Sur le campus d'Artem à Nancy, au coeur de l'institut Jean Lamour, des chercheurs travaillent avec un tube ultravide de plus de 40 mètres, le plus grand du monde. Il permet de concevoir et d'assembler des matériaux dans l'infiniment petit, à l'échelle atomique. Découverte ce lundi 20 juillet.
Visité par Josiane Chevalier, préfet de la région Grand Est, ce lundi 20 juillet 2020, le tube Daum de l'institut Jean Lamour est un projet qui a nécessité près de douze millions d’euros. En état de fonctionnement depuis quatre ans, c'est un outil technologique des plus élaborés au monde : un tube qui maintient un vide presque absolu, ce que les chercheurs appellent l’ultra-vide, soit la même quantité de matière -quasi nulle- que l’on peut avoir dans l’espace à mi-chemin entre la terre et la lune.
"Cet outil permet de fabriquer des matériaux supraconducteurs et magnétiques qui n’existent pas dans la nature", explique Stéphane Mangin, initiateur du projet. Avec le vide, aucun élément ne peut venir faire parasite à la manipulation de nanoparticules, que les chercheurs peuvent empiler couche par couche, en choisissant leur position, "comme des lego !", ajoute-il.
Le tube est actuellement le plus grand du monde. Il devrait se faire rattraper par un autre projet chinois qui a pour objectif de construire sept fois 70 mètres de tube. Le projet nancéien reste néanmoins une première mondiale. Ils sont en tout quatre à travailler en étroite collaboration : deux aux Etats-Unis en plus du projet chinois et du projet français.
Le projet, comme le tube, est divisé en deux parties : 40 mètres sont consacrés à la recherche. Les 30 derniers mètres au transfert de technologies. "Le transfert de technologies c’est la capacité de proposer aux industriels ces moyens de fabrication de matériaux uniques", explique Thierry Belmonte, le directeur de l’institut Jean Lamour. Beaucoup d’entreprises, notamment dans les domaines de la télécommunication, de l’énergie solaire ou même de la santé, ne peuvent se payer ces moyens de recherche et se sont montrées très intéressées par le travail des chercheurs nancéiens.
Ce grand projet du tube ultra vide mise notamment sur la course à la miniaturisation mais aussi et surtout sur la demande pressante d’économie d’énergie dans le stockage par exemple. Des performances qui appellent expressément à la conception de nouveaux nanomatériaux.