Une association de commerçants de proximité trouve un terrain d’entente avec les organisateurs des manifestations anti-pass à Nancy. Pour Fabrice Gwizdak président de l’U2P54 à l'initiative de la démarche, il s'agit d'une première étape pour concilier droit de manifester et droit de travailler
Il suffisait de traverser la rue… Fabrice Gwizdak est sorti de sa boulangerie du centre-ville pour rencontrer les organisateurs des manifestations anti-passe sanitaire du samedi à Nancy.
Le dialogue entre le président de l’U2P54 qui compte 180 adhérents et Kevin Grillo le président du Bloc lorrain a permis de sortir d’une situation bloquée où le premier reproche au second d’entraver la liberté des commerçants de travailler.
Nous sommes des indépendants, cela devient compliqué de travailler dans une ville paralysée tous les samedis. On a fait le premier pas. Nous avons passé un palier, enfin on dialogue !
Un dialogue qui a porté ses premiers fruits. Le président du Bloc lorrain est satisfait d'avoir enfin trouvé une oreille attentive du côté des commerçants. Un échange qu'il souhaitait depuis longtemps.
La rencontre a permis de trouver des revendications communes et de déboucher sur un premier accord. les manifestations auront lieu un samedi et un dimanche sur deux. Certaines pourraient être aussi statiques et festives.
Un effet anxiogène
Kévin Grillo estime que les difficultés d'accès aux commerces de Nancy sont surtout dues au verrouillage disproportionné du centre-ville par les forces de l'ordre. Fabrice Gwizdak précise que l’association qu’il représente n’a rien contre les manifestations qui sont un droit. Il pointe aussi le cadenassage systématique du centre-ville par les forces de l’ordre alors que les manifestations se déroulent dans le calme.
Un avis partagé par Sébastien Duchowicz, le président des « vitrines de Nancy »
Ce dispositif policier excessif bloque l’accès aux magasins et la circulation des transports en commun pendant deux heures. Il a aussi un effet anxiogène sur la clientèle et la repousse vers les grandes enseignes de la périphérie
Les deux associations de commerçants et le Bloc lorrain se sont découvert un point commun: la défense des commerces indépendants de proximité et la lutte contre la désertification des centres-villes.
Dans la même panade
De tendance anarchiste, le Bloc lorrain dénonce la responsabilité des zones commerciales et la prolifération des grandes enseignes qui assèchent les commerces de proximité. Un avis que partage Fabrice Gwizdak : " il y a des commerçants étranglés qui manifestent avec les Gilets jaunes."
Les deux représentants des commerçants ont appris avec surprise que le président du Bloc lorrain réclame depuis des semaines à la préfecture la mise en place d’un véritable dialogue avec toutes les parties prenantes afin de trouver une solution satisfaisante pour tout le monde.
"Après le deuxième samedi de manifestation nous avons demandé au préfet d’organiser un échange. Nous en avons été dissuadés au prétexte que les manifestants ne seraient pas ouverts à la discussion" regrette Sébastien Duchowicz. Fabrice Gwizdak renchérit : " j’ai compris que nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes. Qu’il fallait établir le dialogue car nous sommes dans la même panade"
Pas de commentaire
Aujourd’hui, mairie, associations de commerçants et organisateurs des manifestations interpellent la préfecture, soupçonnée de ne pas prendre ses responsabilités dans la recherche d’une solution consensuelle alors que les manifestations sont programmées pour durer jusqu’aux élections présidentielles.
De son côté la chambre de commerce et d'industrie de Meurthe et Moselle par la voix de son président demande toujours de la fermeté face aux manifestants. Contactée, la préfecture n'a pas souhaité répondre à nos questions.
Une première en France
Si Sébastien Duchowicz salue l’initiative de Fabrice Gwizdak, il estime qu’il s’agit là d’une première étape et qu’il faut aller plus loin. En effet, la fin d’année est cruciale pour les commerçants. 50 à 60% de leurs chiffres d’affaires est réalisé pendant la période des fêtes. De son côté, Fabrice Gwizdak espère aller plus loin et se réjouit de cette amorce de dialogue avec le Bloc lorrain, une première dans une ville de France de l'importance de Nancy.