Nancy : les incertitudes économiques, la situation sanitaire et la rigueur budgétaire enterrent le nouveau tram ferré

Pas de nouveau tram mais une mobilité repensée, c'est ce que promet la métropole du Grand Nancy. Au placard le nouveau tram qui pourrait néanmoins ressusciter dans quelques années. En attendant, davantage de bus et un ambitieux plan “vélo-piéton-parking” pour compenser.

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Il est 14h30 lorsque le Réseau Stan, sur son compte Twitter, signale un incident sur le tram. Un de plus. Cette fois, c'est un problème technique. Au même moment, les conseillers de la Métropole du Grand Nancy débutent leur réunion, crise sanitaire oblige... sur Zoom. Un peu plus qu'une simple réunion, il s'agit du très sérieux débat d'orientation budgétaire. Un débat où il est question de recettes, de dépenses, d'investissements, de dettes, d'équilibre... Les élus regardent ce qu'ils peuvent investir et, autant être clair d'entrée : c'est pas la joie. Du coup, un des sujets majeurs du jour, à savoir le projet du nouveau tram, ou plus précisément d'une ligne de tram, est enterré ou presque.

Ce n'est pas une surprise. L'info a déjà fuité de tous les côtés depuis plusieurs jours et même quelques semaines comme pour mieux amortir le choc : le projet de tram, qui était si évident il y a quelques mois, ne se fera pas. Le contexte n'est pas favorable : il y a la crise sanitaire et ses incertitudes, la métropole est endettée, le projet coûte cher, trop cher... Là aussi, la liste est longue comme celle des pannes de l'actuel tram. Et dès son introduction à ce débat d'orientation, Mathieu Klein, le maire de Nancy et président de la métropole du Grand Nancy, cadre les enjeux en évoquant "un pilotage financier serré... Il n'y aura pas d'augmentation d'impôts”. Ciao tout le monde. Tout est dit. Une métropole comme Nancy et ses 250.000 habitants n'a pas, n'a plus les moyens d'investir entre 400 et 500 millions d'euros dans un tel moyen de transport.

Sept mois de débat pour envisager la suite

Pour Patrick Hatzig, vice-Président aux Mobilités à la Métropole du Grand Nancy, il est impossible de “financer le projet de tramway sans impacter de manière significative les autres investissements nécessaires à la Métropole en matière de mobilité et plus généralement l’ensemble des autres politiques publiques qu’elle doit mener au service de la qualité de vie, de l’attractivité économique, des solidarités et de la transition écologique”. Trop plombant le tram. Trop carnivore. Pas très vegan finalement.

Pas de tram mais “un nouveau projet de transport en commun pour offrir une alternative réaliste”

Patrick Hatzig, vice-Président aux Mobilités à la Métropole du Grand Nancy

A la place, il y a aura “un nouveau projet de transport en commun pour offrir une alternative réaliste” explique l'élu qui passe par un nouveau réseau de bus en site propre (20 kilomètres) et davantage de voies de bus. Parmi les autres pistes : “un plan vélo complet avec un objectif de 200 kilomètres de pistes cyclables sécurisées mais aussi une augmentation de l’offre de vélos en libre-service, une offre d’électromobilité et des infrastructures de stationnement et un plan piétons visant à renforcer la marchabilité du territoire avec notamment le développement de la piétonisation et des zones apaisées”. Une refonte de la politique de stationnement sur l’espace public et en ouvrages, autour de nouveaux parkings de proximité et parkings-relais (P+R) complèteront le dispositif évalué à 250 millions d'euros.

Dans les prochains mois, la métropole va engager des études dont la validation est programmée en septembre 2021. “A cette date, la Métropole précisera les modalités de mise en œuvre de ce plan métropolitain des mobilités pour tenir compte de la date d’arrêt du TVR sur pneu” précise Patrick Hatzig, “à ce jour, la circulation du TVR est garantie jusqu’au 31 décembre 2022 conformément à l’autorisation d’exploitation d’origine et à un rapport de l’Etat datant de 2010. Une expertise technique est en cours pour déterminer dans quelles conditions le TVR pourrait circuler au-delà de cette date”.

Christophe Choserot, le maire de Maxéville qui avait ficelé et défendu le dossier du tram ferré tout du long du précédent mandat, a déclaré qu'"il y aura un tramway ferré, avec un axe structurant. Mais nous avons un temps de respiration qui va nous permettre de revoir l'ensemble des mobilités." Mais aujourd'hui, "On est aujourd'hui dans l'impossibilité de mettre en œuvre un projet aussi lourd".

Dans le cadre du Grenelle des mobilités en Lorraine, une discussion et une réflexion vont être engagées avec la Région Grand Est pour la création d’un tram ferré connecté au réseau TER et à un pôle multimodal à Roberval. Une réalisation est envisagée mais pas avant... 2028. Ce qui fait dire à Vincent Matheron, le maire de Jarville-la-Malgrange, que le projet n'est pas abandonné. Mais qui peut encore y croire ?

L'abandon du tram, c'est un abandon d'ambition pour nos habitants

Laurent Hénart, ancien maire de Nancy

L'enjeu, c'était de mobiliser des co-financements. Le projet était prêt” a expliqué Laurent Hénart, l'ancien maire de Nancy et aujourd'hui dans l'opposition, “l'abandon du tram, c'est un abandon d'ambition pour nos habitants, nos soignants, nos étudiants... Le tram ferré, nous le voulions pour demain. La capacité de bus à haut niveau de services ne permettra pas un service de qualité. J'ai l'impression qu'on passe à côté d'une date historique”.

"Il est impossible d'échouer sur ce dossier" a rappelé Laurence Wieser, élue à Laxou, conseillère déléguée aux mobilités actives, en expliquant que "le viaduc Kennedy ne peut recevoir un tramway sur rail avant des travaux en 2027". "J'ai un goût de l'utopie" a ajouté Laurent Watrin, pour le groupe Solidarités citoyennes pour l’écologie. Rendez-vous en septembre pour découvrir ce projet alternatif (utopiques ?) que les usagers attendent désespérément. C'est parti pour sept mois de réflexion.

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