La détermination des anti-passe sanitaires ne faiblit pas. Les organisateurs ont déposé à la préfecture de Meurthe et Moselle une nouvelle déclaration de manifestation samedi 31 juillet. Echaudés par les débordements précédents, les commerçants demandent que le centre-ville de Nancy soit évité.
Les commerçants du centre-ville sont montés au créneau cette semaine suite aux débordements et dégradations commises lors de la manifestation des anti-passe sanitaire de samedi dernier. Quelques dégâts avaient été occasionnés sur une pharmacie et du mobilier urbain décoratif. Le maire de Nancy Mathieu Klein a interpelé le préfet de Meurthe et Moselle afin d’obtenir des moyens supplémentaires pour le maintien de l’ordre. Les commerçants par la voix de leurs organisations représentatives et relayés par le président de la CCI 54 déplorent le préjudice économique subi, les manifestations dissuadant les consommateurs de se rendre dans les rues commerçantes. Ils demandent que le parcours évite le centre-ville et que les manifestations aient lieu un autre jour de la semaine.
Invité au journal télévisé de la mi-journée sur France3, François Pélissier, le président de la chambre de commerce et d’industrie de Meurthe et Moselle a exprimé l’inquiétude des commerçants suite aux manifestations qui se succèdent au centre-ville de Nancy depuis 3 ans.
"Après toute la phase des gilets jaunes, toute la phase du confinement, les commerçants sont dans une situation économique très compliquée, de survie pour certains. Entre le droit de manifester et le droit d’aller et venir et de commercer, il faut trouver un juste milieu. On ne peut pas considérer que le samedi devienne la journée sacralisée pour empêcher les gens de venir de façon très apaisée en centre-ville"
le responsable des manifestations c’est Macron
- Jean-Paul Madier, gilet jaune de la Porte-Sud
De leur côté, les organisateurs estiment que les manifestations n’empêchent pas les commerçants de travailler et n’entravent en rien la liberté de consommer. Jean-Paul gilet jaune de la Porte sud estime que les commerçants se trompent de cible. Ce n’est pas de gaîté de cœur que les manifestants descendent dans la rue. Depuis 3 ans, ils font face à un gouvernement qui n’apporte aucune réponse aux problèmes des gens. « Le responsable des manifestations c’est Macron et ce gouvernement de sociopathes et de corrompus. L’obligation du passe sanitaire vise à détruire le petit commerce au profit des Gafa et instaurer un flicage permanent de la population, comme en Chine »
Kevin membre du Bloc lorrain renchérit : « Nous on marche pour les libertés. On manifeste aussi contre les mesures antisociales du gouvernement : La loi travail, les réformes de l’assurance chômage et des retraites, la diminution des prestations sociales qui plongent les gens dans la précarité »
On sent aussi le ras-le-bol de voir le mouvement caricaturé dans les médias: « deux imbéciles éméchés cassent une vitrine et aussitôt nous sommes qualifiés de violents »
Les heurts avec les forces de l’ordre ? « Pourquoi ne bloquent-elle pas le haut des rues qui mènent à la place Stanislas plutôt que le bas ? Nous l’avons demandé à la préfecture ! Il y aura forcément toujours des gens qui les emprunteront ces rues interdites »
engager une discussion avec les organisateurs
- François Pélissier, le président de la CCI 54
François Pélissier, le président de la CCI54 a rencontré le Préfet ce matin. L’entrevue a porté sur 4 axes : « un renfort police pour empêcher les débordements, une réponse judiciaire sévère pour les actes de vandalisme, travailler sur les parcours, faire en sorte que ce ne soit pas seulement le centre-ville historique et engager une discussion avec les organisateurs pour leur faire comprendre que tout le monde a besoin d’un centre-ville métropolitain apaisé le samedi."
Kevin du Bloc lorrain affirme que la préfecture a proposé un parcours évitant largement le centre-ville, Proposition qui n’a selon lui pas de sens : « nous manifestons en centre-ville pour être vus et entendus. Bientôt on nous enverra manifester dans la forêt de Haye ? »
Quant à la possibilité d'une discussion avec les commerçants et leurs représentants, les deux militants n’y sont pas opposés : « nous sommes des gens de dialogue. C’est d’ailleurs ce que nous revendiquons depuis 3 ans ! Une vraie société fondée sur le dialogue mais nous sommes face à un gouvernement borné. La violence et les gaz lacrymogènes ce n’est pas nous »
Alors ? Une issue pour sortir de cette situation bloquée ? Jean-Pierre Madier rappelle aux commerçants que les manifestants sont aussi des clients. Des clients appauvris selon lui par le système ultra-capitaliste. Les revendications des gilets jaunes sont toujours d’actualité : "l’apaisement passe par l’avènement d’une vraie démocratie et l’instauration du référendum d’initiative collective." Le gilet jaune de la première heure marque un silence puis lâche : « il ne peut pas y avoir de paix sans justice sociale »