Une trentaine de membres de la police judiciaire s'est rassemblée ce lundi 6 février 2023 à Nancy en signe de contestation contre la réforme de la police judiciaire, après la publication la semaine dernière de deux rapports, dont l'un venu du Sénat étrillant le projet voulu par Gérald Darmanin.
La colère ne faiblit pas dans les rangs de la police judiciaire de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Ce lundi 6 février, sur les coups de midi, une trentaine de policiers se sont rassemblés devant l'hôtel de police, boulevard Lobau.
"Non à la DDPN" pouvait-on lire comme slogan. Car un projet de réforme prévoit de placer tous les services de police d'un département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières et PJ - sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.
Un renforcement du poids du préfet dans les enquêtes et un "nivellement vers le bas" de leur filière, qui intègrera les services d'investigation de la sécurité publique plombés par un stock énorme d'affaires en souffrance, voilà ce que craignent les policiers. La réforme, qui doit être mise en oeuvre tout au long de l'année 2023, suscite une fronde inédite au sein de la police judiciaire.
Comme à Nancy, des rassemblements ont également eu lieu à Marseille, Lille, Bordeaux, Versailles, Angers ou Nanterre. Des rassemblements "spontanés" venus "de la base" à la suite des "déclarations du ministre (Gérald Darmanin) après la publication des rapports", a dit à l'AFP Yann Bauzin, président de l'Association nationale de la PJ (ANPJ), créée en août contre la réforme.La semaine dernière, deux rapports ont été publiés, dont un piloté par le sénateur LR Philippe Dominati, qui a jugé le projet inadapté et a demandé au ministre de le modifier.
L'autre, mené par les inspections générales de l'administration (IGA), de la police (IGPN) et de la justice (IGJ) n'a pas remis en cause le bien-fondé du projet mais formulé 19 recommandations, dont des garanties sur les moyens à accorder à la lutte contre la criminalité organisée. Mardi 7 février, le rapport de la mission d'information de l'Assemblée nationale consacrée à la réforme doit être publié à son tour. Yann Bauzin a dénoncé la réaction de Gérald Darmanin, qui a déjà annoncé la désignation de "préfigurateurs" de la réforme. "Le rapport des inspections est très circonspect et pas du tout triomphal. Le rapport Dominati sabre le projet en ce qui concerne la PJ. Et le ministre semble passer outre", a-t-il déploré. "Il est incompréhensible que le ministre prennent le risque d'imposer cette réforme. Les collègues ne l'acceptent pas", a-t-il ajouté.
Des rassemblements d'enquêteurs avaient déjà eu lieu un peu partout en France à l'automne 2022. (Avec AFP)