Nancy : Les danseurs du Ballet de Lorraine en grève, « nous n’avons pas d’autre choix pour obtenir de meilleures conditions de travail »

Publié le Mis à jour le

Dans un communiqué publié vendredi 4 novembre 2022 par leur syndicat, les danseurs et danseuses du Centre Chorégraphique National de Nancy annoncent qu’ils se joindront au mouvement de grève national du jeudi 10 novembre. Ils évoquent une baisse constante des effectifs, et une précarisation de leur métier, au détriment de leur santé et de leurs conditions de travail.

Leur parole est rare, leurs grèves encore plus. Pourtant les 23 danseurs et danseuses se sont réunis en assemblée générale au sein du Ballet de Lorraine le mardi 1er novembre, jour férié. Dans la perspective du jeudi 10 novembre, jour de mobilisation nationale interprofessionnelle, une forte majorité d’entre eux s’est prononcé pour la grève. Ils doivent jouer ce soir-là dans le cadre du Lab/salon à l’Autre Canal.

Les artistes chorégraphiques nancéiens sont unanimes pour dénoncer "la dégradation de nos conditions de travail en général et depuis des années", et notamment une précarisation grandissante des emplois. Contrairement à l’immense majorité de la profession en France, les danseurs et danseuses de Nancy sont en contrat avec le Ballet, en CDI ou en CDD : Tristan Ihne, danseur et délégué syndical du Syndicat Français des Artistes Interprètes (SFAI, rattaché à la CGT Spectacle) a notamment écrit une longue tribune où il défend l’emploi permanent pour les danseurs.

Précarisation du métier

Dans la lettre envoyée à Jean Rottner mercredi 19 octobre 2022, pour protester contre ce qu’elle considérait comme une baisse de sa dotation budgétaire, la direction du Ballet de Lorraine écrivait que "le centre chorégraphique national a pour principal atout la présence d’un ensemble permanent de 26 danseurs et danseuses".

Ce chiffre est contesté par Tristan Ihne : "nos subventions stagnent depuis plus de 10 ans. Les danseurs et danseuses sont la variable d’ajustement. On était 30 avec le même budget. Depuis 2016, on est entre 20 et 24 alors que l’objectif de 26 est affiché".

Les danseurs et danseuses estiment également que le programme CIP (contrat d’insertion professionnel) qui propose un premier contrat à des danseurs pendant une saison, payé à 80% du salaire d’un titulaire, est dévoyé par le Ballet de Lorraine : "ils bossent comme nous. Sans eux on ne pourrait pas assurer les créations, on fait le même travail, on doit être traité pareil". Pour le représentant du personnel, "les CIP sont devenus indispensables au bon fonctionnement du ballet". Les danseurs salariés, 15 en CDI et 7 en CDD, réclament donc à leur direction "la titularisation des deux contrats CIP en cours, et l’embauche d’une treizième danseuse d’ici fin mars 2023, pour être 26, et à parité".

Le danseur est un travailleur

"Pour nous, l’équation est simple. Avec plus de danseurs, et au moins 26 comme cela a été acté par notre direction, nous aurons une meilleure qualité de travail, avec moins de risques de blessures, et davantage de temps pour nous former. Notre vie privée en sera aussi améliorée" estime le délégué syndical, "notre direction est informée de nos revendications, ainsi que notre tutelle (DRAC et ministère de la Culture), nous attendons de pouvoir commencer les négociations avec elle. Nous avons bien conscience de ce que ça signifie de ne pas jouer, mais nous voulons obtenir une amélioration de nos conditions de travail".

Contactée, la direction du Ballet de Lorraine n’a pas souhaité faire de déclaration. Elle a indiqué qu'elle répondrait par écrit aux artistes.

D’après nos informations, les danseurs du Ballet de l’Opéra National du Rhin de Mulhouse réfléchissent également à se mettre en grève le 10 novembre, sur des revendications similaires.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité