La municipalité de Nancy s’est engagée à installer cent bancs publics chaque année dans toute la ville. Une politique présentée mardi 24 août, destinée à favoriser la mobilité des seniors et à lutter contre leur isolement, après les différents épisodes de confinement.
On les a d’abord coupés en deux pour ne pas s’y allonger, avant d’en faire du petit bois. Accusé de tous les torts, le banc public a peu à peu disparu de nos centre-villes. Plus de rendez-vous au coin de la rue pour les amoureux, ni de poste d’observation pour les commères du quartier.
Un manque qui, pour certains, se transforme en handicap. En effet, depuis le premier confinement, de nombreux seniors ont enchaîné les périodes de sédentarité forcées. Pour les encourager à sortir et à reprendre une activité physique en toute sécurité, la ville de Nancy a décidé de réhabiliter le banc public en inaugurant ce mardi 24 août 2021 le plan banc. Le but : installer 100 bancs chaque année, partout dans la ville, pour une somme de 20.000 €, jusqu’à atteindre 2.000 bancs d’ici la fin du mandat. Pour le moment, 1.500 bancs ont été installés afin de constituer huit parcours, notamment dans le quartier Foch, le quartier Haussonville, ou encore la rue Saint-Dizier.
?♂️?♀️Pour agir face à la diminution de l’activité physique et pour lutter contre l’isolement, la ville de Nancy inaugure aujourd’hui des espaces adaptés pour les personnes fragiles.
— Ville de Nancy (@VilledeNancy) August 24, 2021
Plus de 2000 bancs seront à disposition des habitants et des promeneurs à la fin du mandat. pic.twitter.com/cKWpuFswQm
Un retour à la mobilité douce
Sur les rives du canal de la Meurthe, les résidents de la maison de retraite voisine peuvent déjà profiter de ces installations. Un banc et plusieurs sièges rehaussés de quelques centimètres, avec accoudoirs, ont été installés au bord du canal près de la stèle d'hommage à Jean-Pierre Humblot.
Une satisfaction pour Guy Vançon, président de l’Office National des Personnes âgées : "On est dans une période difficile. Beaucoup de personnes âgées n’ont pas pu sortir pendant longtemps et présentent aujourd’hui des séquelles importantes avec un vieillissement accéléré."
Prolonger l’autonomie des ainés
En effet, selon l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS), les seniors restent assis en moyenne 12 à 13 h par jour.
Une sédentarité qui s’est largement renforcée avec les différents confinements. Le niveau d’activité physique chez les plus de 65 ans a ainsi baissé de 40 % en quelques mois. Cette baisse d’activité physique n’est pas sans conséquences sur la santé des seniors, qui peuvent régresser très vite et perdre en souplesse et en équilibre. La marche peut alors devenir difficile.
«Il faut que les Nancéiens les moins mobiles puissent trouver, près de chez eux, des bancs pour se reposer sur le chemin. C’est une façon de les encourager à sortir, à rester autonome, pour qu’ils retrouvent le chemin de la ville", affirme Mathieu Klein, maire (PS) de Nancy.
Favoriser le lien social
Placés dans des lieux stratégiques, près des commerces et des services publics, ces bancs devraient donc permettre aux personnes âgées de rester davantage autonomes, mais aussi de rompre leur isolement. Car le banc, c’est aussi un lien de rencontres et d’échanges. Pour favoriser le lien social, la mairie a donc installé des bancs circulaires dans le centre-ville.
Une initiative qui semble faire l’unanimité chez les passants de toutes générations.
"C’est génial, il était temps ! Avant c’était catastrophique, il n’y avait plus de bancs, ça avait totalement déshumanisé la ville. Les gens ne s’arrêteraient pas, ne se parlaient plus", s’exclame Samia, la quarantaine. Une vieille dame aux cheveux gris, qui tire son chariot à roulettes renchérit : "Ça me fait quelques stations de repos entres mes courses. Ça me plaît."
De potentielles nuisances
Si les bancs rassemblent, les groupes qui s’y installent ne sont, eux, pas toujours les bienvenus. Et c’est bien ce qui inquiète la dizaine de plaisanciers qui habitent à l’année sur les péniches. Car si le canal de la Meurthe est un lieu paisible la journée, la nuit est plus agitée : musique, squats, tags, trafic de drogue.
Michel Rabot, membre de l’association La passerelle, craint que les bancs n’encouragent ces groupes bruyants à s’installer ici : "Installer des bancs ce n’est pas une mauvaise chose, mais ça dépend où on les met. C’est plus gênant quand c’est juste devant nos péniches, là où on habite et où on dort. C’est la nuit que ça pourrait poser problème."
Si le maire affirme que ces incivilités seront sanctionnées, il ne compte pas pour autant revenir sur l’installation de ces bancs. "Ce n’est pas parce que certains abusent ou détournent le matériel urbain, qu’il faudrait priver la majorité de la population du plaisir de se promener et priver nos ainés de l’accès à la ville, qui est un droit essentiel", affirme Mathieu Klein.