Des étudiants entrepreneurs de Nancy, avec l'aide du Peel, ont lancé une application collaborative pour trouver toutes les informations historiques, touristiques, mais aussi anecdotiques renseignées par des contributeurs partout en France.
C'est peut-être une nouvelle pépite lorraine, une jeune pousse née à Nancy il y a quelques mois et déjà récompensée à l'occasion de l'appel à projet "Ma Ville, mon Projet". Henoo est une application gratuite pour avoir dans la poche tout le patrimoine de France. Elle est disponible depuis une semaine. Elle a été développée par six jeunes gens en plein confinement, alors qu'ils étaient encore étudiants avec l'aide du Peel (Pôle Entrepreneuriat Étudiant de Lorraine) et Grand Nancy Innovation. L'idée tient en une question : qui peut me renseigner ? Ils se trouvaient, il y a peu, devant la fontaine Amphitrite de la place Stanislas à Nancy. Elle dissimule des dragons. Ils ont voulu connaître l'histoire. Personne ne pouvait les renseigner, pas même internet. C'est à ce moment que naît l'idée d'une application qui pourrait répondre à toutes ces questions. Des questions devant une statue ou une façade comme devant un château ou une plaque de rue.
“Il y a 50 000 points sur toute la France qui viennent des open data du ministère de la Culture.”
L’application permet aux utilisateurs de partager des “Noo”, des points d’intérêts auxquels sont rattachés des faits, des anecdotes historiques, et même des légendes. Plus de 100 000 “Noo” sont déjà référencés.
“Il y a 50 000 points sur toute la France qui viennent des open data du ministère de la Culture.” Nous explique Pierre Thenot, cofondateur de la société. L'application est collaborative. Chacun peut y inscrire des informations liées à un monument, un village, un lieu ou encore une statue sur une façade. Il est demandé aux participants de sourcer leurs anecdotes. Ou d'indiquer s'ils n'ont pas de source. Dans ce cas, si d'autres personnes disposent d'informations avec des sources, elles pourront faire modifier le contenu. Le tout est modéré par la communauté, mais aussi par un algorithme capable de détecter et de signaler les anecdotes qui n’en seraient pas ou qui pourraient faire l’objet de relecture.
On s'inscrit totalement dans la dynamique de la relance économique et touristique de l'après pandémie
Leur objectif : devenir la première application pour le patrimoine et la culture. Ils étaient tous étudiants en informatique. Ils ont travaillé pendant la crise sanitaire, à ce projet, chacun chez soi. "Nous étions tous confinés dans un appartement étudiant. Ce qui nous a permis de travailler et de faire avancer le projet. Nous venons d'emménager dans de vrais locaux. On s'inscrit totalement dans la dynamique de la relance économique et touristique de l'après pandémie". L'ambition de l'équipe ne s'arrête pas au fait de permettre aux passionnés de partager leurs informations sur le patrimoine. Elle veut aussi participer à la relance de tout un secteur. Les communes, les offices de tourisme, les guides conférenciers peuvent investir l'application et y proposer leurs informations. Si pour l'usager l'application est gratuite, pour les professionnels, elle fera l'objet d'un abonnement payant. C'est le modèle économique choisi par la jeune pousse. Elle parie sur le développement du tourisme inter-régional et durable qui a été observé pendant la crise sanitaire de la covid-19.
Ils ont décroché le prix "Ma ville, mon projet" de la ville de Nancy, il y a quelques jours.
Comme d'autres entreprises avant elle, Henoo a bénéficié de l'accompagnement du Peel (Pôle Entrepreneuriat Étudiant de Lorraine). "On ne juge jamais les projets. Vous avez des idées et des valeurs. Vous vous battez pour elles. Nous, on vous accompagne. Le groupe avait déjà défendu un premier projet dans le numérique. Il est revenu avec cette idée. On a décidé de l'accompagner pour leur permettre de mieux comprendre le projet et de l'aider à construire un écosystème autour de l'idée", nous explique Christophe Schmitt, Vice-président de l'Université de Lorraine en charge de l'Entrepreneuriat et l'Incubation. "Comme ils sont dans le numérique, ils ont créé une communauté. Ils ont pu faire du développement et montrer ce qu'ils étaient capables de faire. C'est ainsi qu'ils ont obtenu les premiers financements. Le projet avance vite. Ils ont décroché le prix "Ma ville, mon projet" de la ville de Nancy, il y a quelques jours. Je ne connais pas d'entrepreneur qui réussit du premier coup. Le Peel a pour objectif de permettre aux étudiants de faire une première expérience dans l'entrepreneuriat dans un cadre bienveillant. L'avantage d'une entreprise du numérique est qu'on peut aller assez vite au début et venir avec un vrai démonstrateur. Après, il faut, bien entendu, des ressources, du développement comme dans n'importe quelle entreprise".
L'université de Lorraine est pour la sixième année consécutive l'université la plus entreprenante de France
Le Peel termine l'année avec 504 étudiants entrepreneurs en Lorraine, un record au niveau national. "L'université de Lorraine est pour la sixième année consécutive l'université la plus entreprenante de France. Il y a une vraie dynamique qui a été mise en place il y a 10 ans et qui continue à porter ses fruits. Les étudiants ont une vision du monde. Leur projet est leur façon de voir ce monde et de proposer des solutions et des améliorations. Nous, on les accompagne dans cette expérience". En dix ans, les jeunes pousses du Peel ont créé 180 emplois salariés. D'ailleurs, la toute jeune Henoo recrute. Elle cherche en particulier des développeurs et des alternants en marketing.