Deux fois par an, tous les étudiants de l’Ecole nationale supérieure d’art et de design de Nancy (ENSAD) participent à une semaine « spéciale ». Ils se réunissent autour d’un artiste et d’un thème pour un workshop intensif de quatre jours.

On jette d’abord un œil à travers la porte vitrée, par peur de déranger. Au premier étage du Crous d’Artem à Nancy, l’espace détente est transformé en salle de danse pour la semaine. Au sol, une vingtaine d’étudiants terminent leur exercice d’échauffement, guidés par Laurence Pagès, chorégraphe. Au mur, une partition projetée, avec des portées musicales. Mais à la place des notes, des traits en continus, en pointillés, vers le haut ou le bas. "Chaque étudiant utilise son souffle pour l’interpréter à sa façon" explique Patrick Beaucé, prof de design qui participe lui aussi au workshop.

En duo, ils mêlent gestes, déplacements, respirations lentes, lourdes, silencieuses ou bruyantes.  Pour la chorégraphe, il s’agit "de faire écho aux pratiques des étudiants. Ceux qui ont choisi le design doivent par exemple composer avec le milieu qui entoure leurs projets, donc je pense que le travail sur le souffle permet de s’interroger sur le rythme, la distance, et l’écriture en général".

Emmêler

L’un des principes de la semaine spéciale c’est de mêler les disciplines et les niveaux. Au sein d’un workshop peuvent donc se retrouver des étudiants de première année comme de troisième, qui ont choisi le design ou la communication. Ils laissent de côté leur quotidien, et mettent en commun leurs expériences et leurs pratiques. Plusieurs workshops favorisent la création en groupe, ou à deux.

Au troisième étage de béton de l’école, l’artiste et écrivaine Marcelline Delbecq propose à une douzaine d’étudiants "un bout du monde". Elle a demandé aux étudiants de former des binômes, puis de coucher sur le papier leur souvenir le plus lointain, dans le temps ou l’espace. Chacun s’est ensuite approprié le travail de l’autre pour en faire une œuvre. En troisième année option art, Lorraine, derrière son ordinateur, travaille sur la voix de Wei Wei : "j’ai enregistré son texte en mandarin, parce qu’elle le parle couramment et que je le comprends aussi. Je voudrais permettre une double expérience, pour que celui qui ne comprend pas la langue puisse quand même saisir le caractère onirique de son récit". L’étudiante cherche des sons pour mettre les mots en relief. L’intervenante réfléchit avec elle sur ce qu’il est pertinent de garder, ou de masquer.

Beauté cachée

Au milieu d’une salle noyée d’écrans, Lauriane, en 3è année option design, achève son travail : "je suis fascinée par la nuit en ville, et plus particulièrement par l’aube". Sa boucle se compose d’une photo prise en bas de chez elle, celle d’une épicerie de nuit, à laquelle elle a ajouté d’autres enseignes lumineuses qui clignotent. Nina-Lou Giachetti, graphiste spécialiste de l’image animée, est chargée pendant la semaine spéciale de familiariser les participants de son workshop à l’animation graphique : "je veux leur apporter un peu de technique, parce que certains n’ont jamais utilisé de logiciel d’animation. Au départ, c’est simplement faire bouger des choses, mais c’est surtout leur montrer comment ils peuvent oser bricoler avec leurs capacités en faire une pratique régulière qui leur permette d’enrichir leurs travaux".

Toutes les productions seront mises bout à bout, et regardées par l’ensemble des participants.

Semestre

"La semaine spéciale c’est un autre rythme, qui est très complémentaire avec ce qu’on leur demande toute l’année" explique Christophe Jacquet, coordinateur de l’option communication : "ils doivent produire pendant un temps très court, trouver une idée et la mettre en forme rapidement. D’ordinaire ils ont un semestre pour travailler une matière… là ils doivent trouver une autre énergie. Certains étudiants se découvrent véritablement pendant cette semaine".

Autour de lui, 23 étudiants codent le workshop "construire un site web comme construire une maison". Quel est l’intérêt d’un site web à l’heure des réseaux sociaux ? Clara Pasteau, l’artiste invitée tente une réponse : "j’essaye avec eux d’avoir une autre approche du site web, plus poétique… avec un travail d’analyse des sites et de leur architecture. On a fait des exercices d’écriture en amont, avec une réflexion sur l’espace infini que constituent potentiellement les sites web". La production du workshop est visible en ligne ici.

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