faut pas flancher face aux regards des gens.
"Je n'aime pas les gens qui disent "il faut que t'assume, tu as choisi ce métier-là"; il y en a beaucoup qui le disent, moi j'aime pas". Par exemple, c'est compliqué de prendre des vacances. "On peut pas fermer la porte le vendredi soir et revenir le lundi. Il ne faut pas qu'on fasse de conneries, on a toujours une pression. C'est un métier qui a toujours été difficile mais je ne me verrais pas faire autre chose". 

Elle partage sa vie entre ses brebis et ses quatre enfants. Le dernier a six mois.
"La journée commence à 6h30, puis ensuite j'enchaîne jusqu'aux histoires, le soir, que je raconte aux enfants avant de dormir". En fin d'après-midi, inquiète, Cyrielle attend des nouvelles de son fils Gustave, 7 ans. Son compagnon l'a accompagné à l'hôpital à Nancy, il est tombé de vélo, le bras cassé. Trois mois de plâtre.
Cyrielle, agricultrice. Et mère avant tout.

 

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